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L’actualité de la semaine en Turquie a été marquée par les célébrations clôturant le mois de ramadan et la prière de l’Aït el-Fitr dans la mosquée Hagia Sophia, une première depuis 87 ans. Le ministre des Affaires religieuses (Diyanet) Ali Erbaş a à cette occasion prononcé un sermon particulièrement imprégné du contexte actuel et du conflit israélo-palestinien. Sur le volet médiatique, l’actualité a été marquée par la publication par Les Échos d’un édito évoquant l’influence grandissante de la Direction des Affaires religieuses (Diyanet) et sur le rapport du gouvernement turc actuel avec la laïcité telle qu’initialement théorisée par le pouvoir kémaliste. Par ailleurs, Recep Tayyip Erdoğan s’est exprimé cette semaine sur le projet de loi français sur le séparatisme. Le président turc a en effet critiqué la portée de cette loi, mais également la pression que ce texte mettrait sur les ONG à vocation humanitaire. Ce bulletin évoque également un incident relayé par plusieurs sources locales concernant la profanation d’un édifice religieux chrétien chaldéen dans la province de Şırnak au sud-est de la Turquie. Les dégradations de cette église chaldéenne seraient également liées à la disparition d’un couple chaldéen, Şimuni et Hurmüz Diril, qui avaient entrepris la rénovation du patrimoine chrétien chaldéen du village Meer. Alors que le 15 mai marquait « la Journée de la langue kurde », la presse prokurde a relayé une déclaration officielle de l’UNESCO répondant à une sollicitation du Mouvement pour la langue kurde (Hezkurd) pour la reconnaissance de cette langue comme une langue d’enseignement en Turquie. Enfin, les contestations de la société civile turque dénonçant le retrait de la Convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes ont connu un regain de mobilisation à l’occasion des dix ans de la signature de ce traité international qui constitue « un instrument essentiel qui contribue à protéger les femmes de la violence » selon Amnesty International.
The week's news in Turkey was marked by the celebrations closing the month of Ramadan and the Eid-ul-Fitr prayer in the Hagia Sophia Mosque, a first in 87 years. The Minister of Religious Affairs (Diyanet) Ali Erbaş delivered a sermon on this occasion, particularly steeped in the current context and the Israeli-Palestinian conflict. On the media front, the news was marked by the publication of an editorial by Les Echos evoking the growing influence of the Directorate of Religious Affairs (Diyanet) and on the relationship of the current Turkish government with secularism as initially theorised by the Kemalist power. In addition, Recep Tayyip Erdoğan spoke out this week on the French draft law on separatism. The Turkish president criticised the scope of this law but also the pressure that this legislation would put on humanitarian NGOs. This bulletin also mentions a news incident relayed by several local sources concerning the desecration of a Chaldean Christian religious building in the province of Şırnak in south-eastern Turkey. The damage to this Chaldean church is also said to be the result of the disappearance of a Chaldean couple, Şimuni and Hurmüz Diril, who had undertaken the renovation of the Chaldean Christian heritage of the village Meer. As 15 May marked "Kurdish Language Day", the pro-Kurdish press relayed an official statement by UNESO answering a call by the Kurdish Language Movement (Hezkurd) for the recognition of the Kurdish language as a language of instruction in Turkey. Finally, the mobilisations of Turkish civil society denouncing the withdrawal of the Istanbul Convention against violence against women came back to the forefront on the tenth anniversary of the signature of this international treaty which constitutes "an essential instrument that contributes to protecting women from violence" according to Amnesty International.
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L'info phare - Source religieuse
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À l’occasion de la première prière de l’Aïd el-Fitr depuis 87 ans dans la mosquée Hagia Sophia, le ministre des Affaires religieuses Ali Erbaş apporte son soutien à la Palestine
Le 13 mai marquait la fin du ramadan et la prière de l’Aïd el-Fitr dans la mosquée Hagia Sophia après une interruption de 87 ans. Des milliers de fidèles se sont joints à la prière conduite par Ali Erbaş, Chef de la Direction des Affaires religieuses (Diyanet). Erbaş a prononcé le sermon de l’Aïd en tenant un sabre à la main, un yatagan ouvragé dont la lame est gravée d’un verset du Coran, incarnation d’une tradition ottomane et symbole de conquête. À cette occasion, le ministre des Affaires religieuses s’est exprimé sur la situation en Palestine et « la tentative de l’État terroriste d’Israël d’occuper la ville de Jérusalem et la mosquée d’Al Aqsa » [terör devleti İsrail’in, mukaddes belde Kudüs’ü ve Mescid-i Aksa’yı işgal girişimi] et le « pillage » de cette ville « symbole des religions, des langues et des cultures et des civilisations » [dinlerin, dillerin, kültürlerin, medeniyetlerin sembol şehri talan edilmektedir].
