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Il y a 78 ans, le Liban accédait à l’indépendance après deux décennies de mandat français. Ce conglomérat de confessions, qui s’était promis de former une seule nation après une période de partage communautaire des pouvoirs, peine encore à se débarrasser de ses réflexes confessionnels. La coexistence rêvée entre 18 communautés religieuses s’est transformée en une guerre permanente. Tandis que la vacance présidentielle se poursuit au pays du Cèdre, l’Orient-le jour revient cette semaine sur la procédure pour l’élection du président de la République. Une procédure qui, sous couvert de parlementarisme et de recherche du consensus, contient les outils de son propre blocage. Le torchon brûle entre les alliés du Hezbollah, dont le choix semble se diriger vers le chef du parti Marada, Sleiman Frangié, ce qui agace son allié Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre, lui aussi candidat à la succession de son beau-père, Michel Aoun. Enfin, Ouest France emmène cette semaine ses lecteurs à la rencontre du camp de réfugiés palestiniens de Eyn el Helwe, où chômage de masse et insécurité frappent la vie des 100 000 réfugiés.
Seventy-eight years ago, on 22 November 1943, Lebanon gained its independence after two decades of French mandate. This conglomerate of faiths, which had promised to form a nation after a period of communal power sharing, is still struggling to rid itself of its confessional reflexes. What was supposed to be a paradise of coexistence between 18 religious communities has turned into a permanent armed and/or political war between its components. Thus, while the presidential vacancy continues in the country of the Cedar, L'Orient-le jour comes back this week on the particular procedure allowing the election of the President of the Lebanese Republic. A procedure that, under the guise of parliamentarianism and the search for consensus, contains the tools of its own blockage. In terms of internal politics, the tension increases between the allies of Hezbollah, whose choice seems to go to the leader of the party Marada, Sleiman Frangié, which does not fail to annoy his ally Gebran Bassil, leader of the Free Patriotic Movement, also a candidate for the succession of his father-in-law, Michel Aoun. Finally, Ouest France takes its readers this week to the Palestinian refugee camp of Eyn el Helwe, where mass unemployment and insecurity sum up the life of the 100,000 refugees living in this open-air prison.
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Info phare - Source médiatique
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Les règles du jeu pour l’élection du président
Alors que le Liban est confronté pour la 4e fois consécutive dans son histoire à une vacance du pouvoir présidentiel, le journal francophone L’Orient-Le jour revient sur la procédure permettant l’élection du président de la République. En application du pacte national en date de 1943, le Président doit être de confession chrétienne maronite. Bien que non écrit, ce pacte est suivi à la lettre car garant de l’équilibre communautaire au sein du pays. Le président libanais devra obtenir ⅔ des voix (86 voix sur 128) du Parlement pour être élu au premier tour ou la majorité absolue (65 voix sur 128) en cas de deuxième tour. À ces règles s’ajoute celle du quorum nécessaire. Le scrutin ne peut se tenir qu’en présence des ⅔ des membres du Parlement. Des formations politiques libanaises, qui peuvent ainsi, sans même constituer une majorité relative au sein du Parlement, bloquer l’élection d’un nouveau président en boycottant l’élection. Ainsi, les présidents de la République libanaise ont, dans leur écrasante majorité, toujours été le fruit d’un consensus politique local, régional et international préalable à leur élection.
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The election of a President of the Republic in Lebanon
While Lebanon is facing for the 4th consecutive time in its history a vacancy of presidential power, the French-speaking newspaper L'Orient-Le jour reviews the procedure for the election of the President of the Republic. First of all, and in application of the national pact of 1943, the President must be chosen from the Maronite Christian confession. Although not written, this pact is followed to the letter as it guarantees the community balance within the country. Unlike France, which elects its president by direct universal suffrage, the Lebanese president must obtain ⅔ of the votes (86 votes out of 128) of the Parliament to be elected in the first round or an absolute majority (65 votes out of 128) in case of a second round. However, in addition to these classic rules, there is also a quorum requirement. Thus, the vote can only be held in the presence of ⅔ of the members of the Parliament. This last rule constitutes a political weapon for the Lebanese political formations, which can thus, without even constituting a relative majority in the Parliament, block the election of a new president by boycotting the election. Thus, the overwhelming majority of presidents of the Lebanese Republic have always been the result of a local, regional and international political consensus prior to their election.
