Dans une lettre publiée sur le site de l’Instituto Humanitas Unisinos (IHU) ce jeudi 20 juillet, plusieurs organisations de défense des droits des populations indigènes dénoncent un avis rendu par l’Advocacia Geral da União (AGU), l’équivalent du Conseil d’Etat au Brésil. Cet avis, approuvé et publié au Journal Officiel par le président Michel Temer, prévoit notamment que seules les populations indigènes présentes sur leurs terres avant la promulgation de la constitution fédérale, le 5 octobre 1988, peuvent être considérées comme propriétaires. La question de la démarcation des terres dans les régions où vivent les populations indiennes est actuellement au cœur d’un vif débat à Brasilia. Elle fait d’ailleurs l’objet d’une étude de la Cour Suprême Fédérale.
L’avis a été présenté par le très controversé député Luis Carlos Heinze, très lié au lobby agroalimentaire, qui a obtenu en 2013 le titre, très honorifique, de « raciste de l’année ». Il a également incité à la violence contre les populations indigènes à qui il reproche de ne rien faire de productif sur leurs terres. L’avis rendu par l’AGU permet d’ailleurs aux gouvernements et entreprises locaux d’éviter la consultation des indigènes quant à l’élaboration d’un projet sur leur territoire. Barrages, routes et transformateurs pourraient ainsi sortir de terre sans le consentement des populations concernées directement.
Droit de réponse
L’IHU, une organisation basée à São Leopoldo (Rio Grande do Sul), qui promeut une vision humaniste, sociale et chrétienne, permet aux populations indiennes d’exprimer leur droit de réponse sur leur site. Selon ces dernières, cet avis bafoue leur droit de propriété sur leurs terres. Le marqueur temporel imposé (5 octobre 1988) intervient peu après la fin de la dictature militaire au Brésil. Or, de nombreuses communautés ont été déplacées de force durant cette période et n’avaient pas encore regagné leur lieu d’habitation historique à cette date-là.
La lettre demande aussi au Ministère Public Fédéral de suspendre l’avis de l’AGU. Enfin, elle interpelle la Cour Suprême Fédérale, afin qu’elle reconnaisse le droit constitutionnel des populations indigènes sur leurs terres. Ce qui mettrait fin à un long combat. La propriété terrienne étant toujours disputée par les grands producteurs agroalimentaires et miniers. Au Brésil, les droits des minorités indiennes sont donc toujours plus menacés.
Image: Mobilização Nacional Indígena, by Mídia NINJA, CC BY-SA 2.0