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Au Nigeria, au moins 344 lycéens étaient portés disparus après l’attaque du lycée de Kankara dans l’État de Zamfara. Une centaine d’hommes armés arrivés en moto ont fait feu sur le lycée, et sont parvenus à enlever des étudiants avant d’être repoussés par les forces de sécurité. Le 18 décembre, les autorités ont affirmé que les 344 adolescents ont été relâchés. Pourtant survenue loin de l’État du Borno, fief de Boko Haram, cette attaque a été revendiquée par Abubakar Shekau, le leader de la branche historique de Boko Haram. Les observateurs craignent un rapprochement entre les groupes criminels du nord-ouest du Nigeria avec Boko Haram, historiquement implanté au nord-est du pays. Dans le reste de l’actualité, la menace sécuritaire fait planer une crise alimentaire de très grande ampleur au Sahel. Le Nigeria devrait prochainement rouvrir ses frontières terrestres, mais vient d’être placé par les États-Unis sur la liste noire pour entrave à la liberté religieuse. Au Niger, l’attaque d’un village dans la région de Diffa à la veille des élections municipales et régionales a fait au moins vingt-sept victimes. Les organisations de la société civile s’inquiètent pour le bon déroulement des élections générales prévues le 27 décembre. In Nigeria at least 344 high school students are reported missing after an attack on Kankara High School in Zamfara State. About 100 armed men on motorbikes fired on the high school, abducting students before being pushed back by security forces. On 18 December, the authorities claimed that 344 adolescents were released. Although the attack occurred far from Borno state, the stronghold of Boko Haram, the attack was claimed by Abubakar Shekau, the leader of the historical branch of Boko Haram. Observers fear a rapprochement between criminal groups in north-western Nigeria and Boko Haram, historically based in the north-east of the country. In the rest of the news, the security threat is causing a major food crisis in the Sahel. Nigeria should soon reopen its land borders, but has just been blacklisted by the United States for obstructing religious freedom. In Niger, the attack on a village in the Diffa region on the eve of the municipal and regional elections has claimed at least 27 victims. Civil society organisations are concerned about the smooth running of the general elections scheduled for 27 December.
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L'info phare - Source médiatique
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L’attaque d’un lycée fait au moins 333 disparus au Nigeria
Des hommes armés ont attaqué le lycée de Kankara dans la nuit du 10 au 11 décembre dans l’État de Katsina, dans le but d’enlever des élèves. Au moins 333 lycéens sont portés disparus. Une centaine d’hommes armés arrivés en moto ont fait feu sur le lycée, et ont échangé des tirs avec le personnel de sécurité du lycée, plus tard secondé par les forces de l’ordre. Les assaillants ont été repoussés après une fusillade d’une heure et demie, mais sont parvenus à entrer dans l’école et à enlever des élèves. Certains pourraient s’être réfugiés dans la forêt à proximité. Originaire de cet État, le Président nigérian Muhammadu Buhari y était en visite au moment de l’attaque. Il a ordonné à tous ses services de sécurité de faire de cette affaire une priorité. NB : le 18 décembre, les autorités ont affirmé que les 344 adolescents ont été relâchés
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High school attack leaves at least 333 missing in Nigeria
Gunmen attacked the Kankara High School on the night of December 10-11 in Katsina State with the intention of abducting students. At least 333 teenagers are reported missing. About a hundred of unidentified armed men arrived on motorbikes fired on the high school and exchanged fire with high school security personnel, who were later assisted by law enforcement. The assailants were repulsed after an hour and a half of shooting, but managed to enter the school and abduct students. Some may have taken refuge in the nearby forest. Native from Katsina State, Nigerian President Muhammadu Buhari was visiting the State at the time of the attack. He ordered all his security services to make the case a priority.
