Mardi dernier, un jeune extrémiste juif, Yinon Reuveni, a été condamné à 4 ans de prison ainsi qu’à 50 000 sheckels d’amende (environ 12 500 euros) pour avoir incendié en juin 2015 un sanctuaire de l’Eglise de la Multiplication, située à Tabgha, dans le nord d’Israël. C’est dans cette église que, selon la tradition chrétienne, Jésus aurait nourrit 5 000 personnes à partir de seulement cinq pains et deux poissons. Comme le rappelle cet article du journal israélien Times of Israël, les faits reprochés à l’accusé ont causé la destruction de deux pièces du sanctuaire. En plus de l’incendie, des graffitis avaient été inscrits en hébreu biblique sur les murs, appelant à la destruction de toutes les « idoles ». Certains juifs orthodoxes considèrent en effet les représentations de prophètes et de saints dans le culte chrétien comme une forme d’idolâtrie, pratique interdite dans la Bible hébraïque. L’église était alors restée fermée pendant huit mois, le temps d’effectuer des travaux de rénovation à hauteur d’un million de shekels.
La lutte contre les extrémistes juifs en Israël
Jusqu’à très récemment, les autorités israéliennes étaient souvent critiquées pour le traitement qu’elles réservaient aux Palestiniens, en comparaison aux extrémistes israéliens. Mais depuis fin 2014-début 2015, la justice se montre beaucoup plus sévère envers les juifs ayant commis des délits ou des crimes à l’encontre de Palestiniens chrétiens ou musulmans. Loin d’avoir amélioré les conditions de détention et de jugement des prisonniers palestiniens, les autorités israéliennes appliquent désormais un traitement similaire à leurs propres citoyens : la détention administrative, qui permet de détenir un suspect pour une période de six mois renouvelable sans jugement, n’est depuis 2015 plus réservée aux Palestiniens. Yinon Reuveni a pour sa part passé un an et demi en détention, où il avait été placé en août 2015, avant de passer en jugement. Mais cette période sera déduite des quatre ans dont il a écopé.
Le premier juif israélien à avoir été placé en détention administrative était l’extrémiste Mordehaï Mayer, accusé d’avoir brûlé vif un bébé palestinien le 31 juillet 2015. Suite à ce drame qui avait choqué autant les Palestiniens que les Israéliens, le premier ministre Benyamin Netanyahou avait tenu des propos inhabituels, qualifiant l’acte de « terroriste » et appelant à une « tolérance zéro » de la part des autorités. Un an après, 13 autres personnes avaient été inculpées, soupçonnées d’avoir célébré la mort du bébé palestinien.
La nouvelle génération de l’extrémisme juif : les jeunes des collines
Malgré ces mesures destinées à envoyer un signal fort aux terroristes, mais aussi à la communauté internationale, les actes de violence contre les populations palestiniennes chrétiennes et musulmanes persistent, portés notamment par le mouvement du « Tag Mehir » (« le prix à payer » en hébreu). Récemment, ces juifs radicaux se sont même mis à attaquer l’armée israélienne, car c’est elle qui est en charge d’évacuer les colonies illégales dans lesquelles ils vivent. En réalité, ces colonies sauvages sont la plupart du temps tolérées, voire encouragées, puisque le gouvernement leur fournit eau, électricité et protection. Yinon Reuveni vivait lui même dans une de ces « implantations sauvages » illégales en territoire palestinien. Cette deuxième génération de colons radicaux, parfois appelée les « hilltop young » (« jeunes des collines ») représenterait plusieurs centaines d’individus vivant dans les colonies sauvages, en Cisjordanie.
Image : Pilgerhaus Tabgha Par Berthold Werner, Travail personnel, Domaine public