Après une nouvelle mutinerie qui a fait neuf morts dans une prison de Goias (centre-ouest du pays) le 1er janvier, le site internet FranceSoir fait le point sur le système carcéral du pays, l’un des plus critiqué au monde. Avec 726 712 prisonniers décomptés en juin 2016, le Brésil se place derrière les États-Unis et la Chine dans le classement mondial des populations carcérales les plus importantes. Plus inquiétant, le pays occupe la première place du taux d’occupation des prisons, avec 197 %. Ce qui signifie que les établissements pénitenciers sont deux fois plus remplis qu’ils ne devraient l’être. Or, cette surpopulation favorise le développement d’un pouvoir parallèle.
Effectivement, en raison du manque de moyens alloués par l’État, le crime organisé s’est installé dans les prisons. Selon le directeur de l’ONG Conectas, Marco Fuchs, 75 % des établissements sont contrôlés par le crime organisé. Les trafics sont donc monnaie courante. Par exemple, dans une opération menée en 2017 visant 31 prisons qui rassemblaient près de 23 000 détenus, l’armée a saisi 10 882 armes. Conséquence, les violences et actes de barbarie commis se développent fortement. En janvier 2017, le massacre de la prison de Manaus (Amazonie) avait fait grand bruit. 56 corps avaient été retrouvés mutilés et calcinés. Le président Michel Temer avait alors annoncé pour prévenir ce genre d’incident.
Ignorance des politiques
Or, comme le montre l’épisode dans la prison de Goias, depuis un an, rien n’a changé. Le sociologue Julio Waiselfiz estime d’ailleurs que les massacres sont amenés à se reproduire tant que l’État ne prendra pas la pleine mesure de la crise de la sécurité, à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons. Bien que la thématique de la sécurité soit un thème en vogue au sein des instances politiques brésiliennes, la question du modèle carcéral reste largement ignorée des politiques. Marco Fuchs l’explique par l’impopularité de ce type de mesure, qui ne rapporte aucune voix supplémentaire.
Pourtant, il y a lieu de s’interroger quand on apprend que 40 % de la population incarcérée est en attente de jugement. Ce qui met en cause la pertinence du système judiciaire, car « les juges pensent que la seule solution est de priver les gens de liberté », toujours selon Marco Fuchs. Le fait est que très peu d’entre eux ont recours aux nouveaux moyens, comme les bracelets électroniques, qui permettraient de désengorger les établissements pénitentiaires. A l’heure actuelle néanmoins, aucune solution n’a été évoquée, bien que le problème des prisons semble bien plus important là-bas qu’en France.
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