La publication par l’ONG Oxfam, le 10 janvier 2018, d’une nouvelle visant à informer les écoliers danois sur la pratique de la circoncision a suscité une nouvelle vague de polémique autour de la pratique religieuse particulièrement controversée au Danemark, comme le rapporte The Copenhagen Post, un journal anglophone danois.
Un débat récurrent
Une telle polémique tend à ressurgir à intervalle régulier sur le devant de la scène publique danoise. En 2014, la Société Danoise de Médecine Générale (SDMG) avait déclaré que la circoncision pratiquée à des fins religieuses constituait une forme de mutilation génitale. A nouveau en 2016, plus de 400 médecins avaient publié une tribune dans laquelle ils s’opposaient à la circoncision pour motifs religieux, considérant qu’il s’agissait d’une pratique « éthiquement inacceptable ». Au sein de ce débat public, il semblerait qu’une majorité de la population danoise se positionne en faveur d’une interdiction de la circoncision à visée non-thérapeutique. En effet, un sondage réalisé par l’institut danois Megafon a récemment révélé qu’environ 83 % des Danois considéraient que la pratique devrait être interdite. Pour autant, une majorité des partis politiques danois est opposée à toute interdiction de la circoncision pour motifs religieux.
La publication de la nouvelle a ravivé le débat public et conduit à la mobilisation d’associations opposées à la circoncision non-médicale. A l’opposé d’un objectif d’ouverture d’esprit et d’information visé par l’auteure de la nouvelle, Özlem Cekic, la publication du livre éducatif a donc attisé la polémique. Dès la publication du livre, l’extrême droite danoise a accusé Oxfam de chercher à endoctriner les jeunes élèves danois. L’association Intact Denmark, une association contre la circoncision sur les enfants, a quant à elle lancé, ce 1er février, une pétition visant à faire interdire la pratique de la circoncision sur tout garçon de moins de 18 ans. La pétition a déjà réuni plus de 18 500 signatures en une quinzaine de jours. Si elle parvient à atteindre plus de 50 000 signatures dans les 180 prochains jours, le Parlement danois sera dans l’obligation de débattre à ce sujet.
Les craintes des communautés religieuses
La communauté juive du Danemark considère la potentielle interdiction de la circoncision comme une mise en cause de la liberté religieuse. En 2016, Jair Melchior, le grand rabbin du Danemark, s’était déjà exprimé à ce sujet en considérant qu’une telle opposition à la pratique religieuse se voulait l’expression d’un non-respect des Danois à l’encontre des minorités religieuses.
La communauté juive des pays du Nord s’est récemment exprimée sur un projet de loi islandais visant à interdire la circoncision à visée religieuse sur les garçons de moins de 18 ans. En effet, la vie politique islandaise est actuellement traversée par un débat similaire à celui du Danemark. Certains partis politiques islandais se sont attelés, en ce début d’année, à la rédaction d’un projet de loi contre la circoncision non-médicale. Le 8 février 2018, dans une lettre ouverte adressée aux députés islandais, la communauté juive des pays du Nord a cherché à mettre en garde sur les risques potentiels pouvant découler d’une interdiction de cette pratique religieuse « ancestrale ». L’interdiction pourrait se révéler être un puissant « moyen de dissuasion » à l’établissement d’une communauté juive en Islande. La communauté juive considère donc le projet de loi islandais, et tout autre projet de loi similaire, comme une « attaque au judaïsme ».
Image : Yaakov Aryeh Alter, Public Domain