Le Ministre irlandais à l’Éducation et aux Compétences, Richard Burton T.D., a publié le 9 Mai 2018 une série d’amendements à l’Education (Admission to Schools) Bill de Juillet 2016, dans le cadre de son Plan d’Action pour l’Éducation. L’un des points majeurs de cette réforme est l’interdiction, pour les écoles primaires financées par des fonds publics, de choisir la religion de l’enfant comme critère d’admission. Une réforme qui avait causé déjà il y a quelques mois l’inquiétude de certains représentants irlandais de l’Église Catholique.
Lutter contre la pression du baptême
Ce nouvel amendement a pour objectif d’équilibrer la carte scolaire : jusqu’ici, un enfant athée ou d’une religion différente de celle de l’école pouvait être refusé bien qu’habitant localement. A l’inverse, un enfant habitant plus loin mais de la religion de l’école pouvait être accepté. D’après le ministre, cela amenait les parents d’un enfant athée à « ressentir la pression de faire baptiser leur enfant pour accéder à l’école la plus proche ». Ce système pose également problème auprès des religions minoritaires puisque 90 % des écoles primaires irlandaises applique un ethos catholique. C’est pourquoi cet amendement fera exception auprès des 10 % d’écoles de religions minoritaires.
Rééquilibrer les droits entre groupes religieux
D’après le Ministre, l’objectif de cet amendement est de rééquilibrer les droits de trois groupes : les familles de religions minoritaires, les familles catholiques et les familles athées. Dans un premier lieu, en faisant exception auprès des écoles de religion minoritaire, on permet aux enfants issus de ces religions d’accéder encore à l’éducation correspondant à leur foi, quelle que soit la distance qui sépare leur maison de l’école choisie. Les enfants catholiques, eux, n’auront toujours pas de difficulté à accéder à une école catholique puisque 9 sur 10 des établissements du primaires sont déjà catholiques : même s’ils sont refusés dans l’école la plus proche, il y a de fortes chances que la seconde plus proche soit également catholique. Quant aux enfants athées, leurs candidatures seront traitées sur le même pied d’égalité que celles des autres enfants.
Une déclaration bien reçue par les spécialistes des Droits de l’Homme
Le Ministre a précisé que cet amendement n’aurait en réalité d’impact que sur les écoles surpeuplées en zone urbaine. En effet, avant l’amendement, les écoles les moins demandées, souvent rurales, étaient déjà tenues d’accepter tout candidat quelle que soit sa religion, pour ne pas laisser de place vide dans les classes.
Cette déclaration a été très bien reçue par la Commission Irlandaise aux Droits de l’Homme et à l’Egalité, qui avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur cette question en 2015 et 2016. La Commissaire en Chef, Emily Logan, s’inquiétait notamment de la « barrière du baptême » et de la pression ressentie par les parents dont l’enfant n’est pas catholique. En rééquilibrant les droits, l’égalité d’accès à l’école pour tous les enfants est restaurée et permet aux parents de choisir le lieu d’enseignement.
Image : Forty-three boys, at least, in this classroom at De La Salle College, Waterford by National Library of Ireland, Flickr Commons.