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Réunis pour la douzième fois le 14 juin dernier, les parlementaires libanais ont une nouvelle fois échoué à élire un nouveau président de la République. La détente annoncée entre l’Arabie saoudite et l’Iran ne semble pas pour l’heure porter ses fruits sur la scène libanaise. Le scrutin a mis en exergue l’importante fragmentation de la scène politique sunnite. Les voix des 27 députés se sont réparties entre le candidat allié du Hezbollah, le candidat appuyé par les principaux partis chrétiens du pays et les votes nuls ou sans incidence. Le Hezbollah fait étalage de sa force militaire dans une parade inédite porteuse de messages politiques destinés à ses alliés et adversaires nationaux, ainsi qu’aux puissances régionales et internationales.
Meeting for the twelfth time on 14 June, Lebanese parliamentarians once again failed to elect a new President of the Republic. The announced détente between Saudi Arabia and Iran does not yet seem to be bearing fruit on the Lebanese scene. The election did, however, highlight the fragmentation of the Sunni political scene. The votes of the 27 MPs were divided between the candidate allied with Hezbollah, the candidate supported by the country's main Christian parties and the null or inconsequential votes. Hezbollah is displaying its military strength in an unprecedented parade that sends political messages to its national allies and adversaries, as well as to regional and international powers.
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Info phare - Source société civile
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Élection présidentielle : nouvel échec du Parlement libanais
Réunis pour la douzième fois, les parlementaires libanais n’ont pas réussi à élire un nouveau président de la République. Les deux candidats en lice, Sleiman Frangié soutenu par le Hezbollah et ses alliés et Jihad Azour, principalement soutenu par le courant patriotique libre et les partis de l’opposition, n’ont pas pu obtenir les 86 voix nécessaires à l’élection du président au premier tour. Après ce premier tour, les députés du Hezbollah et de ses alliés ont quitté l’hémicycle pour empêcher la tenue d’un second tour pour lequel les candidats n'auraient eu besoin que de 65 voix pour être élu. Pour justifier sa position, le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah a affirmé que le prochain président ne pouvait être choisi que par consensus. Ainsi, la détente irano-saoudienne ne semble pas pour l’heure porter ses fruits au Liban. En effet, l'Arabie Saoudite et l'Iran comptent d'importants relais sur la scène politique libanaise. Leur rapprochement aurait d'après certains experts dû faciliter l'élection d'un président. La France et les États-Unis avaient appelé les responsables libanais à saisir l’occasion pour sortir le pays de sa vacance présidentielle.
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Presidential election: another failure for the Lebanese Parliament
Meeting for the twelfth time, Lebanese parliamentarians failed to elect a new President of the Republic. The two candidates in the running, Sleiman Frangié supported by Hezbollah and its allies and Jihad Azour mainly supported by the Free Patriotic Current and the opposition parties, were unable to obtain the 86 votes required to elect the President in the first round. Following this first round, MPs from Hezbollah and its allies left the Chamber to prevent the holding of a second round for which the candidates would have needed only 65 votes to be elected. To justify his position, Hezbollah MP Hassan Fadlallah stated that the next president could only be chosen by consensus. For the time being, therefore, the Iranian-Saudi détente does not seem to be bearing fruit in Lebanon, which continues to sink into an institutional crisis.Indeed, Saudi Arabia and Iran have important influence on the Lebanese political scene. According to some experts, their rapprochement should have facilitated the election of a president. For their part, France and the United States had called on Lebanese leaders to seize the opportunity to bring the country out of its presidential vacancy, an appeal which however remained unanswered by the Lebanese deputies.
