Le Cameroun est une mosaïque de groupes religieux. Les villes camerounaises n’échappent pas à cette réalité. Alors que la constitution du pays consacre la laïcité de l’Etat, garantissant sa neutralité et son indépendance vis-à-vis de toutes les religions, la liberté de culte et le libre exercice de sa pratique par les citoyens, les mouvements religieux tendent à renforcer leur présence dans l’espace public. La gestion de la diversité religieuse devient donc un défi pour les administrateurs locaux.
L’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) a publié une étude de cas titrée : « Gouvernance locale et fait religieux au Cameroun, le cas de la ville de Foumban ». Parue dans le 10ème numéro de la revue Raisonnance de l’AIMF éditée sous le titre « Gouvernance et Complémentarités : le vrai visage de la confiance », cette étude fait une cartographie des mouvements religieux et interreligieux dans la ville de Foumban, analyse les rapports entre la ville et les mouvements religieux et interreligieux qui se manifestent en son sein, puis propose des pistes de réflexion pour une meilleure prise en compte de la diversité religieuse dans la gestion de la ville.
Pluralisme religieux et mouvements interreligieux à Foumban
La ville de Foumban abrite musulmans majoritaires, chrétiens catholiques et protestants, mais aussi églises pentecôtistes dites « de réveil » et les témoins Jéhovah. Les initiatives de coopération et de dialogue interreligieux mises en œuvre par des associations et ONG rapprochent un certain nombre de croyants et leaders de ces communautés de fois pour contrer la fragmentation croissante de la société. Au sein des communautés prises individuellement, se développent aussi des rencontres théologiques et œcuméniques.
Le rapprochement entre ces différentes communautés de foi permet de déconstruire les préjugés et reconstruire la confiance entre les croyants des différentes chapelles par une éducation à la tolérance, au respect de la diversité et des minorités.
Des rapports de confiance entre la ville et les mouvements religieux face à la montée de l’extrémisme à Foumban
Selon l’étude proposée par l’AIMF, « dans la ville de Foumban, les communautés religieuses servent de canaux de communication entre l’administration locale et les populations ». L’administration locale accompagne aussi les communautés religieuses dans l’organisation des manifestations religieuses et interreligieuses. Les leaders religieux à leur tour honorent régulièrement les invitations que leur adresse le maire de la ville dans le cadre de la promotion de la communication et la coopération interculturelles. Cette interaction entre l’administration locale et les mouvements religieux est confrontrée à un certain nombre de défis :
- La menace terroriste et la montée l’extrémisme religieux : « les exactions du groupe Boko Haram et le conflit centrafricain ont fragilisé les relations entre les communautés religieuses au Cameroun » ;
- La politisation du fait religieux ;
- L’insuffisance de ressources humaines et financières au sein de la collectivité;
- Les défis de pérennisation des acquis des initiatives interreligieuses qui se basent presqu’exclusivement sur des rencontres ponctuelles.
Comment faire des villes camerounaises des espaces plus inclusifs au regard de la diversité religieuse de ce pays ?
L’article publié par l’AIMF propose des réformes politiques au niveau national pour transférer davantage de compétences aux collectivités territoriales décentralisées et encourager une meilleure inclusion.
Aussi, au niveau local, des réaménagements administratifs et opérationnels sont nécessaires. Le renforcement de la coopération avec les associations et ONG de promotion du dialogue et de la coopération interreligieux permettra de renforcer les capacités du personnel des communes et l’actualisation des approches d’intervention.
Image : Foumban Market, Cameroon 2007, By Elin B., Flickr, CC BY 2.0.