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Boko Haram revendique l’attaque du lycée de Katsina
Le 15 décembre, Abubakar Shekau, le leader de la branche historique de Boko Haram, a revendiqué l’attaque du lycée de Kankara dans l’État de Katsina. Très éloignée du bastion de Boko Haram, pourtant situé dans le nord-est du pays, dans l’État de Borno, cette attaque pourrait marquer un tournant dans l’expansion du groupe djihadiste. Cette attaque avait d’abord été attribuée à des groupes criminels organisés, sans idéologie ,qui sévissent dans l’État de Katsina et coutumiers des enlèvements contre rançons. Plusieurs observateurs alertent depuis quelques mois d'un possible rapprochement de ces « bandits » avec Boko Haram. Certains de ces groupes criminels du nord-ouest du pays auraient prêté allégeance à Shekau.
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Boko Haram claims responsibility for the attack on Katsina High School
On 15 December, Abubakar Shekau, the leader of the historical branch of Boko Haram, claimed responsibility for the attack on Kankara High School in Katsina State. Far away from the bastion of Boko Haram, which is located in the north-eastern part of the country, in Borno state, the attack could mark a turning point in the expansion of the jihadist group. The attack was initially attributed to non-ideological organised crime groups operating in Katsina State, which are known to engage in kidnapping for ransom. Several observers have been warning for several months against the possible rapprochement of these "bandits" with Boko Haram. Some of these criminal groups in the north-west of the country are said to have pledged allegiance to Shekau.
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La crise alimentaire se fait toujours plus pressante au Sahel
Alors que les récoltes ont augmenté, une grave crise alimentaire est en train de se profiler au Sahel. Grâce à une bonne pluviométrie cette année, les récoltes de céréales, tubercules et oléagineux devraient nettement s’améliorer cette année. Cependant, selon des experts, le nombre de personnes menacées par la faim devrait atteindre un niveau record au printemps 2021. Cela s’explique notamment par la menace sécuritaire qui est à l’origine du déplacement et de la fuite de nombreux agriculteurs qui abandonnent leurs champs, à l’image de l’attaque du 28 novembre dans le Borno. Au Nigeria, le nombre de personnes menacées par la faim pourrait atteindre 12,9 millions de personnes avant la saison des pluies prochaine, contre 9,2 millions actuellement.
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The food crisis is becoming increasingly urgent in the Sahel
While harvests have increased, a serious food crisis is looming in the Sahel. Thanks to good rainfall this year, cereal, tuber and oilseed harvests are expected to improve significantly this year. However, according to experts, the number of people threatened by hunger is expected to reach a record high in spring 2021. One reason for this is the security threat, which is causing many farmers to flee their fields, following the 28 November attack in Borno. In Nigeria, the number of people threatened by hunger could reach 12.9 million before the next rainy season, compared to the current 9.2 million.
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En marge des élections municipales et régionales, la société civile s’inquiète de l’organisation des élections générales à venir au Niger
Le 13 décembre avaient lieu les élections municipales et régionales au Niger. Celles-ci ressemblaient à un test avant les élections générales du 27 décembre au Niger. Bien que les observateurs de la société civile n’aient pas reçu leurs accréditations pour ce scrutin, l’organisation « Tournons la page » (TLP) a demandé à près de 200 volontaires de rester dans les bureaux de vote dans tout le pays. Maïkoul Zodi, le coordonnateur de TLP Niger se satisfait de l’engouement autour des bureaux de vote, mais regrette la mauvaise organisation de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), responsable de la logistique. Il a notamment pointé du doigt l’ouverture en retard de bureaux de vote, mais aussi la fermeture d’une quinzaine de bureaux de vote en raison de l’insécurité. Avec sa campagne « Je vote et je reste », TLP encourage les citoyens à rester observer le déroulement des élections dans les bureaux de vote après avoir accompli leur devoir citoyen.
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On the occasion of the municipal and regional elections, civil society is concerned about the organisation of the upcoming general elections in Niger.
On 13 December municipal and regional elections were held in Niger. This took the form of a test before the general elections of 27 December in Niger, for which national and international observers have not yet received their accreditation. Although civil society observers have not received their accreditations for this election, the organisation “Tournons la page” (TLP) asked nearly 200 volunteers to stay at polling stations throughout the country. Maïkoul Zodi, the coordinator of TLP Niger is satisfied with the craze around the polling stations, but regrets the poor organisation of the Independent National Electoral Commission (CENI), responsible for logistics. He pointed in particular to the late opening of polling stations, but also the closure of about fifteen polling stations due to insecurity. With its "I vote and I stay" campaign, TLP is encouraging citizens to stay and observe the elections at the polling stations after they have fulfilled their civic duty.