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À la rencontre des déplacés syriens
Arte part à la rencontre des déplacés syriens qui vivent désormais dans la peur des arrestations de la part des forces de sécurité libanaises et des renvois forcés vers la Syrie. Depuis deux mois, les arrestations de déplacés syriens en situation irrégulière se sont multipliées. Les autorités libanaises jugent que les deux millions de déplacés syriens présents sur le territoire libanais sont l’une des causes de la crise que traverse le pays et estiment qu'il n’est plus en mesure d'accueillir une population qui représente plus du tiers de sa population nationale. De son côté, le directeur exécutif du Centre libanais des droits de l’Homme considère que les déplacés syriens ne sont que les boucs émissaires de la crise économique dont la situation est utilisée par les responsables politiques libanais pour masquer le pillage des fonds publics.
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Meeting displaced Syrians
Arte goes to meet displaced Syrians who now live in fear of arrest by the Lebanese security forces and forced return to Syria. For the past two months, arrests of Syrian displaced persons in an irregular situation have been on the increase. The Lebanese authorities consider that the two million displaced Syrians present on Lebanese territory are one of the major causes of the crisis the country is going through, and believe that the country can no longer accommodate a population representing more than a third of its national population. For his part, the Executive Director of the Lebanese Centre for Human Rights considers that the Syrian displaced persons are nothing more than scapegoats for the economic crisis, whose situation is being used by Lebanese politicians to conceal the plundering of public funds that they have been organising for several decades.
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Le Hezbollah présente une partie de son arsenal militaire
Seule faction libanaise ayant été autorisée à conserver ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, le Hezbollah a, depuis cette date, considérablement augmenté son arsenal et sa puissance militaire jusqu’à être aujourd’hui considéré comme l’acteur non étatique le plus armé du monde selon un rapport du Centre d’études stratégiques et internationales. Dans le cadre d’un exercice militaire public inédit dans le village de Aaramta, le Hezbollah a exposé une partie de son arsenal comprenant une large gamme de missiles guidés antichars, de systèmes portatifs de défense aérienne ainsi que des drones. Le Hezbollah disposerait d’un stock de 130 000 roquettes et missiles, de 20 000 combattants actifs et 20 000 réservistes. Cet exercice militaire était porteur de messages politiques, d’une part à ses partenaires et adversaires nationaux sur le refus du parti concernant un potentiel désarmement et d’autre part aux acteurs régionaux et internationaux sur le refus du parti de troquer sa puissance militaire contre des promesses économiques au Liban.
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Hezbollah presents part of its military arsenal
The only Lebanese faction to have been allowed to keep its weapons after the end of the Lebanese civil war in 1990, Hezbollah has since considerably increased its arsenal and military power to the point where it is now considered to be the most heavily armed non-state actor in the world, according to a report by the Centre for Strategic and International Studies. As part of an unprecedented public military exercise in the village of Aaramta, Hezbollah displayed part of its arsenal, including a wide range of anti-tank guided missiles, portable air defence systems and drones, the strategic nature of which was demonstrated by the recent war in Ukraine. Specialists estimate that Hezbollah now has a stock of 130,000 rockets and missiles and 20,000 active fighters and 20,000 reservists. In addition to its military character, this parade carried political messages, on the one hand to its national partners and adversaries regarding the party's categorical refusal of potential disarmament, and on the other hand to regional and international players regarding the party's refusal to trade its military power for economic promises that would be made to Lebanon in the context of the current economic crisis.
