Jeudi 18 octobre 2018, le Conseil de Sécurité des Nations Unies s’est réuni. A cette occasion, l’activiste israélien pour les droits de l’Homme et directeur exécutif de l’ONG B’Tselem, Hagai El-Ad, s’est exprimé en dénonçant l’occupation israélienne en Cisjordanie. Il a notamment demandé à la communauté internationale de prendre des dispositions afin d’empêcher la destruction du village de Khan al-Ahmar.
B’Teslem, une ONG israélienne qui milite pour les droits de Palestiniens
B’Tselem a été fondée en 1989 (année durant laquelle elle reçoit d’ailleurs le prix des droits de l’Homme par la fondation Carter-Menil) dans le but de dénoncer les abus israéliens et militer en faveur des droits de Palestiniens. Sa mission est donc de « documenter et informer le public et les décideurs israéliens sur les violations des droits de l’Homme dans les territoires occupés, combattre la situation de déni dominant le public israélien, et aider à créer une culture des droits de l’Homme en Israël ». L’ONG se présente comme le « centre israélien d’informations pour les droits de l’Homme dans les territoires occupés ».
Le mot « B’Tselem » signifie en hébreu « à l’image de » et correspond au verset de la Genèse 1:27 : « Et Dieu créa l’homme à Son image ». En ce sens, l’ONG rappelle la morale universelle du respect de l’Autre, en dépit de sa nationalité, sa religion, ou son sexe.
Elle informe sur différents champs d’action : l’occupation, les violences de l’armée israélienne qu’elle expose à l’aide de vidéos filmées par des Palestiniens à la Cour Suprême israélienne, la sensibilisation de la communauté internationale et la demande de sanctions. Actuellement B’Tselem est engagée dans de nombreuses villes en Israël, en Cisjordanie et à Gaza.
Khan al-Ahmar, l’exemple d’un combat
Khan al-Ahmar est un village palestinien rattaché à Jérusalem en Cisjordanie. 35 familles y vivent mais dans quelques jours, les bulldozers blindés de Tsahal (armée israélienne) menacent de le raser, n’en laissant qu’un lointain souvenir. Il se situe en effet entre deux colonies israéliennes, empêchant ainsi à Benyamin Netanyahou d’achever son projet de Grand Jérusalem. La Cour Suprême israélienne a confirmé cette décision le 5 septembre. Il est également prévu de relocaliser de force les 190 bédouins entre une décharge à ordures et le chantier d’un casseur-ferrailleur, près d’Abou Dis, à l’est de Jérusalem. Les habitants contestent ce nouveau site argumentant qu’ils ne pourront y faire paître leurs animaux, seule activité qui leur permet de vivre. Malgré cela, le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a déclaré que « Personne ne nous empêchera d’exercer notre souveraineté et notre responsabilité en tant qu’Etat ».
Dans ce contexte particulièrement houleux, le Premier Ministre de l’Autorité Palestinienne, Rami Hamdallah, a appelé les résidents à « perturber » la démolition prévue de leur village. B’Tselem a également lancé une campagne « Save Khan al-Ahmar! » et Hagai El-Ad, le chef de l’ONG, a demandé à la communauté internationale de réagir, devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, jeudi 18 octobre.
Une traîtrise du point de vue d’Israël
La réunion du Conseil de Sécurité voyait s’affronter deux figures israéliennes opposées : Hagai El-Ad et Danny Danon. Ce dernier est l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies et a toujours contribué à la défense des actions de l’Etat hébreu devant la communauté internationale. En hébreu, ce dernier a interpellé Hagai El-Ad lui disant : « Honte à vous. Honte à vous, espèce de collaborateur ». Les actions de cette ONG (ainsi que d’autres telles que Breaking the Silence) sont très vivement critiquées par le gouvernement israélien et une grande majorité des Israéliens eux-mêmes. Ces derniers considèrent que Tsahal leur permet de vivre en paix dans un Etat entouré de pays « hostiles ». Ainsi, en Israël, l’armée est comme sacrée et la critiquer revient à ne pas reconnaître le sacrifice des soldats au profit d’une population. C’est ce que la déclaration du Premier Ministre Netanyahou montre après l’intervention de Hagai El-Ad : « Alors que nos soldats se préparent à défendre la sécurité d’Israël, le directeur de B’Tselem choisit de prononcer un discours mensonger à l’ONU pour tenter d’aider les ennemis d’Israël ».
Image : Beduin school in Khan al-Ahmar, by Peter Tkac, Flickr, CC BY-SA 2.0