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Dans la veille + Turquie de cette semaine, nous revenons sur la célébration de la fête de Pâques dans la province de Hatay, touchée par le séisme en Turquie. Ensuite, nous proposons un article sur la pièce de théâtre « Karagöz et Hacivat », un classique du théâtre d'ombres ottoman, notamment pendant le ramadan. Dans une autre perspective, nous mettons en lumière les enjeux des prochaines élections en Turquie, le 14 mai, avec trois scénarios pour les résultats. Aussi, nous nous arrêtons sur le rapprochement turco-grec, notamment à la suite de l’aide humanitaire et technique apportée par la Grèce à la Turquie à la suite du séisme survenu en février. Enfin, nous suggérons un article sur le peuple Laz et sa langue, l’auteur retraçant l’histoire de cette communauté à travers les siècles et en particulier sous l’ère ottomane. In this week's Türkiye Watch+, we look back at the celebration of Easter in the earthquake-affected province of Hatay in Türkiye. Then, we feature an article on the play "Karagöz and Hacivat", a classic Ottoman shadow play, especially during Ramadan. In another perspective, we highlight the stakes of the upcoming elections in Türkiye on May 14, with three scenarios for the results. Also, we focus on the Turkish-Greek rapprochement, especially following the humanitarian and technical assistance provided by Greece to Türkiye after the earthquake in February. Finally, we suggest an article on the Laz people and their language, with the author tracing the history of this community through the centuries and in particular under the Ottoman era.
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L'info phare - Source médiatique
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La messe de Pâques est célébrée dans la province de Hatay, touchée par le séisme en Turquie
Les chrétiens de la province méridionale de Hatay, en Turquie, ont célébré la messe de Pâques ce dimanche, à l'occasion de l'une des fêtes les plus importantes de la foi chrétienne, malgré les graves dégâts causés par les deux tremblements de terre de février dernier. L'église catholique du district d'Iskenderun ayant été détruite par les tremblements de terre, la messe de Pâques a été célébrée dans l'église historique Saint-Pierre (Pierre), la première église troglodyte du monde, qui est restée pratiquement intacte après les secousses. Le père Antuan Ilgit, vicaire général et chancelier épiscopal du vicariat apostolique d'Anatolie, qui a dirigé la messe, a déclaré que la période de préparation de Pâques avait été différente et assez difficile cette année en raison des tremblements de terre. Creusée dans le flanc du mont Staurin, dans la région d'Antakya (Antioche), au début du ministère de l'apôtre Pierre, vers 38-39 après J.-C., l'église troglodyte Saint-Pierre est reconnue comme la toute première cathédrale du monde, selon l'UNESCO. Antakya abrite plusieurs groupes minoritaires tels que les chrétiens orthodoxes syriaques, les catholiques syriaques et les Arméniens. Pour rappel, plus de 50 000 personnes ont été tuées le 6 février lorsque des tremblements de terre de magnitude 7,7 et 7,6 ont frappé de nombreuses provinces du sud et du sud-est de la Turquie. Plus de 13,5 millions de personnes en Turquie ont été touchées par ces tremblements de terre dévastateurs, ainsi que de nombreuses autres personnes dans le nord de la Syrie.
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Easter Mass celebrated in Türkiye’s earthquake-hit Hatay province
Christians in the southern province of Hatay, Türkiye, celebrated Easter Mass on Sunday, one of the most important feasts of the Christian faith, despite the severe damage caused by the two earthquakes last February. Since the Catholic church in Iskenderun district was destroyed by the earthquakes, the Easter Mass was celebrated in the historic St. Peter (Peter) Church, the world's first cave church, which remained virtually intact after the tremors. Father Antuan Ilgit, vicar general and episcopal chancellor of the Apostolic Vicariate of Anatolia, who led the mass, said that the preparation period for Easter was different and quite difficult this year because of the earthquakes. Carved into the side of Mount Staurin in the Antakya (Antioch) region at the beginning of the apostle Peter's ministry, around 38-39 A.D., the cave church of St. Peter is recognized as the world's first-ever cathedral, according to UNESCO. Antakya is home to several minority groups such as Syriac Orthodox Christians, Syriac Catholics and Armenians. As a reminder, more than 50,000 people were killed on Feb. 6 when magnitude 7.7 and 7.6 earthquakes struck many provinces in southern and southeastern Türkiye. More than 13.5 million people in Türkiye were affected by these devastating earthquakes, as well as many others in northern Syria.
