Depuis plusieurs années, le Brésil connaît de fortes tensions avec les communautés autochtones (indígenas), les paysans sans terre et les travailleurs et travailleuses agricoles. La lutte contre les multinationales repose sur de nombreux griefs.
Droits des populations et environnement
Les problèmes concernent notamment mais pas uniquement l’Amazonie. Le Cerrado (savane) est aussi concerné. En effet, le déboisement se poursuit, de plus en plus avec l’accord des autorités. Cela permet à des multinationales d’exploiter les terres. La question se pose aussi lors de la construction de barrages, qui inondent des terres agricoles ou appartenant à des communautés indígenas.
Dans leur lutte contre les multinationales, les associations civiles et les ONG dénoncent des atteintes répétées aux droits de l’Homme et à l’environnement.
Vers un instrument international contraignant ?
À Genève, le Conseil des droits de l’Homme travaille depuis 2015 à un « instrument juridiquement contraignant sur les sociétés transnationales et autres entreprises et les droits de l’Homme ». La troisième session de discussions s’est tenue du 23 au 27 octobre 2017.
De nombreuses ONG, associations et organisations syndicales étaient présentes. Le mouvement des victimes des barrages (Movimento de Atingidos por Barragens, MAB), le Mouvement mondial des femmes et le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra, MST) étaient présents pour une manifestation sur la place des Nations, en face du Palais des Nations (ONU).
Ces groupes brésiliens ont notamment rappelé que la voix des populations n’est pas écoutée. De plus, rien qu’en 2016, 64 paysans ont été assassinés au Brésil pour leur lutte contre les multinationales. De nombreux militants sont aussi menacés. Les chiffres ont été compilés dans un rapport, avec la collaboration de l’organisation Via Campesina.
« Combien de morts supplémentaires faudra-t-il avant de réguler le pouvoir des multinationales ? […] Il faut lire ce document pour découvrir les milliers d’histoires de témoins qui n’ont pas pu venir jusqu’ici. » (Tchenna Maso, MAB)
Cet événement a duré toute la semaine et a rassemblé 200 organisations du monde entier. La campagne vise à mettre un terme à l’impunité des multinationales. De plus, les rassemblements place des Nations entendaient mettre la pression sur les participants aux discussions. Il s’agit d’accentuer la lutte contre les multinationales et contre leur non-responsabilisation.
Certains syndicats internationaux présents à l’ONU ont dénoncé l’attitude des entreprises. La Confédération syndicale internationale (CSI), en particulier, accuse les entreprises de faire barrage à l’instrument international.
Un écho dans l’actualité politique européenne
Par ailleurs, le Brésil occupe actuellement la présidence du Mercosur (Marché commun du Sud). Au même moment, l’Union européenne négocie un accord commercial avec ce bloc. Ceci a poussé notamment l’euro-députée Molly Scott Cato à demander à la Commission européenne et au Parlement de tenir compte des droits de l’Homme et de la préservation de l’environnement dans cet accord.
Photo : Salle des Droits Humains et de l’Alliance des Civilisations du Palais des Nations, Auteur : Ludovic Courtès travail personnel, Licence CC BY-SA 3.0