Vers un rapprochement entre l’Arabie saoudite et le Hezbollah ? / Un retour sur l’histoire du Hezbollah / Les autorités libanaises exposent leur plan face à la présence syrienne ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­
 
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VEILLE PHAROS /
LIBAN – 31 mai 2024

 
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Une entrevue de quelques minutes entre l’ambassadeur saoudien et un haut cadre du Hezbollah laisse présager une potentielle détente entre le parti chiite et la monarchie du Golfe qui pourrait avoir un impact concret sur la situation économique et politique du Liban.

L’armée israélienne a annoncé la tenue d’un exercice militaire, en préparation d’un conflit plus large avec le Hezbollah.

Orient XXI revient cette semaine sur l’histoire du Hezbollah dans le cadre de la présentation du nouveau livre de Christophe Ayad, grand reporter au journal Le Monde. Comment le Hezbollah, parti minoritaire au sein de la communauté chiite souhaitant l’instauration d’un État islamique au Liban, est devenu la première force politique du pays, disposant d’un arsenal similaire à celui d’une armée conventionnelle.

Les autorités libanaises présentent, à la conférence de Bruxelles dédiée au dossier des réfugiés syriens, un plan national pour assurer la gestion de cette crise.


A meeting lasting just a few minutes between the Saudi ambassador and a senior Hezbollah official heralds a potential détente between the Shiite party and the Gulf monarchy, which could have a tangible impact on the economic and political situation in Lebanon.

The Israeli army announces military exercises in preparation for a wider conflict with Hezbollah.

This week, Orient xxi looks back at the history of Hezbollah as part of the presentation of the new book by Christophe Ayad, a senior reporter with Le Monde newspaper. Hezbollah has gone from being a minority party within the Shiite community seeking the establishment of an Islamic state in Lebanon to the country's leading political force, with an arsenal similar to that of a conventional army.

The Lebanese authorities are presenting their national plan for managing this crisis at the Brussels conference on Syrian refugees.

 
 

Info phare - Source médiatique

 
 

Vers un rapprochement entre l’Arabie saoudite et le Hezbollah ?

Alors que l’ambassade iranienne a ouvert ses portes pour accueillir les figures politiques et médiatiques souhaitant présenter leurs condoléances après la mort du président iranien dans un accident d’hélicoptère, une rencontre entre l’ambassadeur saoudien, Walid Boukhari, et le responsable des relations arabes et extérieures au sein du Hezbollah, Ammar Moussaoui a eu lieu. 

Il s’agit du premier entretien entre un diplomate saoudien et un haut cadre du parti chiite depuis plusieurs années. Il s’inscrit dans la détente entre l’Iran et l’Arabie saoudite amorcée depuis l’accord de réconciliation de mars 2023 et intervient alors que les tensions entre les communautés sunnites et chiites sont au plus bas en raison du déclenchement du conflit à Gaza.

L’élection présidentielle et les autres sujets épineux n’ont pas été abordés lors de ce bref entretien, mais, ce dernier constitue un indicateur d’ouverture entre les deux partis qui pourrait se concrétiser sur la scène politique et économique libanaise.

Towards a rapprochement between Saudi Arabia and Hezbollah?

As the Iranian embassy opened its doors to welcome political and media figures wishing to offer their condolences following the death of the Iranian president in a helicopter crash, a meeting took place between the Saudi ambassador, Walid Boukhari, and the head of Arab and external relations within Hezbollah, Ammar Moussaoui. 

This was the first meeting between a Saudi diplomat and a senior member of the Shiite party for several years, and is part of the détente between Iran and Saudi Arabia that began with the reconciliation agreement of March 2023, at a time when tensions between the Sunni and Shiite communities are at their lowest point due to the outbreak of the conflict in Gaza.

While the presidential election and other thorny issues were not discussed during this brief meeting, it is an indicator of the opening between the two parties that could materialise on the Lebanese political and economic scene.

 
 

Source médiatique

 
 

Un retour sur l’histoire du Hezbollah

Dans son nouvel ouvrage « Géopolitique du Hezbollah », le grand reporter au journal Le Monde, Christophe Ayad, revient sur l’histoire du Hezbollah, de micro-parti fondé par des dissidents du mouvement Amal à parti dominant la scène politique libanaise et menant depuis six mois une « guerre » contre l’armée israélienne dans le sud du pays.