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« Karagöz et Hacivat » : Un classique du théâtre d'ombres ottoman pendant le ramadan
Forme d'art très ancienne dans les cultures d'Asie et du Moyen-Orient, les jeux d'ombres font partie des traditions turques depuis des siècles, en particulier pendant le mois sacré du ramadan. Les plus célèbres dans le pays étant « Karagöz et Hacivat », cet héritage a été maintenu en vie à l'époque moderne, mais il a lentement sombré dans l'oubli. À l'aide de leurs structures et de leurs marionnettes, les artistes recréent de nombreux personnages et scènes. Ces spectacles sont souvent accompagnés de musique et de chants traditionnels et racontent des histoires dites exemplaires et des récits mythologiques. La pièce est jouée devant un rideau et mise en scène avec des ombres reflétées sur un écran. « Karagöz et Hacivat » est un spectacle d'ombres traditionnel qui remonte à la période ottomane dans les débits de boissons turcs. On ne sait pas exactement quand et où cette pièce a vu le jour, mais on pense qu'elle a existé en Anatolie dès le XIVe siècle. Les personnages principaux de la pièce sont deux amis, Hacivat et Karagöz. Hacivat est présenté comme intelligent, gentil et honnête, tandis que Karagöz est un personnage naïf, irréfléchi et comique. La pièce est généralement basée sur les dialogues et les aventures de ces deux personnages. Aussi, le thème central de la pièce est l'interaction contrastée entre ces deux amis qui sont les parfaits reflets l'un de l'autre, Karagöz représentant le public analphabète, mais direct et Hacivat la classe éduquée. Hacivat et Karagöz occupent une place importante dans le folklore turc et sont encore aujourd'hui des personnages très appréciés. La pièce a été acceptée comme une forme d'art et a joué un rôle majeur dans l'enrichissement de la langue et de l'humour turcs.
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Karagöz and Hacivat": A classic Ottoman shadow play during Ramadan
An ancient art form in Asian and Middle Eastern cultures, shadow plays have been part of Turkish traditions for centuries, especially during the holy month of Ramadan. The most famous in the country being "Karagöz and Hacivat", this heritage has been kept alive in modern times, but it has slowly sunk into oblivion. Using their structures and puppets, the artists recreate many characters and scenes. These performances are often accompanied by traditional music and songs and tell so-called exemplary stories and mythological tales. The play is performed in front of a curtain and staged with shadows reflected on a screen. "Karagöz and Hacivat" is a traditional shadow play that dates back to the Ottoman period in Turkish drinking establishments. It is not known exactly when and where this play originated, but it is believed to have existed in Anatolia as early as the 14th century. The main characters of the play are two friends, Hacivat and Karagöz. Hacivat is presented as intelligent, kind and honest, while Karagöz is a naive, thoughtless and comic character. The play is generally based on the dialogues and adventures of these two characters. Also, the central theme of the play is the contrasting interaction between these two friends who are perfect reflections of each other, Karagöz representing the illiterate but straightforward public and Hacivat the educated class. Hacivat and Karagöz occupy an important place in Turkish folklore and are still beloved characters today. The play has been accepted as an art form and has played a major role in the enrichment of the Turkish language and humor.
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Turbulences à venir : Trois scénarios pour les élections en Turquie
La Turquie se prépare à une élection cruciale qui décidera de son orientation pour les années, voire les décennies à venir. Alors que l'Alliance nationale, forte de six partis, se prépare à affronter le président Erdoğan le 14 mai, les enjeux ne pourraient être plus élevés. Les électeurs décideront non seulement qui dirigera la Turquie au cours des cinq prochaines années, mais aussi quelle sera la forme du régime, présidentiel depuis la moitié des années 2010. D'un côté, un homme fort est aux commandes, lui et ses alliés les plus proches réélus au sommet de l'État depuis deux décennies. D'autre part, les partis d'opposition et les électeurs n'ont pas jeté l'éponge. Ils ont appris à opérer dans un environnement complexe, à surmonter leurs différences et à forger des agendas communs, et même, parfois, à l'emporter. Les élections locales de 2019 ont débouché sur une victoire éclatante de l'opposition, l'AKP au pouvoir perdant Istanbul et Ankara. Plus important encore, les citoyens turcs ne sont pas arrivés à la conclusion que leur vote n'avait pas d'importance. Selon l’auteur de l’article, ils sont prêts à se rendre massivement aux urnes le jour des élections, que ce soit pour soutenir Erdoğan ou pour voter contre sa politique. Les habitudes démocratiques qui se sont construites au cours de sept décennies sont difficiles à effacer. L’article explore les trois scénarios principaux des élections : victoire éclatante de l’Alliance nationale (opposition), victoire éclatante de l’alliance populaire autour de l’AKP, une victoire serrée, ce dernier scénario pouvant ouvrir la voie à une crise politique dans le pays par d’éventuelles contestations.
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Turbulence ahead: Three scenarios for Türkiye's elections
Türkiye is preparing for a crucial election that will decide its direction for years, if not decades, to come. As the six-party National Alliance prepares to face President Erdoğan on May 14, the stakes could not be higher. Voters will decide not only who will lead Türkiye for the next five years, but also what form the regime, which has been presidential since the mid-2010s, will take. On the one hand, a strongman is in charge, he and his closest allies re-elected to the top of the state for two decades. On the other hand, opposition parties and voters have not thrown in the towel. They have learned to operate in a complex environment, to overcome their differences and forge common agendas, and sometimes even to prevail. The 2019 local elections resulted in a resounding victory for the opposition, with the ruling AKP losing Istanbul and Ankara. More importantly, Turkish citizens did not come to the conclusion that their vote did not matter. According to the author of the article, they are ready to go to the polls in large numbers on election day, whether to support Erdoğan or to vote against his policies. The democratic habits that have been built up over seven decades are difficult to erase. The article explores the three main scenarios of the elections: a landslide victory for the National Alliance (opposition), a landslide victory for the popular alliance around the AKP, and a narrow victory, the latter of which could pave the way for a political crisis in the country through possible protests.
