Le Liban demeure l’un des pays les plus malheureux au monde / France24 part à la rencontre des réfugiés du Sud Liban / Le chef du Hezbollah écarte le risque d’une guerre à grande échelle ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­
 
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VEILLE PHAROS /
LIBAN – 22 mars 2024

 
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Pour la deuxième année consécutive, le Liban décroche le titre de deuxième pays le plus triste du monde juste derrière l’Afghanistan.

Sur le front sud, les combats ont entraîné le déplacement de près de 90 000 habitants des villages frontaliers vers les cazas (districts) adjacents. Ces déplacés de l’intérieur entament le mois sacré du Ramadan avec l’espoir d’un retour rapide au calme.

Orient XXI revient sur le destin tragique des réfugiés palestiniens du camp de Aïn el-Héloué, plus grand camp de réfugiés palestiniens du Liban habité par de nombreux descendants de rescapés de la Nakba de 1948. Autrefois symbole de la présence palestinienne au Liban, ce camp est aujourd’hui le théâtre d’affrontements sanglants entre les factions palestiniennes et les factions islamistes qui pour certaines ont combattu en Syrie et contestent aujourd’hui le leadership historique du Fatah au sein du camp.


For the second year running, Lebanon has been named the second saddest country in the world, just behind Afghanistan.

On the southern front, the fighting has displaced almost 90,000 people from border villages to adjacent cazas. These internally displaced persons are entering the holy month of Ramadan in the hope of a rapid return to calm.

Orient XXI looks back at the tragic fate of the Palestinian refugees in the Aïn el-Héloué camp, the largest Palestinian refugee camp in Lebanon, inhabited by many descendants of survivors of the 1948 Nakba. Once a symbol of the Palestinian presence in Lebanon, the camp is now the scene of bloody clashes between Palestinian factions and Islamist factions, some of whom fought in Syria and are now challenging Fatah's historic leadership of the camp.

 
 

Info phare - Source médiatique

 
 

Le Liban demeure l’un des pays les plus malheureux au monde

Pour la deuxième année consécutive, le Liban est considéré comme le deuxième pays le plus malheureux du monde, juste après l’Afghanistan qui subit une catastrophe humanitaire depuis le retour des Talibans au pouvoir.

Ce triste record est tiré du rapport “World Happiness”, parrainé par l’ONU, qui est une mesure du bonheur basée sur l’évaluation que les gens font du bonheur, ainsi que sur des données économiques et sociales. Ce rapport prend en considération six facteurs : le soutien social, le revenu, la santé, la liberté, la générosité et l’absence de corruption.

Ce résultat démontre l’impact sur la population libanaise de la crise économique et sociale qui frappe le pays depuis 2019 ainsi que la lassitude de la population libanaise face à l’échec des tentatives de réforme de l’Etat libanais miné par une corruption systémique et le risque d’une guerre à grande échelle entre le Hezbollah et l’armée israélienne.

Lebanon remains one of the most unfortunate countries in the world

For the second year running, Lebanon is considered the second unhappiest country in the world, just after Afghanistan, which has been suffering a humanitarian catastrophe since the return of the Taliban to power.

This sad record is taken from the UN-sponsored World Happiness report, which is a measure of happiness based on people's assessment of happiness, as well as economic and social data. The report takes into account six key factors: social support, income, health, freedom, generosity and absence of corruption.

This result demonstrates the impact on the Lebanese population of the economic and social crisis that has hit the country since 2019, as well as the weariness of the Lebanese population in the face of failed attempts to reform the Lebanese state, undermined by systemic corruption and the risk of a full-scale war between Hezbollah and the Israeli army.

 
 

Source médiatique

 
 

France24 part à la rencontre des réfugiés du Sud Liban

La chaîne francophone France24 part à la rencontre de familles de réfugiés du sud Liban qui ont fui leurs villages pilonnés de manière journalière par l’armée israélienne. Rassemblées dans un hôtel abandonné, ces familles attendent le retour au calme pour pouvoir regagner leur domicile.

Comme ces familles, plus de 90 000 personnes ont été forcées de fuir le sud du pays depuis le début des affrontements entre le Hezbollah et l’armée israélienne, selon les chiffres de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) publiés le 29 février.

La majorité de ces déplacés proviennent du caza de Bint Jbeil (47 359 personnes) et de celui de Marjeyoun (30 154 personnes). La majorité de ces déplacés ont trouvé refuge dans les cazas voisins dont celui de Tyr et de Nabatiyé.