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Une attaque terroriste fait au moins 27 morts dans la région de Diffa la veille des élections municipales et régionales
Dans la nuit du 12 au 13 décembre, au moins vingt-sept personnes ont été tuées à Toumour lors d’une attaque attribuée aux djihadistes de Boko Haram. Située dans la région de Diffa, la localité de Toumour se trouve à proximité du lac Tchad et de la frontière nigériane, dans la zone d’influence de Boko Haram. Le village a été détruit à 60% par les assaillants, qui ont notamment incendié le marché central de la ville et près d’un millier d’habitations. Cette attaque est survenue la veille de l’élection municipale et régionale au Niger, et deux semaines avant les élections générales qui doivent déterminer le nouveau Président du pays. Leur objectif pourrait être de dissuader les citoyens de se rendre aux urnes, et ainsi affaiblir un peu plus la crédibilité de l’État.
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Terrorist attack kills at least 27 people in the region of Diffa on the eve of the municipal and regional elections
During the night of 12-13 December, at least 27 people were killed in Toumour in an attack attributed to Boko Haram jihadists. Located in the Diffa region, the town of Toumour is close to Lake Chad and the Nigerian border, in Boko Haram's area of influence. The village was 60% destroyed by the attackers, who set fire to the town's central market and nearly a thousand houses. The attack came on the eve of the municipal and regional elections in Niger, and two weeks before the general elections that are to determine the country's new president. Their objective could be to dissuade citizens from going to the polls, and thus further weaken the credibility of the state.
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Les camps de déplacés internes du Nigeria confrontés aux problèmes d’hygiène
L’État de Benue accueille plusieurs camps de déplacés internes fuyant les affrontements intercommunautaires opposant régulièrement éleveurs et agriculteurs. La compétition pour l’accès à la terre a fait plusieurs milliers de morts au Nigeria depuis 5 ans, et s’explique notamment par la désertification des sols, poussant des éleveurs vers le sud du pays, où ils entrent en concurrence avec des fermiers sédentaires. Entre 50 000 et 60 000 déplacés vivent dans huit camps officiels dans le district de Guma, et 160 000 sont dispersés dans l’État de Benue. Dans le contexte d’épidémie de la Covid-19, les mesures d’hygiène les plus élémentaires sont inapplicables, et la première menace demeure le paludisme. En 2019, le Nigeria à lui seul comptait 27% des 229 millions d’infections mondiales de paludisme.
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Nigeria's IDP camps facing hygiene problems
Benue State hosts several IDP camps fleeing the inter-community clashes between farmers and herders on a regular basis. Competition for access to land has caused several thousands of deaths in Nigeria over the past 5 years, and is explained in particular by the desertification of the soil, pushing herders towards the south of the country, where they compete with sedentary farmers. Between 50,000 and 60,000 IDPs live in 8 official camps in Guma District, and 160,000 are scattered in Benue State. In the context of a VIDOC-19 epidemic, the most basic hygiene measures are not applicable, and the first threat remains malaria. In 2019, Nigeria alone accounted for 27% of the 229 million infections of malaria worldwide.
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Les États-Unis placent le Nigeria sur leur liste noire pour entrave à la liberté de religion
Le 7 décembre, le Nigeria a été ajouté à la liste noire des pays « particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse par les États-Unis. Selon le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, il s’agit de la première des libertés. Le Nigeria y figure aux côtés de l’Arabie saoudite, la Birmanie, la Chine, la Corée du Nord, l’Érythrée, l’Iran, le Pakistan, le Tadjikistan et le Turkménistan. Parmi les raisons mises en avant par les USA, on retrouve les tensions entre les autorités nigérianes et le groupe chiite de l’Islamic Movement in Nigeria (IMN), dont les manifestations sont régulièrement violemment réprimées. L’interdiction de l’IMN en 2019 avait été dénoncée par l’Église catholique nigériane comme une menace à la liberté de religion. Par ailleurs, le rapport signale des arrestations de musulmans pour avoir mangé en public dans l’État de Kano pendant le jeûne du ramadan. Cette inscription sur liste noire pourrait déboucher sur des sanctions économiques si le Nigeria ne prend pas des mesures pour corriger les entraves à la liberté religieuse.
