Les remous politiques et sociaux qui ont débutés depuis octobre 2016 dans les régions du Nord-ouest et Sud-ouest du Cameroun ont mis en lumière le profond malaise de la minorité linguistique anglophone. Les membres de cette communauté se plaignent d’être traités comme des citoyens de seconde zone, pourtant leur région abrite une somme important des ressources vitales pour l’économie camerounaise (pétroles, produit agricoles). Ce sentiment d’injustice sociale se superpose au sentiment d’exclusion dans un pays où l’hégémonie francophone s’affirme dans tous les secteurs et institutions.
Cependant dans une « dictature soft » où l’espace des libertés reste faiblement aménagé, l’expression publique du malaise en zone anglophone a entrainé une vague de répression qui a couté vie à quelques manifestants et privé de liberté les figures de proue de la contestation. Un durcissement de ton qui a atténué les mouvements d’humeur, mais renforcé la fracture entre la partie anglophone et le reste du pays. Mais ce qui se joue aujourd’hui, c’est moins une lutte d’émancipation de la minorité anglophone vis-à-vis de la majorité francophone qu’un rejet d’une élite qui accapare le pouvoir depuis des décennies.
Image : Foumban, Cameroon, By Edouard Tamba