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Les élections législatives libanaises approchent à grands pas, mais malgré l'imminence de l’échéance et ses enjeux, la mobilisation populaire reste faible. Il en va de même des listes électorales dont le nombre peine à augmenter malgré la fermeture prochaine des dépôts. La population libanaise poursuit quant à elle sa descente aux enfers avec une explosion des troubles anxieux, psychologiques et des addictions. Face à cette situation, les libanais ne peuvent compter que sur les fonds transférés par la diaspora et de l’aide, bien que maigre, apportée par des structures locales. Cependant malgré cet état critique, les libanais ne souhaitent pas que leur histoire soit falsifiée. C’est en ce sens que le politologue franco-libanais, Ziad Majed, revient sur le terme de “libanisation” visant à faire du Liban un contre-exemple mais se fondant sur une lecture erronée et partielle de l’histoire libanaise.
The Lebanese legislative elections are approaching fast, but despite the imminence of the deadline and its stakes, popular mobilisation remains low. The same is true of the electoral lists whose number is struggling to increase despite the upcoming closure of the depots. The Lebanese population continues its descent into hell with an explosion of anxiety, psychological disorders and addictions. Faced with this situation, the Lebanese can only rely on funds transferred by the diaspora on the one hand and on the other hand on the aid, albeit meagre, provided by local structures. However, despite this critical state, the Lebanese do not want their history to be falsified and it is in this sense that the Franco-Lebanese political scientist, Ziad Majed, comes back to the term "Lebaneseisation" aiming to make Lebanon a counter-example but based on a false and partial reading of Lebanese history.
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Info phare - Source médiatique
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La “libanisation” ou le mythe du contre-modèle libanais
Terme souvent utilisé par l'extrême droite française, la “libanisation” renvoie à l’islamisation d’un pays et aux heurts découlant de ce phénomène. Ce terme, préféré à celui d'islamisation, opère, selon le politologue Ziad Majed, une lecture sélective et erronée de l’histoire libanaise. La “libanisation” renvoie tout d’abord à la submersion démographique opérée par une arrivée massive de populations de confession musulmane, qui aurait bouleversé l’équilibre démographique et politique du Liban, à majorité chrétienne. Or, dès 1932 et 11 ans avant l’indépendance, l’unique recensement confessionnel réalisé au Liban indique la présence de 48% de musulmans dans le pays du cèdre. Par ailleurs, malgré l’arrivée de réfugiés palestiniens à partir de 1948 et de réfugiés syriens durant les 10 dernières années, ces derniers n’ont jamais accédé à la citoyenneté libanaise et conservent encore aujourd’hui le statut de réfugiés dénués de droits politiques. Le terme renvoie ensuite à une diminution drastique de la population chrétienne libanaise, or cette diminution réelle ne trouve pas sa source dans des expulsions forcées mais dans des transitions démographiques opérées à des époques différentes par les différentes confessions libanaises. Ainsi, si la communauté chiite, longtemps défavorisée, a connu une explosion démographique dans les années 70, les courbes démographiques des différentes communautés confessionnelles se sont stabilisées depuis les années 90. Enfin, le dernier facteur invoqué à cette diminution serait la forte émigration subie par la communauté chrétienne, or si l’émigration a longtemps été l’apanage des communautés chrétiennes, elle touche depuis les années 90 et dans les mêmes proportions l’ensemble des communautés libanaise souhaitant échapper à la situation économique du pays. Le terme renvoie enfin à une lecture sélective des événements de la guerre civile libanaise, qui n’est regardée que sous le seul prisme confessionnel. Or, la guerre civile libanaise résulta en premier lieu de la présence des fedayin palestiniens au Liban à partir de la fin des années 60 et de la place qu’entendait prendre le Liban au sein du Moyen-Orient, dans un contexte régional oscillant entre panarabisme et pro-occidentalisme. Quant à l’équilibre confessionnel, le discours de l'extrême droite française faisant de la guerre civile libanaise une guerre de dépossession des droits politiques chrétiens au profit de la population musulmane, fait fi du discours porté par les partis de la gauche libanaise. Ce discours visait à l’avènement d’une citoyenneté libanaise débarrassée du partage confessionnel du pouvoir, que défendait les partis maronites, et non à l’avènement d’un émirat islamique. Enfin, la présentation de l’histoire libanaise comme une opposition entre deux blocs homogènes, l’un musulman et l’autre chrétien, fait mine d’ignorer d’une part,les oppositions parfois sanglantes au sein de ces communautés et d’autre part, une histoire plus complexe qu’une guerre continue entre confessions, qui se cotoient depuis plusieurs siècles.
