À quelques jours des élections législatives anticipées (09 décembre 2018), l’heure est au bilan pour le Premier ministre Nikol Pachinian.
Nikol Pachinian est arrivé au pouvoir à la suite d’une « révolution pacifique », la révolution de velours, qui a destitué le dirigeant de longue date de l’Arménie, Serge Sarkissian. Depuis lors, il était à la tête du petit pays caucasien. À la suite d’une manœuvre politique, il a pourtant annoncé sa démission en octobre afin de pouvoir convoquer des élections législatives anticipées. En effet, malgré son élection à la suite de la révolution, l’homme ne contrôle pas le Parlement, encore acquis au Parti républicain de Serge Sarkissian.
Nikol Pachinian défend l’action de son gouvernement
Le magazine « Nouvelles d’Arménie » revient donc sur le bilan de Nikol Pachinian à la veille d’élections décisives dans le pays. Ainsi, il revendique le lancement d’une campagne de répression contre la corruption et la lutte contre les fraudes lors des élections locales. Il met également en avant la réussite de la révolution: « Il n’y a qu’une conclusion à tirer de cela : en République d’Arménie, le pouvoir a été pleinement rendu au peuple ».
Concernant l’industrie minière, Pachinian a défendu l’action de son gouvernement. En effet le pays connaît une récession des investissements étrangers due à la récente fermeture forcée de deux grandes entreprises minières. En cas de victoire, l’homme politique a annoncé qu’il lutterait pour une « révolution économique », afin de faire de l’Arménie un pays industrialisé et basé sur la nouvelle technologie.
Une victoire annoncée pour le Premier ministre Pachinian
« Nous espérons obtenir un vote de confiance de notre peuple et une majorité au Parlement » a déclaré Pachinian à des journalistes. Effectivement, l’alliance autour de l’homme politique devrait remporter assez largement les élections législatives. Des élections déjà qualifiées par Piotr Switalski, chef de la délégation de l’UE à Erevan, comme « les plus démocratiques de l’histoire du pays […] dans un climat politique totalement inédit ».
Une campagne sur fond de tensions avec le Haut-Karabagh
Nikol Pachinian a accusé le jeudi 29 novembre 2018 plusieurs responsables de la République du Haut Karabagh d' »ingérence » dans la campagne en cours pour les législatives anticipées. La République autoproclamée est revendiquée par l’Azerbaïdjan et peuplée majoritairement d’Arméniens. Les tensions sont fortes et le sujet très sensible dans la campagne. Un proche collaborateur de Pachinian a déclaré le 26 novembre que la révolution de velours avait été plus importante que la victoire arménienne contre l’Azerbaïdjan dans la guerre de 1991-1994, et au delà plus importante que le Mouvement Karabagh, qui a donné naissance à l’Arménie indépendante.
Cette déclaration a suscité de nombreuses réactions indignées à Stepanakert (Haut-Karabagh) ce qui a obligé Pachinian à répondre avec véhémence lors d’un discours. Il a ainsi accusé les autorités de la petite République d’avoir délibérément déformé les propos prononcés, et surtout de faire le jeu de l’ancien parti au pouvoir à Erevan. « Honnêtement, je ne comprends pas l’attitude des représentants de la République du Haut-Karabagh ces jours derniers », a déclaré Pachinian en ajoutant : « Pourquoi ont-ils jugé utile de se manifester de la sorte ? Pourquoi font-ils ces différents commentaires ? Et pourquoi tentent-ils de se mêler de la campagne pour les législatives d’Arménie et de se manifester ainsi sur la scène politique ».
Un lien fort existe entre les autorités des deux républiques, lié à leur histoire commune. Ainsi Pachinian s’était rendu le lendemain même de son élection dans le Haut-Karabagh pour affirmer son soutien aux autorités locales. Pourtant, malgré l’attachement des Arméniens à cette région, le Karabagh est souvent vu comme un « fardeau ». C’est d’ailleurs l’utilisation de ce mot qui avait coûté son siège en 1997 au Président arménien L. Ter Petrossian. Ses successeurs ont ensuite été deux natifs du Haut-Karabagh (R. Kotcharian puis S. Sarkissian) avec évidemment un grand attachement à la question. L’arrivée au pouvoir de Pachinian, sans lien aussi fort avec la région, fait craindre aux autorités de la petite république disputée de ne plus bénéficier d’un soutien aussi fort de la part de l’Arménie et donc d’une protection pour sa population, à tord ou à raison.
Image : Nikol Pashinyan, Freedom Sq (Opera), Yerevan. By Yerevantsi. Wikicommons CC BY-SA 4.0