Au mois de mai 2017, aux États-Unis, la Commission sur la liberté religieuse internationale a publié un rapport intitulé « Wilting in the kurdish sun », sur le respect des libertés religieuses dans la région du Gouvernement régional du Kurdistan irakien, région autonome qui dispose ainsi de son propre gouvernement et de son propre parlement, aux côtés du gouvernement de Bagdad. Cette enquête a été établie par des chercheurs de la Commission, sur une période de recherche allant du mois de mai au mois d’août 2016. Une recherche sur le terrain a par ailleurs été menée sur place au mois de juillet 2016.
Le rapport reste prudent et ne dénonce pas de violation ou de persécution systématiques à l’encontre des minorités religieuses dans la région, mais met le doigt sur des inégalités fondées sur des différences de cultes.
Au cœur de la guerre contre l’État islamique, de nombreuses minorités religieuses, telles que les yézidis, les chrétiens assyriens ou encore les turkmènes chiites, se sont réfugiées au Kurdistan irakien. Le Gouvernement régional du Kurdistan irakien a de son côté repris plusieurs territoires à l’État Islamique, tels que Bachiqa, Kirkouk et Sinjar, en entrant en compétition directe avec le gouvernement de Bagdad. Massoud Barzani, président du Gouvernement régional du Kurdistan irakien, n’a cessé de répéter aux autorités de Bagdad : « nos troupes ne se retireront pas des territoires repris à Daesh ». Le président a par ailleurs promis le 7 juin dernier la tenue d’un référendum pour l’indépendance du Kurdistan irakien, qui devrait se tenir le 25 septembre prochain.
Il est alors de bon ton de s’interroger sur l’administration de ce territoire et sur la situation des libertés religieuses dans la région, comme le fait le rapport de la Commission sur la liberté religieuse internationale.
Plusieurs décisions gouvernementales ont été prises par Massoud Barzani pour le respect des libertés religieuses au Gouvernement régional du Kurdistan irakien. Néanmoins, dans la pratique, certaines inégalités sont soulignées par le rapport. Plusieurs minorités religieuses, notamment des Yézidis et des chrétiens assyriens, se plaignent du non respect de ces politiques, se sentant exclus de la société. Ces populations font état de discriminations qui les menacent sur le long terme. Le rapport dénonce un extrémisme embryonnaire fondé sur le rejet des Kurdes non-sunnites.
Si le Kurdistan irakien devient indépendant, il devra faire face à une situation économique incertaine, des voisins hostiles et la possible montée d’un extrémisme religieux. Le rapport de la Commission sur la liberté religieuse internationale appelle alors à une grande viligance et à des réformes pour garantir les libertés religieuses dans cette région.
Image : Peshmerga, By Kurdishstruggle, CC BY 2.0