Fin d’un épilogue particulièrement douloureux pour la population musulmane de la région de Québec, après plusieurs jours de découragements et d’indignation, le soulagement est grand à l’annonce de la création d’un cimetière exclusivement musulman.
Lors d’un référendum municipal, organisé le 16 juillet 2017, les citoyens autorisés à se prononcer avaient rejeté la construction d’un complexe funéraire consacré aux musulmans de la région de Québec. La consultation portait sur un changement de zonage nécessaire pour que le terrain concernée par l’offre d’achat puisse accueillir un cimetière. Mais, quelques mois après l’attentat contre une mosquée de Québec par un jeune sympathisant d’extrême droite, le rejet de ce projet, après de longues années de négociation, faisait craindre une montée des tensions dans la société québécoise.
Après quelques jours de polémique, le maire de Québec a débloqué la situation en proposant un terrain appartenant à la ville sans problème de zonage pour la construction d’un cimetière exclusivement réservé à la communauté musulmane. Le 4 août dernier, le président du Centre culturel islamique de Québec et le responsable du projet ont unanimement accepté la transaction proposée par la ville de Québec.
Cette décision – bien que prise à toute vitesse – permettra, selon le responsable par intérim du projet, de combler les besoins de la population musulmane de la région de Québec « pour 50 ans ». Le cimetière devrait ouvrir dès cet automne. Il s’agit du deuxième cimetière confessionnel musulman au Québec. Le premier se trouve à Laval, au nord de Montréal, et possède deux sections : une sunnite et l’autre chiite. Il existe également des carrés musulmans dans plusieurs cimetières du Québec.
Cette affaire est loin de faire exception au Canada. Par ailleurs, si le « droit fondamental d’enterrer ses morts » a été plusieurs fois invoqué, à aucun moment il n’a été envisagé de remettre en cause ni même de lancer une réflexion sur les pratiques actuelles, c’est à dire la gestion confessionnelle des cimetières. Dans le cas présent, c’est le respect de la liberté de religion, principe inscrit au cœur de la Charte canadienne des droits et des libertés, qui a prévalu. Un principe, si fondamental soit-il, implique toujours un dispositif légal adapté pour en garantir l’application et la pleine reconnaissance. Faut-il donc repenser ce mode de gestion à la lumière de l’évolution des croyances religieuses et des appartenances culturelles dans la société québécoise, une société toujours davantage marquée par la diversité culturelle et religieuse ? Dix ans après la publication du rapport de la Commission Bouchard-Taylor sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles, il s’agit là peut-être d’une occasion manquée pour le Québec.
Image : Mosquée Al-Omah Al-Islamiah, Montréal par Jeangagnon — Travail personnel, CC BY-SA 4.0