2017 a été une année noire pour les personnes LGBT au Brésil. Comme le révèle l’ONG Grupo Gay de Bahia, à travers le quotidien britannique The Guardian, 445 personnes LGBT sont décédées en raison de violences homophobes. Ce nombre est en hausse de 30 % par rapport à 2016 et marque un triste record en la matière. Parmi ces victimes, 387 ont été assassinées et 58 se sont suicidées. Les auteurs de l’étude l’explique par un climat de haine envers les personnes LGBT toujours plus prégnant.
En effet, selon Luiz Hott, président de l’ONG Grupo Gay de Bahia, ce climat est généré par le discours tenu au sein des instances politiques et médiatiques. Au Parlement, les propos hostiles à l’égard des personnes LGBT d’élus ultraconservateurs, liés à l’Eglise évangélique, résonnent avec toujours plus de force. Dans les médias, et notamment sur les chaines TV contrôlées par l’Eglise évangélique, l’homosexualité est décriée et souvent assimilée à un crime. Au Brésil, les propos homophobes ne sont d’ailleurs pas pénalement répréhensibles.
Inquiétudes pour l’avenir
Le fait est que les politiques visant à protéger les personnes LGBT et à réduire le discours homophobe dans la société, menées notamment sous les présidences de Lula et Dilma Rousseff, ont été abandonnées depuis l’arrivée au pouvoir de Michel Temer au cours de l’été 2016. Depuis lors, le gouvernement a pris un visage néoconservateur. Les ministères chargés de défendre les minorités ont été supprimés ou ont vu leurs budgets coupés drastiquement. Comme il a été démontré, suite à cela, les violences envers les personnes LGBT se sont multipliées.
Et l’avenir n’augure rien de bon. 2018 constitue une année charnière pour le Brésil et pour les droits des personnes LGBT. Bien que Lula soit en tête des sondages et fait office de favori pour l’élection présidentielle qui doit se tenir en octobre, ses problèmes judiciaires peuvent le rendre inéligibles. Le candidat de l’extrême-droite, ultraconservateur et homophobe revendiqué, Jair Bolsonaro, est un acteur politique qui va jouer dans la campagne. Même s’il n’est pas très bien placé dans les sondages, son discours rassemble de plus en plus de monde et fait craindre le pire aux personnes LGBT.
Image : 16° Parada Gay de São Paulo, By André Rossi, Flickr, CC BY 2.0