Le Sénat brésilien va prochainement étudier une proposition de loi issue de la société civile visant à considérer le funk, genre populaire de musique, comme crime de santé publique. Cette proposition émane d’un programme de démocratie participative qui permet aux citoyens de suggérer des lois. Si ces suggestions recueillent plus de vingt mille signatures, elles sont alors examinées par le Sénat.
Selon cette suggestion, les bailes, les grands événements où ce genre musical est joué, sont le lieu de tous les vices (esclavage sexuel, vols, consommation de drogues…). Ils permettraient aux criminels, pédophiles, et trafiquants en tout genre d’atteindre des populations souvent jeunes. L’auteur de cette proposition souhaite donc criminaliser les évènements célébrant cette « fausse culture », selon ses termes.
Conservatisme et hiérarchisation des cultures
Selon le site d’information brésilien, Brasil de Fato, positionné à gauche, cette proposition traduit un racisme généralisé envers les cultures des classes populaires. Le Funk est en effet très présent au sein des classes sociales les moins favorisées, classes sociales parmi lesquelles les populations noires sont très souvent surreprésentées. Or, les événements funk génèrent quantité de « petits boulots » qui permettent aux familles les plus défavorisées de s’offrir les besoins de première nécessité.
Néanmoins, au sein de la société, ils ne font pas l’unanimité. La police brésilienne fait d’ailleurs tout pour perturber la bonne conduite des évènements. Quand des incidents interviennent, ils n’hésitent pas en outre à dénoncer la mauvaise organisation qui mène forcément à des violences. Bien que la proposition devrait être rejetée par le Sénat, cette stigmatisation du funk, comme de la samba ou de la capoeira dans leurs temps, illustre bien le bond conservateur que connaît le Brésil depuis l’arrivée du Président Michel Temer au pouvoir.
Image: By Alex Carvalho, Flickr, CC BY-SA 2.0