Le 25 octobre dernier, s’est tenue à Amman une série de discussion, d’exposés et de débats sur les relations entre l’Etat moderne et la religion. Les participants ont toutefois semblé être des partisans plus ou moins avoués d’une séparation entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel.
Cet évènement, qui se tenait au Centre culturel royal et qui a attiré un grand nombre d’étrangers, s’inscrivait dans le cadre des évènements visant à célébrer le rôle d’Amman comme Capitale de la culture islamique pour l’année 2017. Un article du Jordan Times, quotidien basé en Jordanie et édité par la Jordan Press Foundation, relate les principaux thèmes de cette rencontre.
Placées sous le patronage du Roi jordanien Abdullah II, les premières discussions ont débuté par une présentation de l’écrivain et conférencier marocain Abdulelah Bilqziz. Pour lui, l’Etat est la seule autorité légitime à légiférer sur les affaires quotidiennes des individus, car il est « mandaté par la société » ; plus encore, il n’est pas le produit de la société, mais en est à la source.
Hasan Musa, expert en théologie et dans les questions de minorités, s’est quant à lui exprimé sur l’intégration des minorités musulmanes en Europe. Pour lui, ces minorités bénéficient d’un statut légal favorisant une intégration positive dans la société, sans remettre en cause leur culture ou leur croyance ; ce statut légal serait rendu possible notamment par la séparation des pouvoirs temporel et spirituel.
Il ajoute également que cette ouverture d’esprit des minorités, favorable à leur intégration, serait intrinsèque à l’islam qui, par sa nature tolérante à l’égard des autres religions et ethnies, s’inscrit ainsi totalement dans le monde contemporain où l’ouverture à l’autre est une des valeurs maîtresses.
Amman a été désignée comme Capitale de la culture islamique 2017 pour plusieurs raisons : son histoire extrêmement riche, reflet du passé musulman, sa richesse culturelle, mais aussi pour son engagement en faveur d’un islam « apaisé ». En effet, la Jordanie est engagée depuis les années 1990 dans une politique très active de promotion d’un islam modéré, intellectuel, et dans la lutte contre la radicalisation religieuse. Ses actions en matière de promotion de la coexistence religieux et culturelle ont fait d’elle une pionnière en la matière dans le monde arabe.
Image : un croissant musulman, symbole de l’islam, au sommet du dôme d’une mosquée. Par Don Sniegowski, Flickr, CC BY-NC-SA 2.0