L’ouvrage intitulé « Le statut juridique des non-musulmans en Algérie » [1] de Zohra Aziadé Zemirli est paru aux éditions L’Harmattan, en novembre 2020.
L’auteure, juriste et docteure en droit comparé, l’a rédigé sur la base de sa thèse de doctorat [2] soutenue en 2018 à l’École doctorale de droit comparé de la Sorbonne.
Cette thèse a reçu une mention spéciale du jury de l’Institut d’étude de l’Islam et des Sociétés du Monde Musulman (IISMM) et du Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) du CNRS « Moyen-Orient et mondes musulmans » pour le prix 2019 de la thèse francophone sur le Moyen-Orient et les mondes musulmans.
L’ouvrage, portant sur la situation antérieure à 2019, donne des clés d’explication quant aux origines du mouvement de protestation populaire, hirak. Les principaux mots d’ordre de ce mouvement sont changement de régime et fondation d’un État civil. Ses partisans renvoient aux notions de citoyenneté et d’égalité dans le respect de la diversité.
Pluralité religieuse
Ce livre montre le contrôle important de l’État algérien sur la société ainsi que le champ religieux.
Si la société algérienne est majoritairement sunnite de rite malékite, elle est tout de même marquée par une pluralité religieuse. En effet, la présence minoritaire des catholiques et des juifs fait partie de son histoire. Celle des protestants s’est fait connaître en 2004, après une campagne de presse rapportant des conversions massives vers l’évangélisme. Les ahmadis, eux, sont apparus dans le paysage juridique en 2016, après une série d’arrestations et/ou de condamnations.
Liberté religieuse et État de droit
À travers l’étude du statut juridique des Algériens non-musulmans, ce travail interroge la liberté religieuse et l’État de droit. Il ne se limite pas à une exégèse des textes législatifs. L’analyse de la jurisprudence est déterminante pour connaître le statut et la situation effective de la religion dans un pays. Or, en Algérie, l’accès à la jurisprudence est compliqué en raison de la non-publicité des décisions de justice. L’auteure a dû, donc, aller à la quête de ces documents. En ce sens, elle a effectué des enquêtes de terrain et mené de nombreux entretiens. L’ouvrage étudie ces décisions, aussi bien pénales qu’ayant attrait au droit de la famille. En effet, il analyse les infractions de prosélytisme et d’atteinte aux préceptes de l’islam au regard du droit algérien et des engagements internationaux de l’Algérie. Ces mêmes normes servent aussi de base pour l’étude du droit de la famille. Zohra Aziadé Zemirli évoque aussi bien le mariage de la musulmane et du non-musulman que les causes de divorce. Elle présente également les conséquences civiles en cas d’apostasie, vis-à-vis du droit de succession.
Ainsi, il ressort de cet ouvrage que l’islam sert de référent identitaire dans une Algérie rejetant toute forme religieuse stigmatisée comme étrangère à sa société.
Notes
[1] ZEMIRLI, Zohra Aziadé, Le statut juridique des non-musulmans en Algérie. L’exemple des évangéliques et des ahmadis, Le Droit aujourd’hui, L’harmattan, 2020, 470p.
[2] ZEMIRLI, Zohra Aziadé, Le statut juridique des minorités religieuses en Algérie, thèse soutenue le 22 juin 2018 sous la direction de Nathalie Bernard-Maugiron, École doctorale de droit de la Sorbonne, Paris 1
Image : Couverture de l’ouvrage, Rym Boudjemaa