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On the occasion of the first Eid-ul-Fitr prayer in 87 years in the Hagia Sophia Mosque, Religious Affairs Minister Ali Erbaş expresses his support for Palestine
May 13 marked the end of Ramadan and the Eid-ul-Fitr prayer in the Hagia Sophia Mosque after an 87-year hiatus. Thousands of worshippers joined the prayer led by Ali Erbaş, Head of the Directorate of Religious Affairs (Diyanet). Erbaş delivered the Eid sermon holding a sword in his hand, an elaborate yatagan with a verse from the Quran engraved on the blade, the embodiment of an Ottoman tradition and a symbol of conquest. On this occasion, the Minister of Religious Affairs spoke about the situation in Palestine and "the attempt by the terrorist state of Israel to occupy the city of Jerusalem and the Al Aqsa Mosque" [terör devleti İsrail'in, mukaddes belde Kudüs'ü ve Mescid-i Aksa'yı işgal girişimi] and the "looting" of this city "symbol of religions, languages and cultures and civilizations" [dinlerin, dillerin, kültürlerin, medeniyetlerin sembol şehri talan edilmektedir].
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[Édito] Le journal Les Échos revient sur l’influence grandissante la Direction des Affaires religieuses en Turquie et à l’étranger
Dans un édito, Jacques Hubert-Rodier est revenu sur le regain d’importance des institutions religieuses dans le pays, avec au cœur de cette expansion, l’influence grandissante de la Direction des Affaires religieuses (Diyanet). Il note à cet égard le budget alloué à l’institution, « le 13ème sur les 40 institutions publiques financées par l’État », qui s’élève à 13 milliards de livres (soit 1,3 milliard d’euros). Le Diyanet emploie en effet 128 000 personnes, gère 90 000 mosquées ainsi que l’enseignement coranique en Turquie, mais aussi à l’étranger.
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[Editorial] Les Echos looks at the growing influence of the Directorate of Religious Affairs in Turkey and abroad
In an editorial, Jacques Hubert-Rodier returned to the renewed importance of religious institutions in the country, with at the heart of this expansion, the growing influence of the Directorate of Religious Affairs (Diyanet). He noted the institution's budget of £13 billion (€1.3 billion), "the 13th largest of the 40 public institutions funded by the state". Indeed, the Diyanet employs 128,000 people, manages 90,000 mosques as well as Koranic education in Turkey and abroad.
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Une église chaldéenne vandalisée dans la province de Şırnak au sud-est de la Turquie
Dans le village de Meer, dans la province de Şırnak au sud-est de la Turquie et à proximité de la frontière irakienne, une église chaldéenne a été délibérément profanée selon plusieurs sources locales. Cette attaque contre l’édifice religieux chrétien est documentée par plusieurs photos montrant des statues et des chapelets de prière jetés au sol, ainsi que des dégradations délibérées. Selon l’agence de presse Mezopotamya, cette attaque est liée à la disparition d’un couple chaldéen, parents d’un prêtre chaldéen, également originaires du village Meer : Şimuni et Hurmüz Diril, qui avaient entrepris la rénovation du patrimoine chrétien chaldéen du village. En janvier, 32 associations syriaques et chaldéennes d’Irak, européennes et américaines, avaient adressé une lettre ouverte aux ministères turcs de l’Intérieur et de la Justice pour demander des investigations sérieuses sur la disparition d’Hurmüz Diril et le meurtre de sa femme.
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Chaldean church vandalized in southeastern Turkey's Şırnak province
In the village of Meer, in the southeastern Turkish province of Şırnak and close to the Iraqi border, a Chaldean church was deliberately desecrated according to several local sources. The attack on the Christian religious building is documented by several photos showing statues and prayer beads being thrown to the ground, as well as deliberate defacement. According to the Mezopotamya news agency, the attack is linked to the disappearance of a Chaldean couple, parents of a Chaldean priest, also from the village of Meer, Şimuni and Hurmüz Diril, who had undertaken the renovation of the village's Chaldean Christian heritage. In January, 32 Syriac and Chaldean associations in Iraq, Europe and the United States, sent an open letter to the Turkish Ministries of the Interior and Justice, calling for a serious investigation into the disappearance of Hurmüz Diril and the murder of his wife.
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Le président Erdoğan critique le projet de loi français contre le séparatisme qu’il qualifie de « coup de guillotine » pour la démocratie française
Lors d’un discours à Ankara ce mercredi 12 mai, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a qualifié le projet de loi contre le séparatisme en France de « coup de guillotine » pour la « démocratie française ». Pour le président turc, cette loi constitue une atteinte aux droits de l’homme, à la liberté de religion et « mettrait les ONG sous pression ». Ces déclarations ont été suivies deux jours plus tard par celles de l’association humanitaire Baraka City annonçant l’installation de ses structures en Turquie. Cette organisation, accusée par le gouvernement français de propager « des idées prônant l’islamisme radical », avait été dissoute en octobre dernier en conseil des ministres.
