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Les manifestations contre les violences policières au Nigeria ont déclenché un mouvement beaucoup plus large contre la politique du Gouvernement, les abus des autorités et l’incapacité des dirigeants à résoudre la situation sécuritaire du pays. Si elles sont l’occasion de dénoncer les violences commises par des milices privées, soutenues par le Gouvernement, dans les campagnes, elles sont également l’opportunité d’unir les Nigérians derrière une cause commune. Pour cette raison, l’Archevêque de Lagos a condamné les publications sur les réseaux sociaux visant à utiliser les arguments ethniques ou religieux pour alimenter le conflit. Amnesty International continue d’enquêter sur la tuerie de Lekki pour que les responsables soient punis. À Oyigbo, les résidents soutiennent que l’armée continue de procéder à des exécutions extrajudiciaires contre l’Indigenous People Of Biafra (IPOB). Au Niger, à deux mois des élections présidentielles, la détérioration de la situation sociale et économique pourrait permettre à l’opposition de gagner l’élection, notamment parce que le Gouvernement n’a toujours pas expliqué le massacre des civils retrouvés enterrés en avril. Sur un autre sujet, les forces d'opérations spéciales américaines ont libéré un citoyen américain enlevé au Niger.
The demonstrations against police brutality in Nigeria have sparked a much larger movement against the Government’s policies, abuses by the authorities, and their failure to resolve the country's security situation. If they are an opportunity to denounce the violence committed by private militias in the countryside, supported by the Government, they are also an opportunity to unite Nigerians under a common cause. For this reason, the Archbishop of Lagos has condemned posts on social networks aimed at using ethnic or religious arguments to fuel the conflict. Amnesty International continues to investigate the Lekki killing to ensure that those responsible are punished. In Oyigbo, residents say the army continues to carry out extrajudicial killings against IPOB (Indigenous People of Biafra). In Niger, two months before the presidential elections, the deteriorating social and economic situation could lead the opposition to win the election, especially because the Government has still not explained the massacre of civilians found buried in April. On another topic, US Special Operations Forces released a US citizen abducted in Niger.
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L'info phare - Source académique
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Nigeria : les violences policières ne doivent pas occulter les abus de la lutte antiterroriste
M. Pérouse de Montclos, chercheur en sciences politiques à l’Institut de Recherche pour le Développement, explique que les violences policières dans les grandes villes ne sont pas les seules existantes au Nigeria. En effet, il existe de nombreux abus dans les campagnes au Nord du pays, au nom de la lutte contre le terrorisme. Dans ces régions, de nombreux gangs et miliciens, soutenus par les autorités, commettent des violences qui sont rarement dénoncées, mènent une répression sévère et procèdent à des exécutions extra-judiciaires. Par exemple, la Civilian Joint Task Force (CTJF), a été créée pour protéger les habitants contre Boko Haram. Néanmoins, cette force est aussi accusée de viols, vols, détournement d’argent et d’aide humanitaire. En outre, l’existence de ces milices démontre les lacunes des forces de l’ordre qui se révèlent incapables de protéger la population.
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Nigeria: Police violence must not obscure the abuses of the fight against terrorism
Mr Pérouse de Montclos, a political science researcher at the Research Institute for Development, explains that police violence in large cities is not the only one in Nigeria. Indeed, there are many abuses in the countryside in the north of the country, in the name of the fight against terrorism. In these regions, numerous gangs and militiamen, supported by the authorities, commit violence, which is rarely denounced, carry out severe repressive measures and extra-judicial killings. For example, the Civilian Joint Task Force (CJTF) was created to protect residents against Boko Haram. However, this force is also accused of rape, theft, embezzlement of funds and humanitarian aid. In addition, the existence of these militias demonstrates the incapability of forces of order to protect the population.