Si la plupart des déplacés (79%) ont trouvé refuge chez des familles d'accueil, 15% ont loué des habitations et 2% restent éparpillés dans 18 abris collectifs. Les chiffres de l’observatoire indiquent que 19% de ces déplacés vivent dans des conditions de surpopulation.

France24 meets refugees from southern Lebanon

The French-language channel France24 meets refugee families from southern Lebanon who have fled their villages, which are shelled daily by the Israeli army. Gathered in an abandoned hotel, these families are waiting for calm to return to their homes.

Like these families, more than 90,000 people have been forced to flee the south of the country since the clashes between Hezbollah and the Israeli army began, according to figures published on 29 February by the International Organisation for Migration.

The majority of these displaced persons come from the caza of Bint Jbeil (47,359 people) and Marjeyoun (30,154 people). The majority of these displaced persons have taken refuge in neighbouring cazas, including Tyre and Nabatiye.

While most of the displaced (79%) have found refuge with host families, 15% have rented accommodation and 2% are still scattered across 18 collective shelters. Finally, the observatory's figures show that 19% of these displaced persons are living in overcrowded conditions.

 
 

Le chef du Hezbollah écarte le risque d’une guerre à grande échelle

Dans un discours prononcé le 13 mars, le secrétaire général du Hezbollah a affirmé qu'Israël était trop affaibli pour déclencher une guerre sur son front nord tout en maintenant ses troupes à Gaza et en Cisjordanie. 

Le leader du parti chiite a estimé que la société israélienne montrait des signes de fatigue et que l’armée israélienne manquait d’effectifs pour lancer une guerre terrestre contre le Liban.

Alors que le Hezbollah et l’armée israélienne échangent des tirs depuis le 8 octobre, le secrétaire général du parti chiite a accusé l’armée israélienne de pratiquer une censure quant à ses pertes réelles sur le front nord. 

Enfin, le chef du Hezbollah a indiqué que son action armée dans le sud avait dissuadé l’armée israélienne de lancer une attaque d’envergure contre le pays du cèdre.

Ses propos interviennent alors que l’armée israélienne a élargi le spectre géographique de ses frappes aériennes sans toutefois engager de forces au sol malgré la multiplication des menaces de responsables israéliens. 

Le Hezbollah a indiqué que le front libanais ne se calmerait pas avant la proclamation d’un cessez-le-feu à Gaza. 

Hezbollah leader rules out risk of full-scale war


In a speech delivered on 13 March 2024, the Secretary General of Hezbollah stated that Israel was too weakened to launch a war on its northern front while maintaining its troops in Gaza and the West Bank. The leader of the Shiite party felt that Israeli society was showing signs of fatigue and that the Israeli army lacked the manpower to launch a ground war against Lebanon.

Furthermore, while Hezbollah and the Israeli army have been exchanging fire since 8 October, the secretary general of the Lebanese Shiite party accused the Israeli army of practising media censorship regarding its real losses on the northern front. 

Finally, the Hezbollah leader indicated that through its armed action in the south, the party had finally dissuaded the Israeli army from launching a large-scale attack against the country of the Cedars.

His comments come at a time when the Israeli army has widened the geographical scope of its air strikes without committing forces on the ground, despite the growing number of threats from Israeli officials to that effect in the event of persistent Hezbollah attacks against its troops. For its part, Hezbollah has indicated that the Lebanese front will not calm down until a ceasefire is declared in Gaza. 

 
 

Les réfugiés palestiniens de Ain el-Héloué passent d’une guerre à une autre

Considéré comme la capitale des Palestiniens en exil, le camp de Aïn el-Héloué est le plus grand camp de réfugiés au Liban avec une population estimée à plus de 80 000 habitants.

Le camp a longtemps été considéré comme le symbole de la présence palestinienne et de ses factions armées au Liban, mais de nombreux Libanais et étrangers sont venus gonfler la population de cette zone surpeuplée. Parmi ces nouveaux arrivants, certains groupes islamistes - dont certains auraient été actifs en Syrie - tentent de contester le leadership historique du Fatah dans le camp.

Ces luttes entre factions palestiniennes et groupes islamistes entraînent le camp dans des cycles de violences répétés, dont le plus récent a eu lieu entre le 30 juillet 2023 et le 3 août et entre le 8 et 15 septembre 2023. Ces combats ont entraîné des destructions sans précédent dans l’histoire du camp et obligé près de la moitié de sa population à fuir vers les localités voisines ou les camps palestiniens de la capitale.

Depuis la fin de ces combats, la plupart des déplacés ont pu retourner au camp, mais beaucoup peine à reconstruire leur logement partiellement ou totalement détruit en raison des restrictions imposées par l’armée libanaise sur les entrées et sorties de matériels et de personnes au sein du camp. 

