Le christianisme qui domine le paysage religieux camerounais – plus de 60 % des croyants – est partagé entre catholiques, orthodoxes et protestants. Arrivés au Cameroun grâce à l’œuvre des missionnaires afro-jamaïcains, les protestants se sont majoritairement organisés en communautés pentecôtistes, baptistes, presbytériennes, luthériennes et évangéliques.
Cette dernière incarnée par l’Église Évangélique du Cameroun (EEC), l’une des plus importantes églises protestante, est secouée par de fortes tensions sur fond de fond compétition ethnique pour le contrôle du leadership de l’institution.
L’Eglise évangélique reste largement dominée par trois grandes communautés ethniques, Sawa, Bamiléké et Bamoun, malgré sa présence sur tout l’étendue de territoire national. Un principe de collégialité et de rotation organise la gestion et la passation de pouvoir au sein de l’institution religieuse entre les principales composantes sociologiques, qui par ailleurs se définissent comme des héritiers légitimes, pour avoir accordé leur hospitalité aux premiers missionnaires qui arrivèrent à partir du littoral camerounais.
L’élection du nouveau président de l’institution lors du synode du 22 avril 2017 a ressuscité de vieilles rancœurs ethniques, entraînant le schisme de la communauté ethnique Sawa qui conteste jusqu’à présent sa légitimité. Les querelles ethniques au sein l’église évangélique illustrent parfaitement les prétentions tribales que l’on retrouve dans l’ensemble des autres institutions du Cameroun, y compris le pouvoir central.
Dans un pays multiethnique comme le Cameroun (plus de 250 ethnies), le maintien d’un certain équilibre entre les différentes entités ethno-régionales est un enjeu crucial pour la stabilité des institutions.
Image : Eglise presbytérienne en construction dans la région du Centre, Par Eric Freyssinge — Travail personnel, CC BY-SA 4.0