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Le camp d’Eyn el Helwe est une prison sans barreaux
Ce camp de réfugiés palestiniens a été créé en 1948 et abrite 100 000 réfugiés. Le camp est présent sur le territoire libanais, mais une autorisation spéciale des factions armées le contrôlant est nécessaire pour toute entrée, l’armée libanaise se limitant à une présence sur les 4 checkpoints à l’entrée du camp. Les Palestiniens peuvent librement en sortir, mais la plupart restent vivre au sein de cette prison à ciel ouvert, faute de pouvoir accéder à la propriété privée au Liban et de pouvoir exercer des emplois qualifiés. La moitié de la population du camp a moins de 25 ans. Elle doit vivre dans un quartier à l’urbanisme anarchique et aux installations sommaires. La vie du camp est émaillée par des affrontements entre milices rivales et l’implantation, selon certaines sources sécuritaires, d’un groupe djihadiste originaire de Syrie. Certaines associations tentent d’aider cette jeunesse par des formations professionnalisantes.
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The Palestinian camp of Eyn el Helwe, a prison without walls and without bars
This Palestinian refugee camp was created in 1948 and shelters 100,000 refugees, constituting the largest Palestinian refugee camp in the country of Cedars. If the camp is present on the Lebanese territory, a special authorisation from the armed factions controlling the latter is necessary for any entry, the Lebanese army being limited to a formal presence on the 4 checkpoints present at the entrance of the camp. Although Palestinians can freely leave the camp, most of them remain in this open-air prison because of the lack of access to private property in Lebanon and the lack of qualified jobs. Half of the camp's population is under 25 years old and has to live in a neighbourhood with anarchic urban planning and minimal basic facilities. In addition to these difficult material conditions, there is endemic insecurity, as life in the camp is punctuated by clashes between rival militias and the presence, according to some security sources, of a jihadist group from Syria. Faced with these deplorable living conditions, some associations are trying to provide this neglected youth with help, particularly through professional training.
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Le torchon brûle entre les alliés du Hezbollah
Le Hezbollah n’a pas encore fait connaître sa position concernant l’élection présidentielle. Certaines sources semblent indiquer que la préférence du Parti du Dieu se dirigerait vers son allié maronite du parti Marada, Sleiman Frangié. Ces rumeurs créent des tensions entre les alliés du Hezbollah. Le député Gebran Bassil, autre pressenti pour le poste, a affirmé que l’élection du Président de la République ne se ferait pas sans sa formation, ajoutant que le Courant patriotique libre ne soutenait en aucun cas l’élection de Sleiman Frangié. Le député a indiqué qu’il ne souhaitait pas contribuer à l’avènement d’une nouvelle troïka prenant la forme d’un trio Berry-Mikati-Frangié, dans une référence directe au trio Berry-Hariri-Hraoui qui avait, sous la houlette du régime syrien, gouverné le pays à la sortie de la guerre civile. En réponse, le député Tony Frangié, fils de Sleiman Frangié et unique député du parti Marada au sein du Parlement, a affirmé que son parti ne soutenait pas l’élection de Gebran Bassil, indiquant que le pays avait déjà essayé le pouvoir du Courant patriotique libre et que cette tentative avait mené le pays en Enfer. Le parti chiite Amal, du Président du Parlement Nabih Berry, autre allié du Hezbollah, a répondu à Gebran Bassil en indiquant que la période des années 90 avait été largement plus bénéfique pour le pays que le mandat du Président Aoun. Ces tensions viennent compliquer un peu plus l’horizon politique libanais.