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The "Lebanisation" or the myth of the Lebanese counter-model
A term often used by the French far right, "Lebanisation" refers to the Islamisation of a country and the clashes resulting from this phenomenon. According to political scientist Ziad Majed, this term, which is preferred to Islamisation, gives a selective and erroneous reading of Lebanese history. "Lebaneseization" refers first of all to the demographic submersion brought about by a massive arrival of Muslim populations, which would have upset the demographic and political balance of Lebanon, which has a Christian majority. However, as early as 1932 and 11 years before independence, the only denominational census carried out in Lebanon indicated the presence of 48% Muslims in the Land of the Cedars. Moreover, despite the arrival of Palestinian refugees from 1948 onwards and Syrian refugees during the last 10 years, the latter have never been granted Lebanese citizenship and still have the status of refugees with no political rights. The term then refers to a drastic decrease of the Lebanese Christian population, but this real decrease is not due to forced expulsions but to demographic transitions carried out at different times by the different Lebanese confessions. Thus, while the Shiite community, which had been disadvantaged for a long time, experienced a demographic explosion in the 1970s, the demographic curves of the different confessional communities have stabilised since the 1990s. Finally, the last factor invoked for this decrease would be the strong emigration suffered by the Christian community, but if emigration was for a long time the prerogative of the Christian communities, it has affected since the 1990s and in the same proportions all Lebanese communities wishing to escape the economic situation of the country. Finally, the term refers to a selective reading of the events of the Lebanese civil war, which is viewed only from a confessional perspective. However, the Lebanese civil war was primarily the result of the presence of the Palestinian fedayeen in Lebanon from the end of the 1960s onwards and of the place that Lebanon intended to take in the Middle East, in a regional context oscillating between pan-Arabism and pro-Westernism. As for the confessional balance, the discourse of the French extreme right making the Lebanese civil war a war of dispossession of Christian political rights for the benefit of the Muslim population, ignores the discourse carried by the Lebanese left-wing parties. This discourse aimed at the advent of a Lebanese citizenship free of confessional power sharing, which the Maronite parties defended, and not at the advent of an Islamic emirate. Finally, the presentation of Lebanese history as an opposition between two homogeneous blocs, one Muslim and the other Christian, pretends to ignore, on the one hand, the sometimes bloody oppositions within these communities and, on the other hand, a history that is more complex than a continuous war between denominations that have been living side by side for several centuries.
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Tour d’horizon des règles complexes de la loi électorale libanaise
L’élection législative du 15 mai prochain se déroulera selon le même mode de scrutin, fondé sur la proportionnelle, adopté pour les élections de 2018 et suivant le même découpage des circonscriptions électorales. La compétition électorale se déroulera entre des listes fermées, sans possibilité d’échange, d’importation, ni de soustraction de noms de candidats. Les bulletins de vote seront distribués par le ministère de l’Intérieur. Sur ce bulletin, l’électeur devra choisir entre les différentes listes en présence avant de conférer ou non, un vote préférentiel au profit d’un des noms présents sur la liste choisie. Ensuite, le décompte des voix se fera par la détermination en premier lieu du coefficient électoral obtenu en divisant le nombre total des suffrages exprimés dans la circonscription par le nombre de sièges qu’elle comprend. Toute liste obtenant moins de votes que le coefficient calculé sera éliminée. Un second coefficient sera alors calculé sans prise en compte des votes liés à la liste précédemment éliminée. Pour connaître le nombre de sièges gagnés par chacune des listes, il faudra diviser le nombre de suffrages obtenus par ces listes, par le second coefficient. Enfin pour connaître les candidats vainqueurs, un classement des candidats par nombres de voix préférentielles obtenues sera effectué et conjugué avec les précédents calculs et le nombre de sièges par confession.
