Lorsqu’un crime familial prend la tournure d’une fracture confessionnelle / Un pays en faillite vivant aux crochets de sa diaspora / Spéculations sur le nombre de chrétiens au Liban ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­
 
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VEILLE PHAROS /
LIBAN – 7 mars 2023

 
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L’assassinat d’un cheikh sunnite, opposant au Hezbollah, manque de se transformer en fracture confessionnelle. Élucidée à temps par les forces de l’ordre, l’affaire s’avère être la fin tragique d’un conflit familial de plusieurs années.

France 24 emmène ses téléspectateurs à la rencontre de la diaspora libanaise qui continue de porter économiquement un pays en faillite.

Le chiffre de 19.4% de chrétiens au Liban, avancé par le Premier ministre sortant Nagib Mikati, relance le débat des statistiques confessionnelles au Liban alors que le dernier recensement officiel sur la question date de 1932.

Enfin, la chercheuse Marie Kortam tente de définir les ressorts de l’émigration de ces dernières années, dans un article mêlant données économiques et conséquences psychologiques sur la population.


The assassination of a Sunni sheikh, an opponent of Hezbollah, almost turns into a confessional fracture. Cleared up in time by the police, the case turns out to be the tragic end of a family conflict lasting several years.

France 24 takes its viewers to meet the Lebanese diaspora that continues to carry the economy of a country in bankruptcy.

The figure of 19.4% of Christians in Lebanon, put forward by the outgoing Prime Minister Nagib Mikati, reopens the debate on confessional statistics in Lebanon, even though the last official census on the issue dates back to 1932.

Finally, the researcher Marie Kortam, tries to define the reasons for emigration in recent years, in an article mixing economic data and psychological consequences on the population.

 
 

Info phare - Source médiatique

 
 

Lorsqu’un crime familial prend la tournure d’une fracture confessionnelle

Connu pour ses positions hostiles au Hezbollah, le cheikh sunnite Ahmad Chouaib Rifai, originaire de Akkar, n’avait plus donné de signes de vie depuis plus de 5 jours.

Sa disparition a vite pris un tournant politique, certaines thèses affirmant que le Hezbollah serait à l’origine de l’assassinat de l’un de ses opposants, d’autres faisant porter la responsabilité de sa disparition sur les gardiens de la révolution islamique iraniens.

Cependant, l’arrestation des cinq auteurs de l’assassinat du cheikh sunnite Ahmad Chouaib Rifaï a permis de retracer la trame de ce crime familial, dont le commanditaire ne serait autre que le cousin de la victime, le cheikh Yehya Rifai, président de la municipalité de Karkaf. 

Le conflit familial est né en 2012, lorsque la victime s’était fait le porte-voix des habitants de la municipalité lésés par le comportement du cheikh Yehya accusé de corruption. Le conflit, qui était de notoriété publique, a débouché sur un guet-apens organisé par le cheikh Yehya, ses fils et ses neveux.

L’émoi autour de ce crime - qui se résume à un fait divers - démontre une fois de plus la fragilité des équilibres confessionnels.

When a family crime turns into a religious rift

Known for his hostile positions towards Hezbollah, the Sunni Sheikh Ahmad Chouaib Rifai, originally from Akkar, had not given any sign of life for more than 5 days.

His disappearance had quickly taken a political turn, with some theories claiming that Hezbollah was behind the assassination of one of its opponents, while others blamed the Iranian Revolutionary Guards for his disappearance.

However, the arrest of the five perpetrators of the assassination of Sunni Sheikh Ahmad Shuaib Rifai has made it possible to trace the plot of this family crime, whose sponsor is none other than the cousin of the victim, Sheikh Yehya Rifai, president of the municipality of Karkaf. The family conflict began in 2012, when the victim became the spokesperson for the residents of the municipality who were aggrieved by the behaviour of Sheikh Yehya, who was accused of corruption. The conflict, which was public knowledge, eventually led to an ambush organised by Sheikh Yehya, his sons and nephews.

This crime, which was supposed to be a news item, demonstrates once again the fragility of confessional balances.