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President Erdoğan criticizes French anti-separatism bill as a "guillotine blow" to French democracy
In a speech in Ankara on Saturday 12 May, Turkish President Recep Tayyip Erdoğan described the French anti-separatism bill as a "guillotine blow" to "French democracy". For the Turkish president, this law is an attack on human rights, religious freedom and would "put NGOs under pressure". These statements were followed two days later by those of the humanitarian association Baraka City announcing the installation of its structures in Turkey. This organisation, accused by the French government of propagating "ideas advocating radical Islamism", had been dissolved last October by the Council of Ministers.
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En réponse aux revendications du Mouvement de la langue kurde (Hezkurd), l’UNESCO affirme que la demande d’éducation dans la langue maternelle est légitime
Dans un courrier adressé à Madame Stefania Giannini, Sous-Directrice générale de l’UNESCO pour l’éducation, un représentant du Mouvement pour la langue kurde (Hezkurd) a réclamé pour la langue kurde, « menacée en raison de la politique d’assimilation consciente et programmée de la Turquie », une protection juridique pour qu’elle devienne une langue d’enseignement en Turquie. Dans sa réponse officielle à l’association, Mme Stefania Giannini a jugé cette demande légitime et a exhorté les États membres « à soutenir cette diversité à travers le développement du multilinguisme et de l’éducation interculturelle ». L’association Hezkurd a salué cette réponse forte et officielle de la part de l’UNESCO, alors que le 15 mai marquait la célébration par la communauté kurde de la « Journée de la langue kurde », célébrée depuis 2006.
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In response to the demands of the Kurdish Language Movement (Hezkurd), UNESCO affirms that the demand for education in the mother tongue is legitimate
In a letter to Ms Stefania Giannini, UNESCO's Assistant Director-General for Education, a representative of the Kurdish Language Movement (Hezkurd) called for legal protection for the Kurdish language, which is "threatened due to Turkey's conscious and programmed assimilation policy", to become a language of instruction in Turkey. In her official response to the association, Stefania Giannini considered this request as legitimate and urged the member states "to support this diversity through the development of multilingualism and intercultural education". The Hezkurd Association welcomed this strong and official response from UNESCO, as 15 May marked the Kurdish community's celebration of "Kurdish Language Day", which has been celebrated since 2006.
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À l’occasion du 10e anniversaire de la Convention d’Istanbul, la société civile turque se mobilise pour réclamer l’annulation de la décision de retrait
Le 11 mai marquait les dix ans de la signature de la Convention d’Istanbul. À cette occasion, des groupes de défense des droits des femmes et des droits humains se sont mobilisés pour protester contre la décision, prise par le président Erdoğan, de quitter cette Convention internationale sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Pour la secrétaire générale d’Amnesty international, Agnès Callamard, le retrait de la Convention d’Istanbul « aurait pour conséquences des incertitudes, des craintes et de réels dangers pour des millions de femmes et de filles en Turquie ».
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On the 10th anniversary of the Istanbul Convention, Turkish civil society mobilises to demand the cancellation of the withdrawal decision
On 11 May, the 10th anniversary of the signing of the Istanbul Convention, women's rights and human rights groups mobilised to protest President Erdoğan's decision to withdraw from the International Convention on Preventing and Combating Violence against Women and Domestic Violence. For Amnesty International's Secretary General, Agnès Callamard, withdrawing from the Istanbul Convention "would result in uncertainty, fear and real danger for millions of women and girls in Turkey".
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[Conférence] Anna Théodoridès, « Partir ou rester à Polis : La Survie des Grecs d’Istanbul au lendemain des violences de la nuit du 6 au 7 septembre 1955 »
Anna Théodoridès, sociologue rattachée l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) et au Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBac), a présenté ses travaux de recherche sur la minorité grecque d’Istanbul face aux violences de 1955, lors d’une conférence organisée par la Communauté Hellénique de Paris et des Environs et intitulée « Partir ou rester à Polis : La Survie des Grecs d’Istanbul au lendemain des violences de la nuit du 6 au 7 septembre 1955 ». Étienne Copeaux, historien spécialiste du monde turc, a publié sur son site internet Susam-Sokak le texte de cette conférence sur les pogroms anti-grecs d’Istanbul ainsi qu’un article revenant sur la symbolique de la place Taksim.
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[Conference] Anna Theodoridès, "To Leave or to Stay in Polis: The Survival of the Greeks of Istanbul in the Aftermath of the Violence of the Night of 6-7 September 1955
Anna Theodoridès, sociologist attached to the Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) and to the Centre d'Etudes Turques, Ottomanes, Balkaniques et Centrasiatiques (CETOBac), presented her research on the Greek minority of Istanbul in the face of the 1955 violence, during a conference organised by the Hellenic Community of Paris and entitled "To Leave or to Remain in Polis: The Survival of the Greeks of Istanbul in the Aftermath of the Violence of the Night of 6 to 7 September 1955". Etienne Copeaux, historian, specialist of Turkey, published on his website Susam-Sokak the text of this conference on the anti-Greek pogroms in Istanbul as well as an article on the symbolism of Taksim Square.
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme en Turquie. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.
This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Turkey. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.
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