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US places Nigeria on its blacklist for obstructing religious freedom
On 7 December, Nigeria was added to theUnited States’ blacklist of countries of "particular concern" for religious freedom. According to the head of American diplomacy Mike Pompeo, this is the first of the freedoms. Nigeria is on the list alongside Saudi Arabia, Burma, China, North Korea, Eritrea, Iran, Pakistan, Tajikistan and Turkmenistan. Among the reasons put forward by the USA are the tensions between the Nigerian authorities and the Shiite group of the Islamic Movement in Nigeria, whose demonstrations are regularly violently repressed. The banning of the IMN in 2019 was denounced by the Nigerian Catholic Church as a threat to religious freedom. The report also reports arrests of Muslims for eating in public in Kano State during the Ramadan fast. The blacklisting could result in economic sanctions if Nigeria does not take steps to correct impediments to religious freedom.
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Le Nigeria devrait rouvrir ses frontières prochainement
Le Président du Nigeria, Muhammadu Buhari a déclaré que le Nigeria cherchait à rouvrir ses frontières « dès que possible ». Les frontières terrestres du Nigeria sont fermées depuis le mois d'août 2019 pour limiter l’importation de produits de contrebande et la drogue depuis les États d’Afrique de l’Ouest. Cette décision survient en raison de la récession du pays pour le troisième trimestre de 2020, la deuxième récession en cinq ans au Nigeria. Pour certains observateurs, cette récession économique s’explique en partie par la fermeture des frontières depuis plus d’un an, qui est à l’origine d’une importante inflation.
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Nigeria should reopen its borders soon
Nigerian President Muhammadu Buhari said Nigeria was seeking to reopen its borders "as soon as possible". Nigeria's land borders are closed in August 2019 to stop the importation of contraband products and drugs from West African states. The decision comes in the wake of the country's recession in the third quarter of 2020, Nigeria's second recession in five years. For some observers, this economic recession is partly explained by the closure of borders for more than a year, which has led to high inflation.
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Les personnes âgées, premières victimes civiles des affrontements entre Boko Haram et l’armée nigériane
Dans son rapport publié le 8 décembre, Amnesty International tire la sonnette d’alarme sur la situation des personnes prises entre Boko Haram et l’armée nigériane dans l’État du Borno. Amnesty évoque la double peine pour la population persécutée par les djihadistes, mais aussi victime des violentes exactions de l’armée nationale. Les personnes âgées sont particulièrement touchées, car alors que les plus jeunes fuient, beaucoup restent dans les villages lorsque l’arrivée des djihadistes menace. De ce fait, beaucoup meurent de faim chez eux, ou sont abattus par les djihadistes ou par l’armée qui rase des villages soupçonnés de soutenir Boko Haram. Enfin, Amnesty estime que 10 000 personnes sont mortes en détention depuis 2011. Détenus souvent illégalement, sans jugement et dans des « conditions inhumaines », les hommes âgés représentent 15 à 25% des décès dans les prisons nigérianes du Borno.
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Eldery people are the first civilian victims of the clashes between Boko Haram and the Nigerian army
In its report published on 8 December, Amnesty International alerts about the situation of people caught between Boko Haram and the Nigerian army in Borno State. Amnesty refers to the double punishment for the population persecuted by the jihadists, but also victims of violence at the hands of the national army. Older people are particularly affected, as while younger people flee, many remain in the villages when the arrival of the jihadists threatens. As a result, many die of hunger in their homes, or are shot dead by the jihadists or by the army razing villages suspected of supporting Boko Haram. Finally, Amnesty estimates that 10,000 people have died in detention since 2011. Often held illegally, without trial and in "inhumane conditions", elderly men account for 15 to 25% of deaths in Nigerian prisons in Borno.
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Niger, Nigeria, Burkina Faso et Mali. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables. This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.
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