« Nous ne pouvons plus être amis, mon Dieu ne me permet pas d’être un ami avec des gens comme vous ». Cette conversation de deux étudiantes d’un lycée a eu lieu dans une ville en Indonésie ayant une réputation de tolérance.
Un article paru sur The Diplomat – un magazine d’actualité pour l’Asie Pacifique – traite du sujet du pluralisme en Indonésie aujourd’hui. L’étudiante qui a mis fin à l’amitié est une musulmane, son « ex-amie » est une chrétienne. La conversation a eu lieu dans les jours qui ont suivi la décision de la cour de mettre en prison pendant deux ans le gouverneur de la capitale indonésienne, Jakarta, accusé de blasphème. Comme le souligne Andreas Hariono, chercheur senior de Human Rights Watch, « c’est fini pour la tradition de modération de l’Indonésie … En dix ans, l’Indonésie pourrait être le Pakistan ».
L’emprisonnement d’Ahok a choqué l’Indonésie notamment ses minorités religieuses et ses musulmans sunnites modérés et pluralistes. Si un gouverneur populaire talentueux qui n’était pas corrompu – un cas rare en Indonésie – peut être abattu et emprisonné à cause de la religion, que peuvent craindre les chrétiens, les musulmans Ahmadiyya, les chiites, les bouddhistes, les hindous, les confucéens et les sunnites qui n’adhèrent pas à l’idéologie islamiste radicale?
En revanche, le Président de la République d’Indonésie, Joko Widodo, dit Jokowi, a mis en place le 7 juin dernier un commission chargée de promouvoir le Pancasila, la doctrine du pluralisme indonésien sur laquelle la gouvernance du pays est fondée. Églises d’Asie – agence de presse spécialisée dans les informations sur les questions religieuses en Asie – souligne que cette mobilisation en faveur du Pancasila intervient alors que ses valeurs sont de plus en plus menacées par l’influence croissante des groupes islamistes radicaux qui se répandent dans l’archipel.
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