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Tensions between Hezbollah's allies
While Hezbollah is slow to announce its position on the election of the future president of the Republic, some sources seem to indicate that the Party of God's preference would go to its Maronite ally from the Marada party, Sleiman Frangié. These rumours have not been slow to create tensions between Hezbollah's allies. The MP Gebran Bassil, another personality approached for the presidential post, said that the election of the President of the Republic would not be done without his party, before adding that the Free Patriotic Current did not support in any way the election of Sleiman Frangié. The MP also said that he did not want to contribute to the advent of a new troika in the form of a Berry-Mikati-Frangie trio, in a direct reference to the Berry-Hariri-Hraoui trio that had, under the leadership of the Syrian regime, governed the country after the civil war. In response, MP Tony Frangié, son of Sleiman Frangié and the only MP from the Marada party in the Parliament, said that his party did not support the election of Gebran Bassil, indicating that the country had already tried the power of the Free Patriotic Current and that this attempt had led the country to Hell. Finally, the Shiite party Amal, of Parliament Speaker Nabih Berry, another Hezbollah ally, responded to Gebran Bassil by saying that the period of the 1990s had been far more beneficial for the country than the term of President Aoun. These events further complicate the Lebanese political horizon which seems to be heading towards a long period of presidential vacancy.
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Le dignitaire chiite en appelle à la responsabilité
Sayyed Ali Fadlallah a, dans le cadre du sermon du vendredi, appelé l’ensemble des forces politiques du pays présentes au sein du Parlement, à prendre leurs responsabilités concernant l’élection du président de la République et à apporter au peuple libanais les solutions à la crise que traverse le pays. Le dignitaire chiite a par ailleurs mis en garde contre la persistance de l’état de vide étatique et le maintien des discours belliqueux qui pourraient porter atteinte à la sécurité du pays.
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Diaspora: the haemorrhage continues
Sayyed Ali Fadlallah, in his Friday sermon, called on all political forces in the country present in the Parliament, to take their responsibilities regarding the election of the President of the Republic and to provide the Lebanese people with solutions to the crisis the country is going through. The Shiite dignitary also warned against the persistence of the state vacuum and the continuation of bellicose speeches that could undermine the security of the country.
دعا السيد علي فضل الله ، في سياق خطبة الجمعة ، جميع القوى السياسية في البلاد الحاضرة في مجلس النواب إلى «القيام بمسؤولياتهم تجاه مواطنيهم الذين يمثلونهم في الإسراع بإنجاز الاستحقاق ارئاسي والخروج من حال المراوحة التي بتنا نشهدها والعمل بكل جد للوصول إلى توافق على رئيس جامع للبنانيين قادر على إخراجهم من معاناتهم والبلد من المأزق الذي وصل إليه». كما حذرالسيد علي فضل الله من الاستمرار في «دوامة الفراغ «ومن «استحضار الخطاب التصعيدي والذي يراد منه شد العصب واستمالة الجمهور نظراً إلى التداعيات الخطيرة التي قد تترتب عليه».
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Le patriarche Raï presse le Parlement
Dans son homélie dominicale, le patriarche maronite Raï a mis en garde contre la banalisation du choix du président de la République, insistant sur la nécessité d’élire un président garant du rétablissement de l'indépendance du pays. Dans une critique directe au Parlement libanais, le patriarche maronite a accusé ce dernier de perdre du temps, semaine après semaine, alors que le pays nécessite d’être sauvé de sa situation actuelle.
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Patriarch Rai for a president who guarantees the country's independence
In his Sunday homily, Maronite Patriarch Rai warned against trivialising the choice of the President of the Republic, insisting on the need to elect a President of the Republic who would guarantee the restoration of the country's independence. In a direct criticism of the Lebanese Parliament, the Maronite Patriarch accused it of wasting time, week after week, while the country needs to be saved from its current situation.
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This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in the Near and Middle East. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print. Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Proche et au Moyen-Orient. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.
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