Les reculs démocratiques et la détérioration de l’environnement sécuritaire dans les différents pays d’Afrique Centrale ont entrainé un retour en force de l’Église catholique dans le champ politique.
C’est le constat que fait le Père Bernard Ugeux, dans une tribune publiée par Urbi & Orbi Africa, un site francophone sous la responsabilité éditoriale du journal La Croix, dédié à l’actualité religieuse du continent africain.
Sur le terrain politique, l’institution religieuse est aux premières loges dans les négociations entre forces politiques afin de rouvrir les voies du dialogue et apaiser les tensions. Devant la répression des mouvements pacifiques, elle a pris fait et cause pour la société civile. Elle offre ses bons offices dans les foyers de crise tout en condamnant publiquement la partie dont les agissements hypothéqueraient les chances d’un rétablissement de la paix. Au Cameroun, en RDC, Au Congo, en RCA, l’épiscopat n’hésite plus à interpeller les pouvoirs publics et les groupes politico-militaires sur leurs pratiques liberticides, autocratiques ou guerrières qui sapent les fondements de la paix dans leur pays.
Cette intrusion dans l’espace politique, qui n’est pas nouvelle pour ceux qui connaissent l’histoire du continent, ne vise pas à soutenir tel ou tel autre camp engagé dans la compétition politique. Elle s’explique en grande partie par la volonté de l’Église catholique d’œuvrer pour la paix et la stabilité des États en s’attaquant aux ressorts politiques, sociaux et économiques qui déterminent les conflits et les troubles sociaux dans la région.
Ce que ne démentent pas les chiffres sur les actions sociales de l’Église catholique en Afrique subsaharienne : 12 000 institutions hospitalières et sociales bâties par l’Église catholique soulagent les souffrances humaines selon le Père et anthropologue camerounais Ludovic Lado. « En 2016, 1 700 000 enfants fréquentaient ses écoles maternelles, 6 000 000 ses écoles secondaires et 150 000 ses universités ». Des chiffres qui placent cette institution en deuxième position, directement derrière l’État, dans la délivrance des services de base.
Son engagement social qui va de pair avec son implication croissante dans la vie politique des états d’Afrique Centrale confrontés à de nombreux défis sécuritaires, fait de cette illustre institution une force qui compte dans le jeu politique.
Image : By VinnyCiro, CC0 Public Domain