Une étude canadienne, récemment publiée dans la Review of Religious Research, souligne le succès des Églises et sectes évangéliques conservatrices canadiennes. Les jeunes sont de plus en plus nombreux à les fréquenter régulièrement. C’est le cas notamment dans l’Ouest canadien : au Manitoba, à la Saskatchewan et en Alberta. En parallèle, les Églises protestantes mainline – c’est-à-dire, les Églises historiquement implantées comme l’Église Unie du Canada, les Églises anglicane, luthérienne et presbytérienne – identifiées comme libérales subissent une désaffection notable et un vieillissement de leurs assemblées. Si ce phénomène est observé depuis les années 1960-1970, l’accroissement des Églises évangéliques, plus ou moins continue depuis cette même période, s’amplifie ces dernières années.
Un cas particulier au Canada ?
Contrairement à ce que montrent les études menées précédemment sur la situation des Églises protestantes au Royaume-Uni et aux États-Unis, dans le cas canadien la théologie semble être un facteur déterminant. En effet, le discours de ces Églises, marqué par une lecture littérale de la Bible, une rigueur moralisatrice, un prosélytisme encouragé, et la centralité de l’émotion et du bien-être personnel, renforce à la fois la confiance et l’unité de la communauté. Cela séduit manifestement aussi bien en interne qu’à l’extérieur. De plus, stimulées par le désir de convertir de nouveaux membres, les Églises protestantes évangéliques conservatrices n’hésitent pas à adapter et réviser la teneur de leur service religieux.
Entre adaptation et confrontation des Églises évangéliques à la globalisation
La croissance actuelle et continue des Églises évangéliques conservatrices contraste avec le tournant séculier et libéral entrepris par le Canada dans les années 1960-1970. Elle témoigne également de la capacité des minorités évangéliques diverses (environ 10-12 % de la population canadienne) à prospérer et à porter un message spécifique qui demeure pertinent dans la société. Cependant, le conservatisme social et le fondamentalisme de ces groupes religieux minoritaires interrogent sur les stratégies d’adaptation et/ou de confrontation adoptées pour faire face aux mutations politico-religieuses contemporaines. Aujourd’hui, les membres de ces communautés se caractérisent par un militantisme et un engagement social plus marqué que dans d’autres communautés religieuses. En 2006, la victoire du Parti Conservateur du Canada, mené par Stephen Harper (Premier ministre du Canada de 2006 à 2015), a entériné une certaine convergence entre la dynamique évangélique et la redéfinition sociale conservatrice du conservatisme politique canadien, entamée dès le tournant des années 1990-2000.
Image : Lakewood Church, Joel Osteen Ministries, Inside the church, By ToBeDaniel, CC BY 3.0