La naissance officielle du Hezbollah est datée du 16 février 1985 lorsque dans une « Lettre aux opprimés dans le monde », la faction militaire embryonnaire, composée de dissidents du mouvement chiite Amal, de militants du parti islamiste Dawa, d’étudiants et d’oulémas chiites, proclame l’existence du parti.

S’inscrivant d’emblée dans la continuité de la révolution islamique iranienne de 1979, le parti de Dieu adhère au concept de wiliyat al-faqih, c’est à dire la gouvernance des docteurs de l’islam (juriste-théologien) rompant avec la tradition chiite qui s’appuyait sur une séparation entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel.

Souhaitant à ses débuts instaurer un État islamique au Liban, le parti désigne comme ennemi l’impérialisme américain, le capitalisme mais aussi l’URSS, le communisme et surtout Israël, qui occupe alors le sud du pays.

Outre son action armée, le Hezbollah propose à la communauté chiite un contre-projet de société qualifié de « société de résistance » composée d’un maillage d’organismes divers prenant en charge l’ensemble des pans de la vie de ses militants et sympathisants. Au fil des années, le parti de Dieu s’impose en leader incontesté de cette communauté dans la plaine de la Bekaa, le Hermel et la banlieue sud de Beyrouth, et après le retrait israélien en 2000, dans le sud du pays.

Considéré aujourd’hui comme l’une des organisations militaires non-étatique les mieux armées, le Hezbollah s’est aussi imposé dans l’État libanais participant aux élections nationales et s’affirmant comme un force politique incontournable de la scène politique libanaise. 

Cependant, le parti chiite se trouve aujourd’hui face à un blocage institutionnel alors que le pays est sans président de la République depuis deux ans.

A look back at the history of Hezbollah

In his new book ‘Géopolitique du Hezbollah’, Christophe Ayad, a senior reporter with Le Monde, looks back at the history of Hezbollah, from a micro-party founded by dissidents from the Amal movement to a party that has dominated the Lebanese political scene and has been waging ‘war’ against the Israeli army in the south of the country for the past six months.

Hezbollah officially came into being on 16 February 1985 when, in a ‘Letter to the oppressed of the world’, the embryonic military faction, made up of dissidents from the Shiite Amal movement, militants from the Islamist Dawa party, students and Shiite ulemas, proclaimed the party's existence.

Following on from the Iranian Islamic revolution of 1979, the Party of God adheres to the concept of wiliyat al-faqih, i.e. the governance of the doctors of Islam (jurist-theologians), breaking with the Shiite tradition which was based on a separation between temporal and spiritual power.

From the outset, the party wanted to establish an Islamic state in Lebanon, but its enemies included American imperialism and capitalism, as well as the USSR, communism and, above all, Israel, which occupied the south of the country at the time.

In addition to its armed action, Hezbollah offered the Shiite community a counter-project for society, described as a ‘society of resistance’, made up of a network of various organisations covering all aspects of the lives of its activists and supporters. Over the years, the Party of God has established itself as the undisputed leader of this community in the Bekaa plain, Hermel and the southern suburbs of Beirut, and after the Israeli withdrawal in 2000, in the south of the country.

Considered today as one of the best armed non-state military organisations, Hezbollah has also established itself in the Lebanese state, taking part in national elections and asserting itself as a political force to be reckoned with on the Lebanese political scene. 

However, the Shiite party is currently facing an institutional deadlock as the country has been without a President of the Republic for two years.

 
 

Les autorités libanaises exposent leur plan face à la présence syrienne 

Présent à la conférence de Bruxelles dédiée au dossier des réfugiés syriens, qui s’est tenue ce lundi 27 mai, le Liban a présenté son plan national pour assurer la gestion de cette crise.

Le document recense les différents dangers, notamment démographique, que fait peser la présence de plus d’un million et demi de syriens au Liban et liste un plan d’action en onze points pour remédier à ces problématiques.

Ce plan d’action est basé sur l’application aux Syriens présents sur le territoire libanais des lois relatives aux étrangers. Les Syriens entrés légalement sur le territoire libanais avant 2011 et dont le permis de séjour et de travail ont expiré devront déposer une nouvelle demande pour légaliser leur statut. Les Syriens entrés illégalement sur le territoire libanais seront expulsés par les autorités libanaises et en coopération avec le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), les autorités libanaises veilleront à ce qu’aucun Syrien expulsé vers la Syrie ne fasse l’objet de poursuites dans son pays.

Le plan d’action prévoit un renforcement des efforts pour la mise en œuvre des « retours volontaires ».