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Overview of the complex rules of the Lebanese electoral law
The legislative election on 15 May will be held according to the same proportional voting system adopted for the 2018 elections and the same division of electoral districts. The electoral competition will take place between closed lists, with no possibility of exchanging, importing or subtracting candidates' names. The ballot papers will be distributed by the Ministry of the Interior. On this ballot paper, the voter will have to choose between the different lists present before conferring or not, a preferential vote in favour of one of the names present on the chosen list. Then, the counting of the votes will be done by determining first the electoral coefficient obtained by dividing the total number of votes cast in the constituency by the number of seats it comprises. Any list obtaining less votes than the calculated coefficient will be eliminated. A second coefficient will then be calculated without taking into account the votes of the previously eliminated list. To find out the number of seats won by each list, the number of votes obtained by these lists must be divided by the second coefficient. Finally, to find out the winning candidates, a ranking of the candidates by the number of preferential votes obtained will be carried out and combined with the previous calculations and the number of seats per confession.
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La responsabilité de l’État hébreu dans les exactions commises dans la prison de Khiam confirmée
Suite à une pétition de militants en faveur des droits humains auprès de la Cour suprême israélienne, l’agence des renseignements intérieurs du Shin Beth a déclassifié cette semaine des documents d'archives prouvant des cas de torture et de chatiments cruels et inhumains au sein de la prison de Khiam. Ces documents révèlent surtout le degré d’implication de l’armée et des services de renseignement israéliens dans ces exactions. Ex-prison dirigée par l’armée supplétive du sud-Liban durant l’occupation israélienne, la prison de Khiam a été le lieu de détention de milliers de libanais et palestiniens retenus prisonniers souvent sans procès. Elle a été entièrement détruite lors de la guerre de 2006 par un bombardement israelien.
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The responsibility of the Hebrew State for the abuses committed in Khiam prison confirmed
Following a petition by human rights activists to the Israeli Supreme Court, the Shin Beth domestic intelligence agency this week declassified archival documents proving cases of torture and cruel and inhuman punishment in Khiam prison. The documents reveal the degree of involvement of the Israeli army and intelligence services in these abuses. Formerly a prison run by the supplementary army in southern Lebanon during the Israeli occupation, Khiam prison was the place where thousands of Lebanese and Palestinians were detained, often without trial. It was completely destroyed during the 2006 war by an Israeli bombing.
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La difficile constitution des listes électorales
Les quelque 1050 candidats aux élections législatives n’ont plus qu’une dizaine de jours pour déposer leurs listes respectives. Cependant malgré l’imminence de la date butoire et les espoirs fondés sur ces élections, le nombre des listes présentées reste faible. Les principales difficultés se retrouvent dans le camp réformateur issu de la révolte de 2019 et au sein de la communauté sunnite. Pour les premiers, la difficulté tient à la formation de listes unifiées et prenant en considération la diversité des programmes et des personnalités en présence. La communauté sunnite quant à elle, peine à dégager une position unifiée concernant le comportement électoral à adopter suite au boycott des élections législatives par le Courant du futur.
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The difficult constitution of electoral lists
The 1050 or so candidates for the legislative elections have only ten days left to submit their respective lists. However, despite the imminence of the deadline and the hopes placed on these elections, the number of lists submitted remains low. The main difficulties are found in the reformist camp resulting from the 2019 revolt and within the Sunni community. For the former, the difficulty lies in the formation of unified lists that take into consideration the diversity of programmes and personalities present. As for the Sunni community, it is difficult to reach a unified position on the electoral behaviour to adopt following the boycott of the legislative elections by the Future Movement.
