Alors que la reprise de Mossoul aux mains de l’Etat islamique est imminente, le gouvernement irakien a annoncé publiquement la mise en oeuvre d’un plan de reconstruction du pays estimé à 100 milliards de dollars, prévu pour s’étaler sur une dizaine d’années.
Troisième plus grande ville après Bagdad et Bassorah, Mossoul bénéficiera tout particulièrement de ce plan de reconstruction étant donné les dommages substantiels qu’elle a subis et la valeur symbolique forte qu’elle a acquise durant ce conflit, l’Etat islamique y ayant notamment installé sa capitale.
Au-delà de l’aspect matériel et symbolique de la reconstruction de Mossoul, l’importance accordée à cette ville tient également à l’importance des valeurs de tolérance et de coexistence que les autorités irakiennes veulent insuffler aux projets de reconstruction. Ces dernières craignent en effet l’influence que l’Etat islamique a pu avoir sur les populations ayant vécu sous son joug en matière de communautarisme, de sectarisme et d’intolérance.
Les enfants inquiètent particulièrement les autorités : embrigadés par Daech, les jeunes Irakiens ont été soumis à l’influence quotidienne de la rhétorique extrémiste de l’Etat islamique. Hossam al-Ayyar, un membre du Conseil provincial de Nineveh (dont Mossoul est la capitale régionale), rappelait ainsi l’urgence « d’empêcher l’émergence d’une génération inspirée par la culture de la haine ».
Afin de contrer l’influence de Daech, le plan de reconstruction mettra l’accent sur des programmes religieux et culturels qui seront mis en application au sein des mosquées, des églises et des écoles, afin de consolider les « valeurs de coexistence, de modération et afin de promouvoir la vie en communauté et la culture de la paix, de la liberté de religion, et du respect des droits des autres », selon al-Ayyar.
Pour les membres du Conseil provincial de Ninveveh, cette étape est fondamenale pour apporter la paix aux Mossouliotes, dont la population était historiquement composée de musulmans arabes sunnites et chiites, de Kurdes, de chrétiens et de Turkmènes. Ils estiment ainsi que résintaurer les valeurs de coexistence et de tolérance vis-à-vis des croyances d’autrui est essentielle pour qu’une idéologie comme celle de Daech ne puisse plus, à nouveau, se répandre.
Mossoul sera la principale bénéficiaire de la première phase du plan de reconstruction, prévue pour durer de 2018 à 2022 ; la seconde phase débutera en 2023 et se terminera en 2028.
Image : Un humvee irakien en position dans une rue en ruines de Mossoul, By Mstyslav Chernov