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Les forces de sécurité procèdent à des exécutions extrajudiciaires à Oyigbo
Les autorités ont affirmé que des membres de l’Indigenous People of Biafra (IPOB), qualifiée d'organisation terroriste en 2017 par le Gouvernement fédéral nigérian ont ciblé des agents de sécurité à Oyigbo alors que les tensions se sont intensifiées à la suite des manifestations « #EndSars » contre la brutalité policière dans le pays. Selon les habitants d'Oyigbo dans l'État de Rivers, depuis que les autorités ont annoncé que trois policiers et six soldats avaient été tués par des membres de l'IPOB, l'armée se venge en tuant des civils. Amnesty International a indiqué avoir reçu des informations selon lesquelles « des soldats envahiraient des maisons » et que « certains habitants auraient vu des cadavres dans la rue, abattus par des soldats ». En effet, un barbier a dit à la police que sa fiancée avait été abattue dans son salon.
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Security forces are carrying out extrajudicial killings in Oyigbo
Authorities say members of the Indigenous People of Biafra (IPOB, proscribed as a terrorist organisation in 2017 by Nigeria's federal government) targeted security operatives in Oyigbo as tensions spilled over following the #EndSars protests against police brutality in the country. According to the residents of Oyigbo in Rivers State, the army is carrying out revenge killings after authorities said three policemen and six soldiers were killed by IPOB members. Amnesty International said it had received reports that "soldiers are allegedly invading homes" and that "some residents reported seeing dead bodies on the street, allegedly shot by soldiers". Indeed, a man told the police his fiancé was shot dead in his barbing salon.
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Amnesty International enquête sur les faits de la tuerie de Lekki
Alors qu’ils viennent de sortir de l’hôpital, plusieurs blessés lors de la tuerie qui a fait au moins douze morts au péage de Lekki à Lagos le 20 octobre dernier, veulent raconter ce qu’ils ont vécu. Ils affirment que c'est bien l'armée nigériane qui a tiré sur les manifestants pacifiques et ne comprennent pas comment certains peuvent nier les faits. Amnesty International demande aux autorités d’arrêter de tenter de dissimuler ce massacre. L’organisation a notamment rassemblé des photos qui prouvent les faits et appelle de nouveau les autorités nigérianes à traduire en justice les personnes responsables des coups de feu et à protéger les personnes exerçant leur droit à la liberté de réunion.
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Amnesty International Investigating the facts of the Lekki killing
As they have just been released from the hospital, several people injured in the massacre that left at least 12 people dead at the Lekki toll gate in Lagos on October 20, want to tell their story. They claim that it was the Nigerian military that did shoot the peaceful protesters and do not understand how some can deny the facts. Amnesty International is calling on the authorities to stop trying to cover up this massacre. In particular, the organisation has assembled photos that prove the facts and reiterates its call on the Nigerian authorities to bring to justice those responsible for the shootings and to protect those exercising their right to freedom of assembly.
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Niger : la situation sociale et économique reste la préoccupation majeure d’une population exaspérée
Tayeb Benabderrahmane, président du Club géopolitique, explique que la prochaine élection présidentielle au Niger va se dérouler dans un climat de forte tension. En effet, si le pays a longtemps été un pôle de stabilité au Sahel, sa situation sécuritaire s’est fortement détériorée. Le Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaida est notamment un facteur de déstabilisation, qui a largement bénéficié de la libération de 200 islamistes par le Gouvernement français contre la libération de quatre otages. Depuis dix ans, le parti au pouvoir, le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS), n’a réussi à surmonter ni la menace terroriste, ni la crise sociale. De plus, le Gouvernement est toujours accusé d’être responsable du massacre d’une centaine de civils, retrouvés en avril enterrés dans une fosse commune à Inatès. Ces éléments pourraient conduire l’opposition, menée par Hama Amadou, à gagner la prochaine élection.