 
 

Source médiatique

 
 

Un pays en faillite vivant aux crochets de sa diaspora

Alors que la faillite de l’État et son refus de mener les réformes demandées par le FMI auraient dû mener le pays au chaos, le Liban semble résister malgré la dévaluation massive de sa monnaie et l’effondrement de ses services publics.

La raison principale de cette résistance de la population libanaise réside dans sa diaspora qui représente plus de 14 millions d’expatriés, disséminés sur tous les continents du globe, soit trois fois la population vivant au Liban.

Cette diaspora s’est constituée en plus d’un siècle, de la grande famine de 1914-1918, à la guerre civile de 1975-1990, puis à la récente double explosion du port de Beyrouth et la crise économique de 2019.

France 24 emmène cette semaine ses téléspectateurs à la rencontre de cette diaspora libanaise qui porte économiquement un pays entier. Entre ancienne et récente diaspora, les différents protagonistes de ce reportage œuvrent tous à la survie de leur famille, de leur village et ville.

A bankrupt country living off its children in exile

While the bankruptcy of the Lebanese state and its refusal to carry out the reforms demanded by the IMF should have led the country to chaos, the country seems to be resisting despite the massive devaluation of its currency and the collapse of its public services.

The main reason for this resistance of the Lebanese population lies in its diaspora. More than 14 million expatriates, spread over all continents of the globe. Three times more numerous than the Lebanese population, this diaspora has been built up over more than a century, from the great famine of 1914-1918, to the civil war of 1975-1990 to the recent double explosion of the port of Beirut and the economic crisis of 2019.

This week, France 24 takes its viewers to meet this Lebanese diaspora that economically supports an entire country. Between the old and the new diaspora, the different protagonists of this report are all working for the survival of their families or their villages and towns.

 
 

Spéculations sur le nombre de chrétiens au Liban

19.4 % serait la proportion de chrétiens au Liban selon un rapport mentionné par le Premier ministre sortant Nagib Mikati. 

Ce rapport, dont les auteurs restent inconnus, a relancé le débat sur la part réelle des chrétiens au Liban, dans un pays où équilibre confessionnel rime avec équilibre politique et où le dernier recensement officiel date de 1932, avant l’indépendance du pays en 1943.

La fondation maronite dans le monde, affiliée à Bkerké, s’est empressée de réfuter le chiffre avancé par le Premier ministre sortant, en affirmant que 34.42 % des électeurs libanais étaient chrétiens. Les listes électorales restent un indicateur peu fiable en raison, d'une part, des récentes migrations qui n’ont pas été répercutées sur les listes électorales et d’autre part, d’un système archaïque où tout se fait encore manuellement.

Cependant, des chercheurs rappellent que si la communauté chrétienne connaît actuellement une baisse de sa natalité, cette baisse est généralisée dans toutes les communautés libanaises. Par ailleurs, l’impact de l’émigration ne saurait être restreint à la seule communauté chrétienne. Elle touche aussi, si ce n’est plus, les communautés musulmanes.

Speculation on the number of Christians in Lebanon

19.4% is the proportion of Christians in Lebanon according to a report mentioned by the outgoing Prime Minister Nagib Mikati. 

This report, whose authors remain unknown, has reopened the debate on the real share of Christians in Lebanon, in a country where denominational balance rhymes with political balance and where the last official census dates back to 1932, before the country's independence in 1943.

The Maronite Foundation in the World, affiliated to Bkerke, was quick to refute the figure put forward by the outgoing Prime Minister, stating that 34.42% of Lebanese voters were Christians. However, the electoral lists remain an unreliable indicator because of the recent migrations that were not reflected in the electoral lists and because of an archaic system where everything is still done manually.

However, despite the low reliability of the electoral lists, many researchers point out that if the Christian community is currently experiencing a decline in its birth rate, this decline can be generalised to all Lebanese communities. Moreover, the impact of emigration cannot be restricted to the Christian community alone, as it also affects, if not more, the Muslim communities.

 
 

Source académique

 
 

Les multiples raisons de l’exil

La chercheuse Marie Kortam tente d’apporter une analyse anthropologique à l’émigration que connaît le Liban et qui pousse chaque année, des centaines de Libanais, de Syriens et de Palestiniens à l’exil.