Par ailleurs, malgré la mobilisation des ONG et de l’UNRWA, l’amenuisement des moyens financiers de ces acteurs couplé à la crise économique libanaise rend de plus en difficile le maintien du soutien économique à ces populations fragilisées.

The Palestinian refugees of Ain el-Héloué, from one war to another

Considered the capital of Palestinians in exile, the Ain el-Heloue camp is the largest refugee camp in Lebanon, with an estimated population of over 80,000.

However, while the camp has long been regarded as the symbol of the Palestinian presence and its armed factions in Lebanon, many Lebanese and foreigners have come to swell the population of this overcrowded area. Among these new arrivals, certain Islamist groups, some of which are said to have been active in Syria, are trying to challenge Fatah's historic leadership in the camp.

These struggles between Palestinian factions and Islamist groups are now leading the camp into a cycle of repeated violence interspersed with fragile periods of calm, the most recent of which took place between 30 July 2023 and 3 August and between 8 and 15 September 2023. This latest fighting caused destruction unprecedented in the camp's history and forced almost half of its population to flee to neighbouring localities or even to the Palestinian camps in the capital.

Although most of the displaced people have been able to return to the camp since the fighting ended, many are struggling to rebuild their homes, which were partially or totally destroyed, due to the restrictions imposed by the Lebanese army on the entry and exit of equipment and people within the camp. In addition, despite the mobilisation of NGOs and UNRWA, the dwindling financial resources of these players, coupled with the Lebanese economic crisis, are making it increasingly difficult to maintain economic support for these vulnerable populations.

 
 

La campagne publicitaire controversée visant les réfugiés syriens au Liban

Lancée par l’ONG “La Maison mondiale du Liban” et diverses institutions officielles, cette campagne médiatique vise à appeler la population libanaise à “réparer les dommages causés par les déplacés syriens”.

Selon la fondatrice de l’ONG, cette campagne vise aussi à exiger l’application des lois et l’enregistrement de toutes les personnes syriennes présentes sur le sol libanais dont le dernier décompte est estimé à 1,5 millions.

Ces spots publicitaires dont un des slogans est “La population du Liban est divisée en deux : une première moitié composée de réfugiés syriens, une deuxième constituée de Libanais voulant émigrer”. 

Cette campagne rejoint la tentative de promulgation en 2020 d’une loi empêchant toute personne apatride née après 2011 (date de début de la crise syrienne) au Liban de demander la citoyenneté libanaise. Elle insiste sur le péril démographique qui découlerait d’une installation pérenne de ces populations sur le sol libanais.

Cette campagne vient s’ajouter aux nombreux appels, parfois officiels, insistant sur la nécessité de rapatrier les réfugiés syriens en Syrie et fait suite à de nombreuses tentatives de l’Etat libanais visant au “retour volontaire” des réfugiés syriens en Syrie.

Certains observateurs se questionnent sur les répercussions néfastes de cette nouvelle campagne publicitaire sur les populations syriennes présentes au Liban et les risques d’augmentation des actes xénophobes, alors que les organisations internationales et les ONG continuent d’affirmer que le retour des Syriens n’est pas possible en raison des risques de sévices infligés par l’armée syrienne à leur retour.

Controversial advertising campaign targeting Syrian refugees in Lebanon

Launched by the NGO "La Maison mondiale du Liban" and various official institutions, this media campaign aims, according to its organisers, to call on the Lebanese population to "repair the damage caused by displaced Syrians".

According to the NGO's founder, the campaign also aims to demand the application of the law and the registration of all Syrians present on Lebanese soil, whose latest count is estimated at 1.5 million.

The adverts, one of whose slogans is "The population of Lebanon is divided in two: the first half is made up of Syrian refugees, the second half is made up of Lebanese who want to emigrate", also tie in with the attempt to pass a law in 2020 preventing any stateless person born in Lebanon after 2011 (the start of the Syrian crisis) from applying for Lebanese citizenship, and stress the demographic danger that would result from these people settling permanently on Lebanese soil.

This campaign comes on top of the many appeals, some of them official, insisting on the need to repatriate Syrian refugees to Syria, and follows numerous attempts led by the Lebanese state to "voluntarily return" Syrian refugees to Syria.

Some observers are questioning the harmful repercussions of this new publicity campaign on the Syrian population in Lebanon and the risk of an increase in xenophobic acts, while international organisations and NGOs continue to assert that the return of Syrians is not possible due to the risk of abuse inflicted by the Syrian army on their return.

 
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This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in the Near and Middle East. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Proche et au Moyen-Orient. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.