Le nord de l’Etat de Rakhine, en Birmanie, est difficile d’accès pour nombre de médias et observateurs internationaux. C’est là que vit la minorité Rohingya, décrite comme l’une des plus persécutées au monde. L’hebdomadaire français Le Point publie un reportage sur la condition des femmes Rohingyas, particulièrement touchées par la répression.
Les femmes Rohingya : bannies parmi les bannis
En octobre 2016, l’armée birmane a lancé une opération militaire principalement dirigée contre les Rohingyas, à la suite d’attaques meurtrières contre des postes-frontières. De nombreuses femmes Rohingyas déclarent avoir été victimes de violences sexuelles de la part des soldats.
Dans de nombreux cas, ces femmes ont également été abandonnées par leur mari. Selon eux, elles sont coupables car elles n’ont « pas fui ». Ces hommes considèrent que leur femme ont donc une grande part de responsabilité dans ce qu’elles ont subi. Certains d’entre eux se sont remariés. Afin de ne pas être rejetées, certaines femmes ont renoncé par conséquent à porter plainte.
Le viol : une arme de guerre
Selon des ONG de défense des droits de l’Homme installées en Birmanie, le viol est depuis longtemps utilisée comme une arme de guerre par l’armée birmane. Elle y aurait recours dans tous les conflits ethniques qui secouent le pays. Selon l’ONU, le viol fait partie de la « politique de la terreur » de l’armée birmane.
Déception autour de la Prix Nobel de la Paix
Depuis que la Ligue Nationale pour la Démocratie (NLD) a remporté les élections en 2015, les regards – nationaux et internationaux – se tournent vers sa leader, Aung San Suu Kyi. L’ex-opposante à la junte avait concentré autour d’elle de grands espoirs de réconciliation nationale. Cependant, la gestion de son gouvernement de la crise des Rohingya dans l’Etat Rakhine déçoit beaucoup.
Aung San Suu Kyi a vigoureusement rejeté le terme de « génocide » à l’encontre des Rohingya, appellant la communauté internationale à ne pas tomber dans « l’exagération ». Cependant, elle se refuse à commenter avec précision la situation actuelle des Rohingyas. Des centaines de milliers de réfugiés vivent dans des camps en Birmanie et au Bangladesh dans des conditions déplorables. Beaucoup d’entre eux risquent d’ailleurs leur vie sur la mer d’Andaman en tentant de rejoindre les côtes bengali.
Des ONG comme Fortify Rights rapportent depuis des années une persécution de la part de nombreux bouddhistes et de l’armée birmane contre la minorité musulmane Rohingya. Toutefois, la « Dame de Rangoun » a récemment refusé la tenue d’une enquête onusienne sur les exactions commises à l’encontre des Rohingyas.
Selon les observateurs, les conditions de vie des Rohingyas se dégradent et il est possible qu’un processus de génocide soit en cours. De nombreuses ONG cherchent donc aujourd’hui à faire valoir l’extrême urgence de la situation et la nécessité d’une réaction internationale forte.
Image : Project Einstein, bangladesh, kutupalong camp, rohingya, refugees,new words media, Par Digital Democracy, Flickr, CC BY-NC-SA 2.0