Le « péché originel » de la répartition des territoires
Le nouveau président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a appelé cela le « péché originel ». La situation remonte à 1913, année durant laquelle a été votée la loi « Native Land Act » qui réservait 7 % du territoire aux populations noires. Elle leur interdisait, en outre, d’acquérir ou de louer de la terre ailleurs que dans les « aires indigènes réservées ». Ces dernières sont les bantoustans, terres attribuées aux populations de couleur, du système d’apartheid. Cette ségrégation juridique avalisait une politique de fait qui avait progressivement dépossédé les fermiers noirs, les enfonçant progressivement dans un prolétariat contribuant un peu plus à les déraciner, et les forçant, de surcroît, à travailler comme main d’œuvre bon marché dans les mines d’or et de diamants.
Le spectre de l’apartheid toujours présent
L’ANC (African National Congress), le parti de Mandela qui a combattu l’apartheid et qui est aux rennes du pouvoir depuis 1994, était relativement pusillanime sur la question des terres qu’elle avait, en partie, éludée. Vingt-quatre ans après la fin du régime raciste, il n’existe toujours pas de données claires et fiables quant aux détenteurs des terres. L’Agri SA, un groupe industriel, estime que 73,3 % des terres sont possédées par des Blancs qui représentent 8,4 % de la population.
Une problématique spécifique à l’Afrique australe
Ce problème est particulier à toute l’Afrique australe, où les anciens colons ont établi des cadastres très précis. Peu après l’indépendance du Zimbabwe en 1980, Robert Mugabe avait promis des terres aux combattants, mais la mise en œuvre s’est révélée difficile. Et pourtant, presque tous les fermiers blancs qui avaient fait du pays le grenier de l’Afrique australe furent chassés avec brutalité et Mugabe devint, dans toute l’Afrique, le héros «qui a osé chasser les Blancs». N’ayant ni les compétences ni les capitaux pour gérer une agriculture moderne et nourrir 15 millions d’habitants, la faim a fait son apparition et l’économie s’est effondrée.
Cet énième épisode soulève le défi du vivre ensemble dans la nation arc-en-ciel.
Image : Transkei, Cultural Fashion or Adornment from South Africa by