Le texte poursuit en indiquant que tout Syrien enregistré ou recensé qui viendrait à quitter le territoire libanais illégalement par la mer ou légalement vers la Syrie par la voie terrestre, ne sera pas autorisé à revenir au Liban et perdra son statut auprès du HCR. Outre l’élaboration d’une réglementation contre la contrebande et le trafic humain, le gouvernement libanais indique dans son texte qu’il renforcera le contrôle des frontières.

The Lebanese authorities identify the dangers of the Syrian presence in Lebanon and propose solutions at the Brussels conference

Present at the Brussels conference on Syrian refugees, held on Monday 27 May 2024, Lebanon presented its national plan for managing this crisis.

The document presented firstly identifies the various dangers, particularly demographic, posed by the presence of more than one and a half million Syrians in Lebanon, and lists an eleven-point action plan to remedy these problems.

This action plan is based on the application of laws relating to foreigners to Syrians present on Lebanese territory.

Syrians who entered Lebanon legally before 2011 and whose residence and work permits have expired will have to submit a new application to legalise their status. Syrians who entered Lebanese territory illegally will be expelled by the Lebanese authorities and, in cooperation with the Office of the United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR), the Lebanese authorities will ensure that no Syrian expelled to Syria is prosecuted in his or her own country.

The action plan also provides for increased efforts to implement ‘voluntary returns’.

The text goes on to state that any registered or recorded Syrian who leaves Lebanese territory illegally by sea or legally to Syria by land will not be authorised to return to Lebanon and will lose his or her status with the UNHCR.

In addition to drawing up regulations against smuggling and human trafficking, the Lebanese government indicates in its text that it will strengthen border controls.

 
 

L’armée israélienne se prépare à opérer au Liban

L’armée israélienne a déclaré avoir mené des exercices militaires simulant une future bataille au Liban. Impliquant deux brigades dont une blindée réserviste et une unité de parachutistes réservistes, ces exercices ont simulé une opération terrestre au Liban incluant des scénarios de batailles dans la région vallonnée séparant le Liban et Israël. 

Par ailleurs et selon l’armée israélienne, ces exercices visaient aussi à envisager les défis logistiques, informatiques ou de communication que pourrait poser un conflit armé avec le mouvement chiite.

Pour rappel, depuis le 8 octobre 2023, les affrontements entre l’armée israélienne et le Hezbollah ont causé la mort de plus de 400 personnes dont 321 membres du Hezbollah.

The Israeli army prepares to operate in Lebanon

The Israeli army has declared that it has carried out military exercises simulating a future battle in Lebanon. 

Involving two brigades, including a reserve armoured brigade and a reserve parachute unit, the exercises attempt to mimic a ground operation in Lebanon, including battle scenarios in the hilly region separating Lebanon and Israel. According to the Israeli army, the exercises also aim to consider the logistical, IT and communications challenges that could arise in an armed conflict with the Shiite movement.

As a reminder, since 8 October 2023, clashes between the Israeli army and Hezbollah have caused the death of more than 400 people, including 321 Hezbollah members.

 
 

Source confessionnelle

 
 

Le patriarche Raï réaffirme la nécessité d’élire un président de la République

Dans le cadre de son homélie dominicale, le patriarche maronite Raï a affirmé qu’il n’y avait aucune raison justifiable de ne pas élire un nouveau président de la République, d’organiser les institutions constitutionnelles, de préserver la Constitution et de faire cesser sa violation quotidienne.

Le patriarche a ajouté qu’en l’absence du Président de la République, il n’y a pas de Constitution ni de loi sauf pour ceux au pouvoir.

Enfin, le patriarche maronite a indiqué que l’élection d’un Président de la République était une condition indispensable pour permettre au Liban de s’asseoir sur la table des négociations, notamment avec Israël afin de régler leur litige frontalier ou encore la mise en œuvre de la résolution 1701 des Nations unies.

Patriarch Raï reaffirms the need to elect a President of the Republic

During his Sunday homily, Maronite Patriarch Raï stated that there was no justifiable reason not to elect a new President of the Republic, to organise constitutional institutions, to preserve the Constitution and to put an end to its daily violation.

The patriarch added that in the absence of the President of the Republic, there is no constitution or law except for those in power.

Lastly, the Maronite patriarch said that the election of a President of the Republic was an essential condition for Lebanon to be able to sit down at the negotiating table, particularly with Israel to settle their border dispute or to implement United Nations resolution 1701.

 
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This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in the Near and Middle East. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Proche et au Moyen-Orient. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.