L’ancien gouverneur de l’Etat du Bihar, Monsieur Ram Nath Kovind, a été proclamé, jeudi 20 juillet, vainqueur de l’élection présidentielle en Inde.
Comme le rapporte cet article du Indian Express, la plupart des médias étrangers, le New York Times et le Washington Post en tête, se sont alors empressés de souligner son appartenance à la communauté des « intouchables » – ou « dalits », ce groupe « hors-caste », socialement et économiquement marginalisé, situé au plus bas de l’échelle sociale indienne. Symbole de l’intégration de ces couches marginalisées à la société indienne, l’origine de Monsieur Govind, né dans un village déshérité du Bihar et issu d’un milieu très pauvre, rajoute encore au récit de son ascension sociale.
Faire-valoir des nationalistes hindous
En réalité, Monsieur Govind est proche de la mouvance nationaliste hindoue, cette religion qui porte en elle les germes du système de caste, comme le soulignait au milieu du 20e siècle le dalit B.R. Ambedkar., converti pour cette raison au bouddhisme. Un article de la BBC souligne ainsi que si Monsieur Govind est certes un dalit, son action politique n’a jamais servi la cause de cette communauté.
Aussi, la victoire écrasante de cet ancien avocat de 71 ans, le candidat du Bharatiya Janata Party, le parti nationaliste hindou au pouvoir, renforce surtout le pouvoir du Premier Ministre Narendra Modi, comme l’explique le quotidien pakistanais Dawn . Cette manœuvre permet notamment à son parti, dont la base électorale est traditionnellement consistuée de hautes castes, de s’arroger une partie des suffrages des 200 millions de dalits que compte l’Inde en vue des législatives de 2019.
Un pouvoir limité
D’autre part, la fonction du nouveau président indien est surtout honorifique. La Constitution de l’Inde confère au président un pouvoir avant tout formel, puisqu’il est tenu de suivre les avis du Premier ministre, responsable devant le Parlement et détenteur du pouvoir exécutif avec le gouvernement. Il pourrait toutefois tenir un rôle en cas de crise politique, comme le souligne un article du Guardian.
Enfin, Monsieur Govind n’est pas le premier intouchable élu président de l’Inde. Le dalit K. R. Narayanan avait été élu à ce poste entre 1997 et 2002, et dont le mandat est loin d’avoir mis fin aux discriminations de castes, qui malgré leur abolition dans la Consitution, restent vivaces en Inde. Les dalits restent souvent cantonnés à des métiers ingrats et sont fréquemment victimes de violences, notamment dans les Etats dirigés par le parti nationaliste hindou comme le Bihar, le Rajasthan et le Gujarat.
Image : By Narendra Modi – PM Modi unveils plaques for railway bridges in Bihar, CC BY-SA 2.0