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Les libanais face à la dégradation de leur condition psychologique
Confrontés à une augmentation des prix, à une explosion du chômage et à une situation politique et sociale instable, les libanais sont de plus en plus nombreux à sombrer dans la dépression, les troubles anxieux et du sommeil ou encore les addictions. Ces maux n’épargnent aucune tranche d'âge et touchent de plus en plus les catégories les plus jeunes. Par ailleurs, le pays du cèdre constate une augmentation dramatique des tentatives de suicide. Or, les moyens nécessaires au soutien des libanais manquent. En témoigne la pénurie des médicaments ou encore celle des psychiatres, qui ne sont plus que 48 sur les 100 que comptait le pays avant le début de la crise. Seules les ONG tentent, avec de maigres moyens, d’apporter un soutien aux libanais en souffrance. C’est notamment le cas de l’ONG Embrace, qui milite pour la déstigmatisation des maladies mentales et la prévention des suicides et qui constate aujourd’hui le triplement des appels de détresse sur ses 3 lignes d’urgence.
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Lebanese facing the deterioration of their psychological condition
Faced with rising prices, exploding unemployment and an unstable political and social situation, more and more Lebanese are falling into depression, anxiety and sleep disorders or addictions. These ailments affect all age groups and are increasingly affecting the youngest categories. Moreover, the country of the cedar has seen a dramatic increase in suicide attempts. However, the means necessary to support the Lebanese are lacking. This is illustrated by the shortage of medicines and the shortage of psychiatrists, of whom there are only 48 out of the 100 in the country before the start of the crisis. Only NGOs are trying, with meagre means, to provide support to the suffering Lebanese. This is notably the case of the NGO Embrace, which campaigns for the destigmatisation of mental illness and the prevention of suicides, and which has seen a threefold increase in the number of distress calls to its three emergency lines.
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Le Patriarche Raï blâme une nouvelle fois la classe dirigeante libanaise
Dans le cadre de son homélie dominicale, Mgr Raï a interpellé les dirigeants politiques libanais en demandant à ces derniers de prendre les décisions nécessaires à la sortie de crise. Blâmant les dirigeants politiques et les rendant responsables de la situation actuelle du pays, Mgr Raï a appelé à l'avènement d’une justice indépendante, à un retour de l’ordre aux frontières et à la bonne conduite de l'enquête sur l'explosion du port de Beyrouth. Enfin, critiquant la volonté des dirigeants politiques d’assujettir le peuple libanais, Mgr Raï a mis en garde contre toute tentative d’atteinte à la liberté d’expression qui mènerait, selon le dignitaire maronite, à une révolution populaire.
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Patriarch Rai once again blames the Lebanese ruling class
In his Sunday homily, Archbishop Rai called on Lebanon's political leaders to take the necessary decisions to end the crisis. Blaming the political leaders and making them responsible for the current situation in the country, Bishop Raï called for the advent of an independent justice system, for a return to order at the borders and for the proper conduct of the investigation into the explosion in the port of Beirut. Finally, criticising the desire of political leaders to subjugate the Lebanese people, Bishop Raï warned against any attempt to undermine freedom of expression which would lead, according to the Maronite dignitary, to a popular revolution.
توّجه البطريرك الماروني الكاردينال مار بشارة بطرس الراعي إلى المسؤولين قائلا: "ماذا تفعلون ايها المسؤولون السياسيون لتقصّروا هذا الليل الحالك الذي وضعتم فيه الشعب ونتساءل اما لليل التهرب الجمركي والقضاء الانتقائي والمسيس ان ينجلي واما لليل تجميد التحقيق في جريمة مرفأ بيروت ان ينجلي".
و قال الراعي: "ايها المسؤولون تمعنون في قهر شعبنا وتنسفون الحلول للاطباق على لبنان وحق التعبير عن الرأي يولد مع الإنسان"، محذرا من المس به ومشددا على ان "هذه الأساليب القمعية لا تشبه لبنان والتمادي في القمع يؤسس لثورة شعبية".
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This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in the Near and Middle East. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print. Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Proche et au Moyen-Orient. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.
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