Pour la première fois, l’Iran a été frappé par deux attentats revendiqués par l’État Islamique (EI) le 7 juin dernier. Les attaques se sont passées de manière presque simultanée au Parlement et au mausolée de l’ayatollah Khomeyni. Treize personnes ont été tuées et environ quarante personnes ont été blessées. Le service des renseignements iranien a annoncé avoir empêché une troisième attaque programmée par l’EI au même moment.
Quatre des assaillants, tués pendant l’attaque, seraient originaires des provinces kurdes d’Iran. Plusieurs de ces hommes se seraient radicalisés dans des cercles wahhabites et seraient partis combattre dans les rangs de l’EI en Irak et en Syrie, avant de revenir en Iran pendant l’été 2016.
Si les représentants iraniens ne cessent de minimiser la possibilité de nouvelles attaques, plusieurs experts parlent d’une menace persistante. Adel Bakawan, sociologue franco-kurde associé à l’EHESS, estime entre 350 et 500 le nombre de Kurdes iraniens ayant rejoint les rangs de l’EI en Irak et en Syrie. Selon le sociologue, alors que l’EI perd du terrain, certains combattants seraient retournés en Iran avec pour « objectif » de frapper le pays.
Si le gouvernement iranien et Hassan Rohani, réélu le 19 mai dernier, ont fait un effort pour intégrer le sunnisme minoritaire au système politique iranien, le salafisme gagne en popularité dans les régions kurdes et baloutches grâce à un Internet et à la porosité des frontières. L’Iran est alors accusé d’avoir fermé les yeux sur la montée en puissance du salafisme et sur un phénomène de radicalisation au sein des minorités sunnites du pays.
Suite à ces événements tragiques, les autorités iraniennes multiplient les opérations antiterroristes, notamment au Nord-Ouest du pays, où se trouve la minorité kurde, et collaborent avec les services de renseignement de la région autonome du Kurdistan irakien.
Image : By Hossein Zohrehvand – Tasnim News Agency, CC BY 4.0