La soirée du 9 septembre marque le début de la fête religieuse juive de Roch Hachana, « commencement des années civiles ». Elle dure jusqu’au mardi 11 septembre dans la soirée. S’en suit une période de dix jours de pénitence dans l’attente du Grand Pardon accordé lors du Yom Kippour. Le gouvernement israélien a décidé pour ces occasions de fermer ses checkpoints avec la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Roch Hachana, Yom Kippour et Souccot : des fêtes primordiales dans la religion juive
Cinq fêtes juives sont commandées dans la Torah : Roch Hachana, Yom Kippour, Souccot (« fête des cabanes »), Pessah (« Pâques ») et Chavouot (« semaines »). Lors de Roch Hachana, les juifs célèbrent le début d’une nouvelle année. Cela marque également le début des dix jours de pénitence précédant Yom Kippour, le Grand Pardon. Pour cette première, différents rituels doivent être observés comme la lecture de prières, tremper des morceaux de pommes dans du miel ou encore déguster le « fruit nouveau » (fruit de saison qui n’a pas encore été goûté depuis que sa saison a commencé).
Le dixième jour de tishri (premier mois de l’année civile du calendrier hébraïque) correspond au Jour du Grand Pardon, considéré comme la fête la plus sainte et solennelle de la religion juive. Les thèmes du pardon et de la réconciliation caractérisent cette dernière. Il est ainsi de mise de chômer et jeûner durant 24 heures, rythmées par cinq offices de prière afin de se mettre dans les conditions d’une repentance totale.
La fête de Souccot est, quant à elle, l’une des trois fêtes de pèlerinage et l’une des plus joyeuses de la tradition juive. Elle fait référence aux 40 années de protection accordées par Dieu lors du pèlerinage des enfants d’Israël, de l’Egypte jusqu’à la Terre Sainte. La tradition veut ainsi que les juifs habitent sept jours dans des cabanes (Soucca) en souvenir de celles construites par le peuple hébreu dans le désert. Ainsi, cela signifie l’indifférence matériel et la confiance placée en Dieu.
Des fêtes d’un côté, un enfermement de l’autre
A l’occasion de ces célébrations, le gouvernement israélien a annoncé la fermeture des checkpoints et postes-frontières. La justification donnée est celle de la sécurité et la volonté de permettre aux soldats basés à ces derniers de profiter des fêtes. Ces mesures sont habituelles dans le territoire lors de grands événements (également lors de Yom Ha’atzmaut, la fête nationale). De plus, ces décisions ont été prises dans un climat de tensions accrues entre Israéliens et Palestiniens ces derniers mois. En effet, le conflit israélo-palestinien a connu de nombreux rebondissements au cours de l’année, rythmé par la décision de Trump de déplacer l’ambassade américaine à Jérusalem, par la Marche du Retour et par de nombreuses manifestations comme celle qui a éclatée à Gaza le mercredi 5 septembre engendrant la fermeture du passage d’Erez plus tôt que prévue. Le ministre de la défense israélien a déclaré à ce propos : « Après les épisodes de vandalisme auxquels nous avons assisté mardi dernier, j’ai décidé que le point de passage d’Erez restera fermé jusqu’à jeudi prochain [13 septembre]. C’est ainsi que j’agirai si des incidents similaires se produisent à l’avenir ».
Toutefois, pour des raisons humanitaires ou médicales des exceptions pourraient être faites au cas par cas.
Les conséquences de cet enfermement
Ces fermetures constituent une réelle entrave à la liberté de mouvement des Palestiniens. En effet des dizaines de milliers de Palestiniens de Cisjordanie entrent chaque jour dans l’Etat hébreu pour venir y travailler. De plus, d’autres résidents empruntent quant à eux les points de passage pour recevoir des soins médicaux en Israël. La décision de fermer les points de passage a donc de lourdes conséquences durant plusieurs semaines sur le quotidien des Palestiniens. En effet, les jours de fermeture prévus pour Roch Hachana sont au nombre de quatre en Cisjordanie et plus d’une semaine pour Gaza, pour Kippour les passages seront bloqués 24 heures, et enfin, à l’occasion de Souccot, les checkpoints n’ouvriront pas pendant une semaine à partir du 22 septembre et cela jusqu’au 1er octobre pour Gaza.
Image : Picture of Israeli checkpoint in the West Bank, just outside the Palestinian city of Ramallah. Also known as Qalandiya Checkpoint. Queued up are Palestinian women trying to travel from one Palestinian town to another, By Czech160 [Public domain], via Wikimedia Commons.