Lancée le mardi 7 novembre à Brasilia afin d’attirer l’attention du gouvernement et des parlementaires, la campagne Vidas Negras (Vies noires) a pour objectif de mettre en lumière les violences commises à l’encontre des Noirs. Au Brésil, ils représentent 54 % de la population totale et pourtant, un individu noir a 12 fois plus de chances d’être assassiné qu’un Blanc. Selon les données de l’ONU, toutes les 23 minutes un jeune Noir est assassiné. Entre 2005 et 2015, le taux d’homicides de ce groupe a augmenté de 18 % quand celui du reste de la population baissait de 12 %. Selon les organisateurs de la campagne, le premier motif de ces violences est le racisme, comme nous le rapporte l’agence généraliste Agência Brasil, à travers le magazine hebdomadaire Istoé.
Lors du lancement de la campagne, l’avocat Daniel Teixeira a utilisé des mots très durs pour interpeller les autorités : « Le dernier génocide qu’a connu l’Europe, c’était en Bosnie, où 8 500 sont mortes en 1995. Lorsqu’on parle des jeunes Noirs assassinés (au Brésil), on parle du triple par an. » En outre, une étude du bureau des politiques de promotion de l’égalité raciale du gouvernement fédéral a montré que 56 % des personnes interrogées étaient moins choquées par la mort d’un individu noir que par la mort d’un individu blanc.
Nécessité d’agir
Les organisateurs espèrent alerter suffisamment les autorités afin qu’une véritable politique publique visant à la réduction de la discrimination raciale soit menée. Jacira da Silva, membre du Movimento Negro Unificado (le Mouvement noir unifié), souhaite que tous les secteurs de la société soient concernés, et notamment ceux où les actes de racisme sont les plus visibles, comme le marché du travail ou l’école. Les programmes de discrimination positive comme les quotas à l’université sont un premier pas, mais il faut faire encore plus pour résoudre le problème, d’après Luana Ferreira, du ministère des Droits de l’Homme.
Les recherches de Kelly Quirino, de l’université de Brasilia, ont montré que pour réduire ces violences il était nécessaire de réformer en premier lieu les politiques anti-drogues, qui causent la mort des personnes les plus défavorisées parmi lesquelles les Noirs sont surreprésentés. Le désarmement des policiers est aussi une nécessité. Les polices sont en effet surarmées et disposent la plupart du temps de fusils mitrailleurs en plus de pistolets, ce qui engendre un grand nombre de bavures. Au Brésil, le « melting-pot », souvent montré en exemple, est donc loin d’être une réalité.
Image : By Mídia NINJA, Flickr, CC BY-SA 2.0