Chaque année, les pèlerins musulmans du monde entier ayant la capacité physique, mentale et financière se rendent en Arabie Saoudite afin d’accomplir le grand pèlerinage à la Mecque : le hajj, lors du mois de Dhull Hijja. Cette année, les pèlerins comoriens, tout comme ceux n’étant pas de nationalité saoudienne ou résidant en Arabie, ne pourront pas s’y rendre.
La pandémie de Covid-19 : un obstacle pour l’accomplissement du hajj
Le directeur général de l’agence nationale comorienne du hajj a tenu une conférence de presse ce 24 juin 2020. Les Comoriens qui avaient réservé leur billet et leur séjour pour la Terre Sainte de la Mecque ne pourront s’y rendre pour les raisons « que tout le monde connaît ».
L’annulation du hajj impacte non seulement les foyers comoriens modestes qui avaient économisé pour un membre de leur famille devant se rendre à la Mecque mais également l’Arabie Saoudite qui souhaite organiser un pèlerinage dans de bonnes conditions sanitaires et qui verra son économie chuter en raison de la pandémie.
Cette annulation permettrait de limiter la propagation du Covid-19, le pèlerinage se faisant en plusieurs étapes. Les pèlerins se croisent énormément et les mesures barrières ne seraient pas suffisantes pour endiguer la propagation. Lors du pèlerinage, les musulmans sont invités à se rendre sur le mont Arafat, puis à Mouzdalifa et à Mina sans compter la circumambulation autour de la Kaaba (tawaf). Toutes ces étapes pourraient accroître le nombre de contaminés, d’où la décision d’annulation.
Le hajj : un pilier de l’islam pour le musulman et l’accomplissement d’une vie pour le comorien
Dans la culture comorienne, l’homme et la femme sont considérés comme étant « accomplis » après être passés par différentes étapes. Tout d’abord, le mariage religieux (al nikkah) suivi du mariage traditionnel nommé Anda ou Ndola nkuu (grand mariage dans la tradition coutumière). Ce grand mariage extrêmement coûteux d’abord réservé aux familles de notables dans la région swahili et obligatoire pour les ainé(e)s de chaque fratrie s’est étendu à toute la population comorienne.
Après ce grand mariage donnant aux hommes le privilège de se tenir dans les premières rangées de la mosquée (sâff al Awal) lors de la prière et de s’exprimer en public dans la cité, c’est le pèlerinage qui devient le dernier but à accomplir. C’est un des cinq piliers de l’islam avec l’attestation de foi (shahada), la prière (sâlat), le jeûne du mois de Ramadhan (siyyam) et l’aumône (zakat).
L’annulation du pèlerinage cette année vient non seulement empêcher les croyants d’accomplir un devoir obligatoire si les moyens sont présents mais vient aussi chambouler toute une structure sociale basée sur l’élévation de l’homme et la femme par étape ; étape dont le hajj bien qu’intervenant en dernier lieu reste un pilier de la société comorienne.
Image : par Adli Wahid de Pixabay