La chercheuse rappelle qu’un récent rapport de l’UNICEF fait état de 2.3 millions de Libanais, de réfugiés syriens et palestiniens confrontés à une crise humanitaire et à des privations multiples. L’article indique que 30 % des jeunes Libanais ont abandonné leurs études pour trouver un emploi et que près de 41 % d’entre eux considèrent l’exil comme unique moyen de trouver un emploi.

Plus généralement, la crise économique et financière du Liban a mené à une chute du PIB nominal de 52 milliards de dollars en 2021 à 23.1 milliards en 2021.

Selon Marie Kortam, cette crise s’est manifestée par une désorientation et une transgression qui ont donné lieu aux vagues d’émigration que connaît le pays depuis quatre ans. 

La chercheuse poursuit en indiquant que face à la crise, les intérêts des citoyens libanais, des réfugiés syriens et palestiniens convergent vers la recherche d’une vie digne en dehors du Liban. S’émancipant d’une société en proie à l’insécurité, ces nouveaux migrants font le choix d’un exil risqué, convaincus qu’il existe une vie meilleure ailleurs.

Reasons for exile

Researcher Marie Kortam attempts to bring an anthropological analysis to the emigration that Lebanon is experiencing and that pushes hundreds of Lebanese, Syrians and Palestinians into exile every year.

The researcher recalls that a recent UNICEF report states that 2.3 million Lebanese, Syrian and Palestinian refugees are facing a humanitarian crisis and multiple deprivations. The article indicates that 30% of young Lebanese have abandoned their studies to find a job and that nearly 41% of them consider exile as the only way to find a job.

More generally, Lebanon's economic and financial crisis has led to a drop in nominal GDP from 52 billion dollars in 2021 to 23.1 billion in 2021.

According to Marie Kortam, this crisis has manifested itself in disorientation and transgression, which has led to the waves of emigration that the country has experienced over the past four years. 

The researcher goes on to say that in the face of the crisis, the interests of Lebanese citizens, Syrian and Palestinian refugees converge in the search for a dignified life outside Lebanon. Emancipating themselves from a society plagued by insecurity, these new migrants choose a risky exile, convinced that there is a better life elsewhere.

 
 

Source confessionnelle

 
 

Sayyed Ali Fadlallah salue les forces de l’ordre dans l’affaire du cheikh Rifai

Sayyed Ali Fadlallah a salué les forces de l’ordre pour la célérité de leur action dans le cadre de l’affaire de l’assassinat du cheikh sunnite Ahmad Rifai. Le dignitaire chiite a affirmé que l’action des forces de l’ordre avait permis d’éviter un conflit confessionnel voulu par certaines personnalités qui s’étaient empressées d’accuser le Hezbollah.

Sayyed Fadlallah a enfin appelé l’ensemble des Libanais à la responsabilité, jugeant que la situation du pays ne pouvait supporter la politisation de chaque fait divers.

Sayyed Ali Fadlallah praises law enforcement agencies for their role in maintaining civil peace

Sayyed Ali Fadlallah praised the police for their swift action in the case of the assassination of Sunni Sheikh Ahmad Rifai. The Shiite dignitary said that the action of the security forces had avoided a sectarian conflict wanted by some personalities who had rushed to accuse Hezbollah.

Sayyed Fadlallah finally called on all Lebanese to be responsible, saying that the situation of the country could not bear the politicization of each event.


أشاد السيد علي فضل الله بجهود القوى الأمنية ودورها في كشف ملابسات مقتل الشيخ أحمد الرفاعي، مشدداً على أن «ما قامت به القوى الأمنية من خلال كشفها السريع لخلفيات هذه الجريمة ساهم في وأد الفتنة التي حاول البعض اثارتها من خلال توزيع الاتهامات لهذا الفريق أو ذاك من دون دليل ومن دون تحسب للعواقب التي تتصل بتعريض السلم الأهلي والوطني للخطر».

وأخيراً دعا السيد علي فضل الله الجميع على أن «يكونوا على قدر المسؤولية في مثل هذه الظروف الحساسة التي يعيشها الوطن والتي لا تتحمل ان نجعل من أي حادثة مناسبة للتعبير عن عقد ذاتية أو حساسيات فئوية».

 
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This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in the Near and Middle East. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Proche et au Moyen-Orient. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.