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Niger: the social and economic situation remains the major concern of an exasperated population
Tayeb Benabderrahmane, President of the Geopolitical Club, explains that the next presidential election in Niger will take place in a climate of very strong tension. Indeed, while the country has long been an area of stability in the Sahel, its security situation has deteriorated sharply. The Al-Qaida-affiliated Group to Support Islam and Muslims (GSIM) is notably a factor of destabilisation, which has benefited greatly from the release of 200 Islamists by the French government in exchange of four hostages. For ten years, the party in power, Nigerian Party for Democracy and Socialism (PNDS), has failed to overcome either the terrorist threat or the social crisis. In addition, the Government remains accused of being responsible for the massacre of around 100 civilians, found buried in a mass grave in Inatès in April. These elements could lead the opposition, led by Hama Amadou, to win the next election.
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Les forces d'opérations spéciales américaines libèrent un citoyen américain enlevé au Niger
Les forces d'opérations spéciales américaines ont secouru un citoyen américain pris en otage par des hommes armés quelques jours plus tôt au Niger et détenu dans le nord du Nigéria. Le Président Donald Trump a remercié les forces d'opérations spéciales pour avoir libéré l'otage, Philip Walton, un missionnaire. Les États-Unis ont indiqué que les ravisseurs n'ont aucune affiliation connue avec les groupes terroristes opérant dans la région, et qu'il s'agissait probablement de bandits souhaitant une rançon. Au moins six otages occidentaux sont détenus au Niger, au Mali et au Burkina Faso, dont le travailleur humanitaire américain Jeffery Woodke, kidnappé dans le centre du Niger il y a quatre ans.
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US special operations forces rescue American citizen abducted in Niger
US special operations forces rescued an American citizen taken hostage by armed men a few days earlier in Niger and held in northern Nigeria. President Donald Trump thanked the special operations for saving the hostage, Philip Walton, a male missionary. The US believes the captors have no known affiliation with any terror groups operating in the region, and were more likely bandits seeking money. At least six Western hostages are being held in Niger, Mali and Burkina Faso, including the American aid worker Jeffery Woodke, kidnapped in central Niger four years ago.
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Manifestations #EndSARS au Nigeria : apaiser les tensions, entamer une grande réforme de la police
Le mouvement contre la Brigade Spéciale de Répression des Vols (SARS) dans plusieurs villes nigérianes, est probablement celui qui a reçu le soutien populaire le plus large dans l’histoire du Nigeria. Cette unité de police spéciale a été créée officiellement en 1992 pour lutter contre les vols à main armée. Néanmoins, si une grande partie des manifestants restent concentrés sur le problème des violences policières, d'autres réclament également des réformes plus larges sur la gouvernance du pays, en particulier sur des politiques économiques et sécuritaires. De nombreux jeunes considèrent que manifester est le seul moyen pour eux de montrer que les élites politiques sont responsables du taux de chômage élevé, de l’inflation et de l’augmentation de la pauvreté, notamment à cause des mesures anti-coronavirus. En outre, dans certains États du nord, ce mouvement a déclenché des manifestations exigeant des mesures plus fortes contre l’insurrection de Boko Haram et le banditisme par le Gouvernement. Ces manifestations ont également affecté l’économie du Nigeria, déjà frappée par la baisse du prix du pétrole, la dépréciation du naira, les fermetures liées au coronavirus et la perturbation continue de l’agriculture par le conflit armé dans plusieurs États du nord. Il n'y a pas encore de bilan humain précis sur les manifestations, mais mi-octobre, le Gouvernement comptait 69 morts, dont des civils, des policiers et des soldats.