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L’absence de cohésion politique de la communauté sunnite se prolonge
En manque d’un leadership depuis le retrait de Saad Hariri et de sa formation de la politique libanaise en 2022, les députés sunnites ont une nouvelle fois démontré l’éclatement de la cohésion politique sunnite durant la douzième session parlementaire dévolue à l’élection d’un nouveau président de la République qui s’est soldée par un échec. Cette nouvelle séance a démontré le fort ancrage du Hezbollah au sein d’une confession qui lui reste pourtant fortement hostile. L’organisation des élections législatives permet au Hezbollah de faire élire des députés proches de sa ligne politique. Pour son candidat Sleiman Frangié, le Hezbollah a réussi à recueillir 11 des 27 voix des députés sunnites de l’hémicycle. Les 16 autres députés sunnites ont voté pour le candidat de l’opposition, Jihad Azour (6 voix), l’ancien ministre Ziyad Baroud (3 voix), le chef de l’armée (1 voix) et 6 voix ont été annulées car se bornant à porter le slogan « Le nouveau Liban ». Selon les observateurs, les 10 députés sunnites dont les votes ne sont allés à aucun des candidats des deux blocs étaient dans l’attente d’une directive saoudienne qui n’a jamais été donnée. En effet, le royaume du Golfe maintient sa distance avec le dossier libanais malgré la détente annoncée de ses relations avec l’Iran, parrain du Hezbollah. Cette neutralité forcée des députés sunnites devant un bras de fer entre les partis chrétiens et le Hezbollah chiite marque la marginalisation de la communauté sunnite. Celle-ci peine à unir ses voix pour jouer le rôle clé qu’elle a pu jouer après l’assassinat de Rafiq Hariri en 2005.
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The Sunni community's lack of political cohesion continues
Still lacking leadership since the withdrawal of Saad Hariri and his party from Lebanese politics in 2022, Sunni MPs once again demonstrated the breakdown of Sunni political cohesion during the twelfth parliamentary session devoted to the election of a new President of the Republic, which ended in yet another failure. This new session demonstrated Hezbollah's strong foothold within a denomination that remains strongly hostile to it, but which, thanks to the special organisation of the legislative elections, enables Hezbollah to elect deputies close to its political line. For its candidate Sleiman Frangié, Hezbollah succeeded in obtaining 11 of the 27 votes of the Sunni deputies in the Chamber. The 16 other Sunni deputies voted for the opposition candidate, Jihad Azour (6 votes), for former minister Ziyad Baroud (3 votes), for the head of the army (1 vote) and finally 6 votes were cancelled because they merely carried the slogan "The New Lebanon". According to observers, the 10 Sunni MPs whose votes did not go to any of the candidates from the two blocs were waiting for a Saudi directive which was never given, the Gulf kingdom maintaining its distance from the Lebanese issue despite the announced easing of its relations with Iran, Hezbollah's sponsor. This forced neutrality on the part of Sunni MPs in the face of a tug-of-war between the Christian parties on the one hand and the Shiite Hezbollah on the other marks the current marginalisation of the Sunni community, which is struggling to unite its voices to play the key role it was able to play after the assassination of Rafiq Hariri in 2005.
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Le patriarche Raï qualifie l’élection présidentielle au Parlement de « farce »
Dans le cadre de son homélie dominicale, le patriarche maronite Raï a vivement critiqué le comportement des parlementaires réunis le 14 juin dernier dans le cadre de la douzième session de l’élection d’un nouveau président de la République. Le prélat maronite a qualifié cette séance de violation de sang-froid de la Constitution en référence à la décision des députés du Hezbollah et de ses alliés de se retirer de l’hémicycle après le premier vote pour empêcher la réunion du quorum nécessaire à un second tour pour lequel seules 65 voix auraient été nécessaires à l’un des candidats pour assurer son élection. Le patriarche maronite a exhorté les dirigeants politiques du pays à se tenir devant Dieu dans un esprit d’humilité et de pardon, en admettant leurs erreurs afin d’apporter au pays les solutions nécessaires.
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Patriarch Raï describes the final session of the presidential election in Parliament as a farce
As part of his Sunday homily, Maronite Patriarch Raï strongly criticised the behaviour of parliamentarians gathered on 14 June for the twelfth session of the election of a new President of the Republic. The Maronite prelate described the session as a cold-blooded violation of the Constitution, in reference to the decision by Hezbollah MPs and their allies to withdraw from the Chamber after the first vote in order to prevent the quorum required for a second round, for which only 65 votes would have been needed for one of the candidates to be elected.
The Maronite patriarch urged the country's political leaders to stand before God in a spirit of humility and forgiveness, admitting their mistakes in order to provide the country with the necessary solutions.
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This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in the Near and Middle East. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print. Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Proche et au Moyen-Orient. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.
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