Emmanuel Macron, bien qu’accusé par certains de « fragiliser la laïcité » en assumant vouloir réparer la « relation abîmée » entre la France et l’Eglise catholique, s’est rendu le 26 juin dernier au Vatican. Une main tendue aux catholiques, mais surtout un espoir quant au traitement des réfugiés en France.
ABC News revient sur cette rencontre exceptionnelle dans un contexte de tensions internationales liées à la présente crise migratoire, fragilisant les relations entre Etats européens et favorisant le repli sur soi, à l’instar de la nouvelle Italie de Giuseppe Conte.
Une première rencontre entre le chef de l’Etat français et le Pape
Au programme de cette entrevue : protection de l’environnement, résolution de conflits, mais surtout immigration, sujet menaçant l’unité européenne. La question de la gestion de l’immigration divise en effet les pays européens quant à la répartition des centaines de milliers de migrants fuyant conflits et pauvreté au Moyen-Orient, en Afrique ou en Asie. Le pape, qualifié de « progressiste » par Emmanuel Macron, a un message clair pour les nations européennes : il est nécessaire d’accueillir les réfugiés qu’elles peuvent intégrer, mais aussi d’ « améliorer la vie des africains plutôt que de considérer le continent comme une mane à exploiter ». Ces déclarations se sont accompagnées d’un geste : celui d’offrir au Président français la médaille de Saint Martin de Tours, ayant offert la moitié de son manteau à un pauvre car « nous le sommes tous » selon le Pape François, et la vocation des chefs d’Etat est d’« aider les pauvres ».
Plus tôt, Emmanuel Macron s’était entretenu avec des représentants de la communauté religieuse de Sant’Egidio, à l’origine de la prise en charge de réfugiés syriens en Italie. Son président, Marco Impagliazzo, soulignait alors que le problème avec la migration de masse n’était pas seulement d’accueillir mais surtout de savoir comment intégrer dans la société ceux qui rejoignent l’Europe.
Une tendance à l’ouverture de la part des catholiques français
Cette problématique de l’intégration invite à questionner la position des Français, et en particulier des catholiques, au sujet de l’immigration en France. Les 53 % de catholiques, et 26 % de pratiquants, selon l’Institut Français d’Opinion Publique (IFOP), sont-ils davantage en faveur de l’hospitalité ou du repli sur soi ?
Selon une étude réalisée en Juin 2018 par l’initiative internationale More in Common dont l’objectif est de prévenir les tentatives de repli identitaire de nos sociétés, les catholiques auraient des positions plus modérées et bienveillantes que l’ensemble des Français en matière migratoire. En effet, 61 % des catholiques sont contre la fermeture complète des frontières, soit 32 % de plus que la moyenne des Français. De même, le rapport à l’islam des catholiques a été questionné et près de la moitié estiment que leurs valeurs sont compatibles avec celles des musulmans.
Les catholiques seraient en fait divisés en plusieurs groupes. Les « multiculturalistes » et « libéraux », plus aisés et plus ouverts, et les catholiques « nationalistes », ou encore les « sécularisés », éloignés de l’Eglise et s’opposant aux migrants pour des raisons économiques. Le dernier groupe, groupe « pivot », serait selon l’IFOP en « insécurité culturelle », soit compatissant envers ceux qui souffrent mais réticent envers l’islam.
Le rôle politique du Pape dans l’acceptation des réfugiés
Finalement, ces quelques chiffres semblent indiquer que les catholiques se montrent généralement en accord avec les propos du Pape et davantage engagés en faveur des migrants que la moyenne nationale. Le Pape, personnalité des plus politique, joue alors un rôle clé dans l’acceptation de la diversité culturelle et l’accueil des populations dans le besoin, en plaçant la question de l’immigration au cœur de son pontificat.
Il semblerait donc que les opinions et actions des fidèles ainsi que du représentant de l’Eglise Catholique soient cohérentes, démontrant une réelle ouverture de la part des catholiques en France et témoignant donc du souci d’inclusion d’une grande part des Français. La mobilisation de la société civile, élément clef d’une intégration réussie, doit cependant être accompagnée de mesures fortes et inclusives de la part de l’Etat français, récemment critiqué par les associations de défense des migrants en matière d’accueil et de traitement des réfugiés.
Image : Pope Francis delivers his message in front of the General Audience of senior Government Officials and members of the Diplomatic Corps, by Benhur Arcayan, Wikimedia commons.