Une fois n’est pas coutume, le tube de l’année 2020 est…un chant chrétien, en zoulou qui plus est : « Jerusalema ».
En effet, « Jerusalema » est une prière qui demande pardon et protection à Dieu. « Jérusalem est ma maison, protège-moi ! » est ainsi répété tout au long du refrain. Ce titre est le fruit d’une collaboration entre la chanteuse catholique Nomcebo Zikode et le DJ Master KG, deux Sud-Africains. On le remarque peu au départ, mais tout change pendant l’été 2020. Il se répand alors à la vitesse des réseaux sociaux, accompagné d’une danse de fans angolais que chacun est invité à reproduire.
Sur YouTube, en décembre 2020, la vidéo du clip totalise plus de 260 millions de visionnages. Auxquels s’ajoutent les innombrables vidéos de personnes dansant en rythme dans le monde entier. Le titre fait la fierté des Sud-Africains et de l’ensemble du continent. Religieux italiens, moniales espagnoles, étudiants et parlementaires kényans, mais aussi personnel hospitalier (soignant ou non), policiers, anonymes, tous s’y sont mis. Parfois équipés de l’accessoire de l’année : le masque.
En France, des policiers et des soignants de Nancy y ont vu une manière de rassembler leurs concitoyens. Ils se sont filmés en train de danser sur la place Stanislas, avec le message suivant : « Vous voulez défier le personnel soignant, les forces de l’ordre ? Faites-le en dansant. ». À Madagascar, l’artiste a chanté et dansé son hymne en compagnie des enfants du village d’Akamasoa, où œuvre le très apprécié Père Pedro, à la fin du mois de novembre 2020.
La chanson a séduit pour son rythme, mais aussi pour son caractère spirituel, qui transparaît malgré la barrière linguistique. Des internautes ou artistes ont également diffusé des reprises en anglais, français, italien et kikuyu. Croyants ou non, nombreux sont ceux pour qui la chanson et la danse ont été une bouffée d’oxygène et de bonne humeur. À l’heure des confinements, des voyages ou rassemblements impossibles, des craintes pour l’emploi et la santé. Alors que les nationalismes, le repli, le terrorisme et les fractures internes menacent nombre de pays, ces vidéos furent une respiration. Le succès planétaire de « Jerusalema » a permis de « faire communauté » et de se sentir une appartenance commune via internet. Au moins le temps d’un été.
Image : Louange (auteur : Valeria Rodrigues), 2009, Licence libre.