Malgré les appels répétés à l’unité du Patriarche de l’Eglise catholique chaldéenne Louis Raphaël Ier Sako, les chrétiens d’Irak restent profondément divisés sur leur place en Irak une fois l’Etat islamique défait.
En effet, l’intervention de l’armée irakienne dans différentes parties du territoire kurde et notamment à Kirkouk, à la suite du référendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien, a créé une certaine incertitude chez les chrétiens. Une large part d’entre eux réside dans des territoires contrôlés par le Gouvernement régional du Kurdistan. Après avoir particulièrement souffert du conflit avec l’Etat islamique, la crainte de futurs affrontements entre peshmergas et soldats irakiens a conduit un certain de nombre de chrétiens à envisager de fuir le pays.
Chrétiens d’Irak : la triple fracture
Globalement, les chrétiens sont divisés en trois positions vis-à-vis de leur avenir en Irak et du référendum sur l’indépendance du Kurdistan.
Premièrement, il y a la position des Brigades de Babylone, dont Ryan Chaldean est le chef, et qui prône un rapprochement avec les chiites et le gouvernement fédéral irakien. Cette position est celle d’un Irak uni et s’oppose à l’indépendance du Kurdistan.
La deuxième position est celle des sécessionnistes, favorables à un Etat kurde indépendant qu’ils rejoindraient. Cette position est principalement soutenue par les Assyriens et les Syriaques, et notamment le Conseil populaire des Assyro-Chaldéen-Syriaques. Pour eux, si le Kurdistan ne parvient pas à acquérir son indépendance, il faudra alors défendre l’idée de la création d’une « province chrétienne » qui inclurait la plaine de Ninive, à condition que celles-ci reste contrôlée par le Gouvernement régional du Kurdistan.
La troisième position, enfin, est plus pondérée et appelle à ce que les chrétiens dispose d’un statut spécial au sein d’un Irak fédéral, que soutiendrait la communauté internationale. C’est cette position que défend notamment le Patriarche Sako.
Les minorités irakiennes, manne électorale
Les chrétiens sont une minorité précieuse politiquement, car attirant l’attention de l’étranger et notamment des pays dits « développés ». Le député chrétien Joseph Saliwa déclarait ainsi que la création d’une province chrétienne regroupant d’autres minorités comme les Yézidis et les Shabaks sous la bénédiction de la communauté internationale instaurerait une province prospère, qui deviendrait un modèle de développement économique pour l’Irak.
Environ 450 000 chrétiens vivent en Irak, principalement dans les régions kurdes de Dohuk et Erbil, ainsi que dans la plaine de Ninive. Un grand nombre de chrétiens a voté lors du référendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien, tant parce qu’ils y habitent que par attachement, nombre d’entre eux y ayant trouvé refuge lors des persécutions commises par l’Etat islamique à leur encontre.
Image : La cathédrale chaldéenne Notre Dame des Douleurs, à Bagdad, By Aziz1005, Wikimedia, Own work, CC BY-SA 4.0