La pandémie du Coronavirus a touché de nombreux pays dans le monde, dont l’Algérie. A ce jour, 6067 cas ont été recensés et 515 décès.
Les autorités publiques ont pris plusieurs mesures afin de faire face à la propagation du virus. Dans ce sens, elles ont mis en place un couvre-feu de 15h à 7h du matin dans neuf wilayas et de 19h à 7h du matin dans les autres. Le 4 avril, la commission scientifique nationale de veille et de suivi de l’épidémie du Covid-19 a étendu ces mesures à l’ensemble du territoire. Elles ont ensuite été prolongées jusqu’au 29 mai au minimum, soit après la fin du mois de Ramadan. Ce dernier a débuté le 24 avril et prendra fin avec aïd al fitr le 23 ou le 24 mai. Ceci impacte les manifestations et rites religieux.
La fermeture des mosquées
En effet, les autorités publiques ont pris la décision de fermer les mosquées, le 17 mars. Cette décision a soulevé l’indignation de certains salafistes. Certains ont délivré des fatwas contre la fermeture des mosquées. Ils ont également organisé des prières collectives sur les toits d’immeubles et dans des garages. En réponse, le 19 mars, le ministre des Affaires religieuses et des waqfs, Youssef Belmehdi a rappelé que toute intervention religieuse devait être soumise à une autorisation préalable de son ministère.
Il a également précisé, le 30 avril, que, malgré la réouverture de certaines activités nécessaires à la reprise d’une activité économique, les mosquées resteraient fermées. Toutefois, pour pallier à l’absence de manifestations religieuses collectives, son ministère a élaboré une solution virtuelle. Les imams diffusent depuis le début du confinement leurs prêches à travers des haut-parleurs. Désormais, ils utilisent aussi des plateformes virtuelles. Ils sont présents sur les réseaux sociaux. Ils préparent des cours religieux à distance et mettent en place un programme alternatif sur la préparation des compétitions religieuses. Le ministère a également annoncé le lancement du service de fatwa électronique pour répondre aux questions religieuses des croyants.
Le Ramadan perturbé
Certaines tergiversions avaient eu lieu au sujet d’une éventuelle annulation du Ramadan. En effet, des scientifiques avaient avancé l’argument d’un affaiblissement probable du système immunitaire. Toutefois, le ministre des Affaires religieuses a tranché pour le maintien du Ramadan. Or, la fermeture des mosquées empêche les prières du Tarawih. Il s’agit de prières quotidiennes du soir exécutées après celles de Isha pendant le mois de Ramadan.
En dehors de la pratique strictement religieuse, le mois de Ramadan est également un mois de sociabilisation. Il s’agit du rare mois où les Algériens de tous âges ont pour habitude de se retrouver après la rupture du jeûne, d’effectuer des sorties nocturnes et/ou d’assister à des événements culturels. Cette année, il n’y aura ni sortie nocturne, ni veillée familiale.
L’Aïd el fitr confiné
Le 13 mai, la commission ministérielle de la fatwa a émis un avis religieux. La prière d’Aïd el fitr s’effectuera à domicile, avec les membres d’une même famille ou individuellement.
Le comité scientifique du suivi du Covid-19 a préconisé un confinement total durant les jours d’Aïd el fitr. Même si le gouvernement n’a pas suivi cette préconisation, il a tout de même opté pour un durcissement du confinement actuel. En effet, le 18 mai, il a décidé d’instaurer un confinement de 13h à 7h le lendemain. Il prévoit également l’interdiction de la circulation de tous les véhicules entre les wilayas et à l’intérieur des wilayas durant ces deux jours. Des sanctions sont prévues en cas de défaut de port de masque.
Les autres rites perturbés
La pandémie empêche les musulmans de pratiquer un autre rite : la ‘omra. il s’agit du petit pèlerinage à la Mecque, qui a lieu généralement pendant le Ramadan. En effet, l’Arabie saoudite a fermé les lieux saints musulmans.
Enfin, le Covid-19 a empêché un autre aspect des rites musulmans : la pratique des rites funéraires. En effet, en raison du risque de contamination, certaines personnes décédées n’ont pas pu en bénéficier.
Ces mesures de confinement restreignent l’exercice collectif de la liberté religieuse. Elles posent également la question du rapport entre loi étatique et loi religieuse, entre politique et religieux.