Le mardi 8 août, le Kenya a organisé sa cinquième élection présidentielle depuis la fin du Parti unique en 1991. Au Président sortant, Uhuru Kenyatta, était opposé l’ancien Premier ministre Raila Odinga. Trois jours plus tard, la Commission électorale a proclamé la réélection d’Uhuru Kenyatta, rassemblant 54,27% des votes.
Tensions grandissantes et violences post-électorales
A la veille de la tenue des élections, la tension grandit dans le pays. Le spectre des violences subies lors du scrutin de 2007, faisant plus 1,100 morts et 650,000 déplacés, fait resurgir des craintes quant à l’éclatement d’affrontements meurtriers, dix années plus tard. Au lendemain du scrutin, des manifestations questionnant la fiabilité de l’élection se dessinent à travers le pays. Ces mouvements se traduisent en protestations particulièrement importantes et violentes à Nairobi et Kisumu. Au total, les troubles sécuritaires et leur répression feront vingt-quatre victimes, avant que le calme ne revienne dans le pays à la fin de la semaine.
Le facteur ethnique politisé
Dans le contexte multiethnique du Kenya, territoire de plus de quarante tribus, le facteur ethnique revêt une importance particulière. En effet, les candidats jouent de cette appartenance, politisant cette ethnicité pour faire de l’identité un catalyseur des votes. Représentant deux des ethnies majoritaires du pays (Kikuyus et Luos), Kenyatta et Odinga s’appuient sur cette appartenance pour marquer leur opposition.
Cette utilisation à des fins politiques est mise en avant dans l’article de Zipporah Nyambura. La journaliste kényane écrit pour le service international de diffusion de l’Allemagne, le Deutsche Welle (DW). Elle y souligne l’ancrage historique de cette politisation de l’ethnicité, qui masque en réalité des revendications liées aux inégalités économiques et territoriales.
Image : Par BBC Kenya Roadshow, Eastleigh, 8 octobre 2008, CC BY-NC 2.0.