Fin septembre 2017, s’est tenu à Madaba (une trentaine de kilomètres au Sud d’Amman, sur la Route des Rois) un séminaire de deux jours sur le dialogue inter-religieux. Ce séminaire était organisé par l’Institut royal des études inter-confessionnelles (RIIFS), la délégation de l’Union européenne en Jordanie et l’ambassade italienne. Il était intitulé : « Le Prophète Moïse dans le judaïsme, le christianisme et l’islam ».
Placé sous le patronage du Prince jordanien Hassan et de Jan Figal, l’envoyé spécial de l’Union européenne pour la promotion de la liberté de religion et de croyance, ce séminaire a mis en exergue combien, malgré leurs différences si souvent répétées, les trois religions du Livre (islam, christianisme et judaïsme) partagent également de nombreux éléments.
Moïse, figure consensuelle du dialogue interreligieux
Pour Majeda Omar, directrice du RIIFS, le pluralisme est une partie du plan divin. Un dialogue inter-religieux authentique doit être précédé en premier lieu par la tolérance religieuse, qui permet l’acceptation des dissemblances et la célébration des différents chemins pris par les chrétiens, musulmans et juifs.
La tenue de ce séminaire n’est pas anodine : pour ses organisateurs, le moment choisi pour le faire est crucial, l’intolérance religieuse n’ayant jamais été aussi forte, ou du moins aussi visibles que ces dernières années. La situation géographique n’est pas insignifiante non plus : le séminaire se tient à proximité immédiate du Mont Nébo, qui occupe une place importante dans l’hagiographie de Moïse et qui est devenu un lieu de pèlerinage pour chrétiens, juifs et musulmans.
Les participants ont souligné à quel point la vie du Prophète Moïse était un modèle de relation avec Dieu, ainsi qu’un modèle de bonté et de liberté. A ce titre, l’une des conclusions de ce séminaire a été de rappeler que la vie de Moïse est un exemple parfait pour unir et faciliter le dialogue entre fidèles des trois religions abrahamiques.
Ahmad Hamzah, chercheur à l’Observatoire Al Azhar de lutte contre l’extrêmisme, a ainsi expliqué qu’il n’y avait aucune contradiction entre les mentions de Moïse dans la Torah et le Coran, mais plutôt des informations complémentaires ; le premier expliquant en détails sa vie, et le second en tirant les leçons.
Le frère Peter Madros, prêtre au patriarcat de Jérusalem, a quant à lui expliqué que « les problèmes auxquels fait face l’Occident aujourd’hui tiennent à son déni de la religion, tandis que notre problème est de l’avoir politisée, l’autorisant ainsi à avoir un impact bien plus grand sur nos vies que ce qu’elle aurait dû avoir ».
Pour les participants à ce séminaire, cet évènement n’avait pas pour but de réconcilier les différentes histoires du Prophète Moïse présentes dans les trois religions du Livre, mais plutôt de s’en servir comme d’un vecteur d’unification et, en définitive, d’unité.
Image : la Directrice de l’Institut royal des études inter-confessionnelles, Majeda Omar. Par Υπουργείο Εξωτερικών, Flickr, CC BY-SA 2.0