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Nigeria’s #EndSARS protest: de-escalate tensions, start deep police reform
The anti-SARS (Special Anti-Robbery Squad) protest, in several Nigerian cities, has been arguably the protest with the widest popular appeal in Nigeria’s history. This special police unit was established formally in 1992 to curb armed robbery. However, although much of the movement is focused on the single issue of ending police brutality, some other protesters are also clamouring for wider reforms in governance, particularly economic and security policies. Indeed, many youths saw sustained protest as the only means of holding political elites accountable for high unemployment, inflation and deepening poverty exacerbated by anti-coronavirus measures. Moreover, in some northern states battling insecurity, meanwhile, the national awakening triggered protests demanding that the federal Government end the Boko Haram insurgency and banditry in the region. The protests have also taken a toll on Nigeria’s economy, already pummelled by the fall in oil prices, depreciation of the naira, closures caused by the coronavirus and continuing disruption of agriculture by armed conflict in several northern states. There is no accurate toll yet about the death toll linked to the recent protestations, but the Government had reported 69 people killed mid-October, including civilians, police officers and soldiers.
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Les franchises de l'État islamique en Afrique : leçons du lac Tchad
Récemment, les activités des membres affiliés à l'État islamique (tels que l'État islamique en Afrique de l'Ouest ou ISWAP) au Sahel se sont considérablement développées, déconcertant les efforts des armées régionales et de l’opération militaire française Barkhane. Le lien entre l'État islamique au Moyent Orient (EI) et le succès de ses militants est plus développé qu'on ne le pense. Par exemple, le groupe djihadiste mondial leur a fourni une aide concrète précieuse qui a renforcé leur capacité pour mener l’insurrection. De plus, les djihadistes nigérians ont demandé à l'État islamique des conseils en matière de théologie et de politique. Le livre écrit par Mohamed Yusuf, fondateur de Boko Haram, intitulé « Ceci est notre credo et notre méthode de proclamation » a été déclaré conforme à la doctrine de l’État islamique. Cependant, l'État islamique n'a jamais exercé un contrôle absolu sur l’ISWAP, dont le chef ne tient pas toujours compte des directives.
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The Islamic State Franchises in Africa: lessons from Lake Chad
Recently, the activities of ISIS (Islamic State) linked members (such as Islamic State in West Africa Province or ISWAP) in the Sahel have expanded significantly, confounding the efforts of regional armies and the French-led military mission. The link between the Islamic State and the success of these militants is interesting and more developed than we think. For example, the global jihadist group played a critical role in rebranding the Lake Chad militants under its franchise (ISWAP) and provided them with valuable concrete assistance that strengthened their insurgency. Moreover, the Nigerian jihadists asked ISIS for guidance on subjects of theology and policy. The book written by Mohamed Yusuf, Boko Haram’s founder, entitled “This is our Creed and Method of Proclamation” was approved by ISIS as in line with its doctrine. However, ISIS never exerted an absolute control over ISWAP, and its leader is self-confident to disregard its guidance.
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L’archevêque de Lagos condamne un détournement pervers des manifestations pacifiques
Monseigneur Alfred Adewale Martins, Archevêque de Lagos, a condamné l’implication des sentiments ethniques et religieux dans les manifestations de la jeunesse qui réclame une meilleure condition de vie et la fin des violences policières. Il dénonce notamment les publications sur les réseaux sociaux qui visent à utiliser les arguments ethniques ou religieux pour alimenter le conflit. En effet, selon lui, les manifestations des dernières semaines sont une noble cause, qui concerne l’ensemble du Nigeria. Il demande aux Nigérians de rester unis, afin de marcher ensemble vers « un nouveau Nigeria ».
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Archbishop of Lagos condemns perverse reinterpretation of peaceful protests
Bishop Alfred Adewale Martins, Archbishop of Lagos, condemned the involvement of ethnic and religious sentiments in the protests of the youth demanding better living conditions and an end to police brutality. He denounces in particular the various publications on social networks which aim to use ethnic or religious arguments to fuel the conflict. Indeed, he said the protests of the past few weeks are a noble cause, which concerns everyone. He asks Nigerians to stay united, in order to walk together towards "a new Nigeria".
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Niger, Nigeria, Burkina Faso et Mali. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables. This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.
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