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Une fenêtre pour le rapprochement entre la Grèce et la Turquie
Les relations bilatérales entre la Grèce et la Turquie après les fortes secousses du 6 février semblent indiquer que la diplomatie du tremblement de terre a réussi à rapprocher les deux pays. Mevlut Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, et les médias du pays ont salué l'aide rapide apportée par la Grèce après le tremblement de terre survenu dans le sud-est du pays, notamment l'envoi d'une équipe d'intervention en cas de catastrophe. En outre, le président Recep Tayyip Erdoğan a envoyé un message de félicitations le 25 mars, date qui marque le début de la guerre d'indépendance de la Grèce contre la domination ottomane en 1821, ce qui revêt une importance particulière. Si la contribution de la Grèce aux efforts de sauvetage dans le pays voisin a pu provoquer ce changement soudain de position de la Turquie, elle ne suffit pas à modifier fondamentalement la politique turque. Les dirigeants turcs ont trouvé une occasion unique de modifier leur position à l'égard de la Grèce en utilisant la stratégie imaginative de la réaction ostensiblement émotionnelle provoquée par la position grecque, en la justifiant auprès de l'opposition et de l'opinion publique turques.
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A window for rapprochement between Greece and Türkiye
Bilateral relations between Greece and Türkiye after the strong tremors of Feb. 6 seem to indicate that earthquake diplomacy has succeeded in bringing the two countries closer. Turkish Foreign Minister Mevlut Cavusoglu and the country's media have praised Greece's quick assistance after the earthquake in southeastern Türkiye, including the dispatch of a disaster response team. In addition, President Recep Tayyip Erdoğan sent a congratulatory message on March 25, the date that marks the beginning of Greece's war of independence from Ottoman rule in 1821, which is of particular significance. While Greece's contribution to the rescue efforts in the neighbouring country may have caused this sudden change in Türkiye’s position, it was not enough to fundamentally alter Turkish policy. The Turkish leadership found a unique opportunity to change its position towards Greece by using the imaginative strategy of the ostensibly emotional reaction to the Greek position, justifying it to the Turkish opposition and public opinion.
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La langue laz en ce 100e anniversaire de la République
La langue laz, parlée à l'extrême Est de la région de la mer Noire orientale en Turquie, a continué d'exister dans cette région pendant des milliers d'années. Cette région, qui s'étend du district de Pazar à Rize jusqu'à la frontière avec la Géorgie, est divisée par des vallées profondes et des rivières qui coulent des montagnes jusqu'à la mer Noire ; elle s'appelait autrefois Lazia et plus tard Lazistan. Avec des villages répartis dans les vallées escarpées, des terres arides et maigres, et de petites villes de pêcheurs autour de quelques boutiques appelées « noga », cette région n'a jamais pu produire suffisamment de richesses par l'agriculture ou le commerce pour apporter la prospérité à son peuple. Cette situation a poussé les habitants de la région à migrer vers les grandes villes, principalement vers Istanbul. Le bizantologue Antony Bryer, qui a étudié l'histoire du Laz, décrit brièvement cette situation : « Le destin du peuple Laz a été déterminé par la géographie de son pays. Les montagnes du Lazistan leur permettaient d'une part de protéger leur indépendance, mais les empêchaient d'autre part de se développer davantage dans l'agriculture ou de mener une politique plus développée. » L’article proposé explore l’histoire du peuple Laz et de sa langue.
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The Laz language on the 100th anniversary of the Republic
The Laz language, spoken in the far east of the Eastern Black Sea region of Türkiye, has continued to exist in this area for thousands of years. This region, which stretches from the Pazar district of Rize to the border with Georgia, is divided by deep valleys and rivers that flow from the mountains to the Black Sea; it was once called Lazia and later Lazistan. With villages scattered in the steep valleys, arid and meager land, and small fishing towns around a few stores called "noga", this region has never been able to produce enough wealth through agriculture or trade to bring prosperity to its people. This situation led the inhabitants of the region to migrate to the big cities, mainly to Istanbul. Bizantologist Antony Bryer, who has studied the history of the Laz, describes this situation briefly: "The fate of the Laz people was determined by the geography of their country. The mountains of Lazistan on the one hand allowed them to protect their independence, but on the other hand prevented them from developing further in agriculture or pursuing a more developed politics." The proposed article explores the history of the Laz people and their language.
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme en Turquie. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.
This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Türkiye. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.
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