Le 14 septembre 2017, une nouvelle école primaire, financée par l’Iran, a été inaugurée à Bartella, à l’Est de Mossoul, capitale de la province de Ninive (Nord du pays). La ville de Bartella a été reprise par l’armée irakienne à Daech en octobre 2016, mettant fin à deux ans d’occupation par le groupe terroriste. Presque intégralement détruite par les combats, rendant difficile le retour de ses habitants après sa libération, la reconstruction de la ville et l’inauguration de cette école envoient donc un message fort.
Le souvenir de la guerre Iran-Irak demeure
Toutefois, cette nouvelle école n’a pas créé l’unanimité, ou en tous cas le nom qui lui a été donné : en effet, celle-ci a été baptisée « Imam Khomeini », du nom du chef de la révolution iranienne de 1979, l’Ayatollah Ruhollah Khomeini. Pour beaucoup de sunnites, notamment dans la province de Ninive, ce nom leur rappelle la guerre les ayant opposé à l’Iran révolutionnaire, engendrant un conflit long de huit ans (1980-1988) et causant la mort de centaines de milliers de personnes, sans parvenir à faire émerger de véritable vainqueur.
Cette nouvelle école financée par l’Iran apparaît donc comme un affront pour la population sunnite locale, pour qui cette démarche s’inscrit dans une stratégie globale d’accroissement de l’influence iranienne à travers le pays, comme tendraient à le montrer le nombre croissant d’affiches de Khomeini dans les rues de Bagdad par exemple, ou encore le baptême d’un certain nombre de rues/routes/etc. du nom du chef de la révolution iranienne.
Rejet de l’autorité d’un « clergé » musulman
L’école est composée de douze salles de cours, toutes portant le nom d’un des douze imams du chiisme duodécimain. Un organe de presse iranien, Al Alam, a par ailleurs ajouté que des cours de « sciences islamiques » seraient donnés aux élèves afin de diffuser l’idéologie de Khomeini.
Pour beaucoup, cette idéologie est porteuse des gênes du virus Daech : elle prône la doctrine du velayat-e-faqih, c’est-à-dire la tutelle que doit exercer sur la communauté un personnage issu du clergé musulman. Autrement dit, pouvoir religieux et pouvoir politique ne forment qu’un seul et même pouvoir, comme Daech l’a pratiqué dans les territoires occupés.
Des élus locaux, des membres de milices locales se sont mobilisés afin de débaptiser l’école, proposant par exemple de la nommer d’après le nom d’un soldat irakien tombé au champ d’honneur. Leurs revendications sont pour le moment restées lettres mortes. Le Ministère de l’Éducation irakien fait la sourde oreille et prétend ne pas être au courant du nom choisi pour cette nouvelle école, malgré l’importante couverture médiatique dont il a fait l’objet.
Image : De jeunes écoliers irakiens en 2006. By U.S. Air Force photo/Master Sgt. Mike Buytas