La promotion de la Paix au quotidien : une responsabilité partagée
Le 27 octobre 1986, le Pape Jean-Paul II réunissait des représentants des spiritualités et des religions du monde à Assise (Italie), cité de Saint François d’Assise. Trente ans après, que reste-t-il de ce beau rassemblement pour la promotion de la paix ? Comment faire vivre cet esprit universel de paix dans un État laïc ?
Le 27 octobre 1986, il convie des représentants de spiritualités et de religions du monde à Assise. Des centaines de religieux et de délégués du monde entier répondent à son appel, et ce, malgré quelques mauvaises volontés manifestes parfois dans ses propres rangs. Le cardinal Ratzinger, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi à l’époque, ne semble d’ailleurs pas être un ardent défenseur du projet.
L’objectif de la « réunion » est simple : prier pour la paix en montrant l’exemple d’une unité inter-religieuse aux masses de fidèles du monde entier, prier les uns aux côtés des autres. Une déclaration résume l’esprit de la journée : « Ayant prié séparément, nous méditerons en silence sur notre responsabilité dans le travail pour la paix. Nous manifesterons alors symboliquement notre engagement pour la paix. »
Toutefois, une limite est posée par les grandes religions du Livre, exclure tout syncrétisme. Mais, au final, chaque culte aura sa propre interprétation religieuse et spirituelle de la journée. Il restera également de cette journée un cliché désormais célèbre du Pape et du Dalaï-Lama, assis aux côtés d’autres représentants religieux.
Durant plusieurs décennies, les acquis de ce moment historique furent malheureusement peu ou pas exploités, notamment par le cardinal Ratzinger devenu Pape Benoît XVI. Et si aujourd’hui, le Pape François tente de relancer la symbolique des Rencontres inter-religieuses d’Assise, sa résonance est encore faible. Cependant, il est vrai que le monde a bien changé en trente ans.
Un état d’esprit à transposer aujourd’hui dans la sphère politique et associative
Dans un contexte tendu où les extrémismes religieux s’expriment avec violence, il convient que les leaders politiques, associatifs et religieux s’engagent dans l’apaisement des relations entre cultes et par conséquent, entre citoyens, à l’exemple de cette rencontre de 1986. L’état d’esprit des rencontres d’Assise mériterait d’être promu dans un esprit laïc et de séparation de l’État et des cultes.
L’initiative de la ville de Poissy qui a inauguré le Jardin de l’Olivier, lieu dédié à la paix et à la tolérance, le 21 septembre 2016, Journée internationale de la Paix, est à souligner. La déclaration solennelle lue par les religieux de la ville doit être un exemple pour tous : « Nous, représentants des cultes, par la création de ce lieu, par notre présence commune, avec nos différences, nous affirmons notre volonté de vivre et construire avec tous, aujourd’hui et demain, la Paix et la Fraternité. »
Cet exemple d’un engagement à l’échelle locale illustre le fait que chaque élu, autorité religieuse ou responsable associatif peut « être un tisserand qui répare le tissu déchiré du monde » selon l’expression consacrée par le philosophe Bidar Abdennour dans le respect de la République.
Image : Jardin de l’Olivier, ville de Poissy, 2016