Situé à l’intersection entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, le Cameroun est sérieusement affecté par les conflits en cours dans ces régions. La recrudescence des attaques des milices armées en République centrafricaine à l’Est et l’activité du groupe terroriste Boko Haram dans la région du lac Tchad, au Nord, ont entraîné des mouvements importants de populations fuyant les zones de conflits. La conséquence de ces mouvements a été un afflux massif de réfugiés nigérians, centrafricains et tchadiens sur le sol camerounais.
Le Cameroun, terre d’accueil des réfugiés face à une crise prolongée
Le Cameroun a toujours été un pays d’accueil des réfugiés de diverses nationalités. Entre 2013 et 2016, le nombre de personnes sous la compétence du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) est passé de 123 090 à 595 935. Ce chiffre représente à la fois le nombre de réfugiés centrafricains, nigérians, tchadiens et quelques autres nationalités, ainsi que les déplacés internes camerounais, fuyant les attaques de Boko Haram dans la région de l’extrême–Nord du Cameroun.
Au 31 mai 2018, le HCR recensait sur le sol camerounais 358 438 réfugiés répartis selon le tableau ci-dessous :
Pays d’origine | Population de réfugiés sur le sol camerounais |
République centrafricaine | 258 779 |
Nigeria | 96 367 |
Tchad | 1 541 |
Rwanda | 859 |
République démocratique du Congo | 529 |
Autres | 94 |
Soudan | 83 |
Côte d’ivoire | 68 |
Burundi | 66 |
Congo | 52 |
Total | 358 438 |
Source : UNHCR
Alors que les opérations de rapatriements volontaires de réfugiés ont été amorcées au début de l’année 2018, l’UNHCR signale un nouvel afflux de réfugiés sur le sol camerounais en raison des récentes vagues de violences dans les pays voisins. Ce regain de violence est un signe qui atteste que l’environnement au sein des pays de départ des réfugiés n’est pas propice à leur retour. La présence des réfugiés sur le sol Camerounais devient ainsi une crise d’accueil prolongée.
Un environnement de protection de plus en plus difficile
D’après le plan opérationnel de l’UNHCR pour l’année 2018, l’organisation s’attend à ce que l’environnement de protection pour les réfugiés au Cameroun devienne plus difficile. Les raisons de ce positionnement sont multiples :
- Les débordements et l’insécurité croissante dans les zones frontalières en raison des conflits qui persistent en République centrafricaine et au Nigeria.
- Les risques de tensions politiques autour des prochaines élections.
- La pression démographique croissante sur les ressources naturelles et les services sociaux et la compétition qu’elle peut engendrer entre réfugiés et communautés d’accueil représentent un risque pour la cohabitation pacifique.
- La naissance d’un nouveau défi : celui de la gestion de la situation des déplacés internes occasionnée par les conflits armés dans les régions du Nord–Ouest et du Sud–Ouest.
- Face à la croissance des besoins pour la protection des réfugiés, les financements se raréfient : le déficit budgétaire de l’UNHCR a dépassé les 55 % en 2015. Pour l’année 2018, les besoins de l’organisation sont estimés à 86,7 millions de dollars. En date du 5 juin 2018, seuls 18 % de ce montant ont été collectés, soit 15,6 millions de dollars.
Intégration des réfugiés et conflits inter communautaires autour de l’exploitation des ressources
La politique de cantonnement des réfugiés pratiquée par le gouvernement Camerounais restreint l’accès des réfugiés au territoire. Les populations de réfugiés restent circonscrites pour la plupart dans les régions frontalières. Ils sont soit regroupés au sein des camps de réfugiés, soit au sein des villages érigés en communautés d’accueil. La question des réfugiés oppose plusieurs opinions au Cameroun. D’une part nous avons les organisations de la société civile qui telles que Trauma Centre Cameroun (TCC) et le Service National Justice et Paix (SNJP) qui s’activent pour apporter une réponse à la vulnérabilité des réfugiés en changeant la situation de précarité dans laquelle ils vivent et sensibiliser les communautés d’accueil pour prévenir les conflits inter communautaires. face à ces organisations, on retrouve une autre groupe au sein des communautés d’accueil qui souligne que ces communautés devraient recevoir des compensations sur ce qu’elles ont perdu en accueillant les réfugiés plus nombreux que les populations autochtones dans les villages hôtes.
Image : USAID, Nigerian refugees in Minawao Camp, Cameroon, Flickr , CC BY-NC 2.0