Suite à la décision, vendredi dernier (15 septembre 2017), du juge fédéral Waldemar Cláudio de Carvalho, le traitement psychologique des personnes homosexuelles a été autorisé. Désormais, les psychologues pourront tenter d’inverser l’orientation sexuelle des personnes LGBT par des thérapies. Cette décision est intervenue malgré l’opposition du Conseil Fédéral de Psychologie (CFP), qui a autorité sur les professionnels cette branche. Ce conseil avait indiqué dans une résolution de 1999 qu’il n’était pas du ressort des psychologues de chercher à réorienter ou traiter les personnes homosexuelles. Dans un communiqué en réponse à la décision, le CFP a affirmé que cette action « représente une violation des droits de l’Homme et ne dispose d’aucune base scientifique ». Au Brésil, l’homosexualité n’est plus considérée comme une pathologie depuis 1985.
Un des arguments des psychologues favorables à la décision est que la recherche sur les traitements de l’homosexualité n’était pas permise avant cela. L’avocat de ces professionnels a commenté à la Folha de Sao Paulo, quotidien brésilien réputé pour sa neutralité, que les personnes homosexuelles « n’étaient pas nés gays ». Parmi les signataires du document préalable demandant cette décision, la psychologue et évangélique Rozangela Justino, radiée de l’ordre des psychologues par le CFP, qui a affirmé dans une interview à la Folha en 2009 avoir traité des centaines de « patients » homosexuels.
Stigmatisation et grand bond en arrière
Le président du CFP s’est montré très critique envers la décision qui porte un coup à l’autonomie de l’entité et ouvre la voie à plus de persécutions envers les personnes homosexuelles. En effet, ces dernières sont déjà les victimes de nombreuses violences – physiques et psychiques – dans ce pays de plus de deux cent millions d’habitants. Le président de l’Alliance Nationale LGBTI entend cette action comme un coup porté à l’avancée des droits des LGBT. Ce groupe envisage en outre de défendre sa cause devant la commission interaméricaine des droits humains, basée à Washington.
Au Brésil, cette décision s’inscrit dans un contexte plus global de retour à une politique conservatrice depuis l’arrivée au pouvoir de Michel Temer, en août 2016. A partir de là, les actions en faveur des droits des minorités ont été suspendues ou ont souffert d’importantes coupures budgétaires. La décision du juge fédéral suscite déjà l’émoi dans la population et notamment dans la communauté LGBT, très active sur les réseaux sociaux. Un mouvement de contestation a d’ailleurs déjà été lancé.
Image : By Mariana Soares, Flickr, CC BY 2.0