L’exemple d’un pasteur sud-africain présidant une Église amène à nous interroger sur le rapport des religions à l’égard des homosexuels.
L’attitude des monothéismes par rapport à l’homosexualité
Du point de vue théologique, les religions monothéistes en premier lieu ont longtemps condamné l’homosexualité, renvoyant, dans le cas du christianisme, à l’épisode biblique de Sodome et Gomorrhe, villes détruites par le soufre et le feu, victime de la colère divine. De nombreuses pratiques, considérées comme des péchés d’immoralité, y étaient régulièrement commis. « Les habitants de cette ville offensaient gravement le Seigneur par leur mauvaise conduite », raconte la Genèse (13 : 12-13). Des habitants de Sodome s’adonnaient ainsi à l’homosexualité, considérée alors comme une déviance sexuelle. « Vous ne devez pas coucher avec un homme comme on couche avec une femme ; c’est une pratique monstrueuse » (Lév. 18 : 22), est-il ainsi expliqué. A Gomorrhe, certains habitants commettaient des viols. À l’origine, la condamnation de l’homosexualité dans le judaïsme et le christianisme s’appuie donc sur deux textes du Lévitique 18-20, un pan du code de la Sainteté rédigé au Ve siècle avant notre ère : « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme, ce serait une abomination » (18, 22); « Quand un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, […] ils seront mis à mort » (20, 13).
L’amorce d’un dialogue entre les responsables religieux et les homosexuels
Néanmoins, en dépit de cette condamnation originelle, des dialogues ont progressivement été établis avec les personnes homosexuelles, reflétant une plus grande tolérance sociale. Rappelons que l’Afrique du Sud a été ainsi l’un des premiers pays à légaliser le mariage civil homosexuel, le 30 novembre 2006. Les Églises, notamment, ont commencé à prendre acte de cette légalisation et ont parfois entamé des échanges avec les lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et queers (LGBTQ).
L’exemple du pasteur sud-africain Pieter Oberholzer
En 1995, un pasteur gay, Pieter Oberholzer, s’est engagé dans une intense bataille quant à la libre orientation sexuelle dans son Église. Celle-ci refusait, en effet, de l’ordonner en raison de son homosexualité. Il a alors institué un groupe appelé le « Gay and Lesbian Christian Outreach« . Son postulat tient à l’idée que tous les êtres humains sont en mesure de vivre dans l’amour, la paix et l’harmonie ensemble. Son organisation s’est métamorphosée plus tard en « Inclusive and Affirming Ministries (IAM)« . Son ministère a été fondé dans un contexte politique sud-africain tendu marqué par des tensions raciales liées à la ségrégation. L’ambition principale d’Oberholzer était de mobiliser les Églises afin qu’elles s’engagent dans la défense des homosexuels.
L’IAM considère que le patriarcat et le fondamentalisme religieux sont nuisibles au processus démocratique et à la liberté des personnes, en premier lieu en Afrique. L’organisation veut, par conséquent, s’investir d’un rôle de catalyseur afin de réaliser son programme et d’essayer de diminuer l’homophobie et les préjugés alimentés par les communautés religieuses à l’égard de l’orientation sexuelle.
L’ambivalence des religions par rapport à la cause gay
À travers cet exemple l’on peut percevoir l’évolution positive d’un courant du protestantisme par rapport à l’homosexualité. Néanmoins, force est d’admettre que les religions alimentent encore souvent l’homophobie, comme l’illustre, par exemple, de manière paroxystique, les assassinats de gays perpétrés par Daesch.
Image : By Ludovic Bertron from New York City, Usa, CC BY 2.0