Alors que le Liban est considéré comme le pays stable de la région Moyen-Orient, avec la Jordanie, il semble que les libertés soient également restreintes. En matière de liberté d’expression, deux jeunes libanais se sont retrouvés la cible d’un lynchage sur les réseaux sociaux et ont dû s’expliquer au poste de police quant à des commentaires jugés blasphématoires à propos de Saint Charbel, saint patron du Liban.
Saint Charbel, ermite maronite et saint patron du Liban
Saint Charbel, né Youssef AntounMakhlouf, est un ermite maronite thaumaturge (faiseur de miracles) ayant vécu dans le nord du Liban. Béatifié en 1965 et canonisé en 1977, on lui attribue de nombreuses guérisons miraculeuses. Le monastère de Saint Maron dans la commune d’Annaya est un haut lieu de pèlerinage maronite pour chrétiens et non-chrétiens. En se moquant des faits miraculeux qui lui sont attribués, les deux jeunes se sont attirés les foudres des réseaux sociaux.
Le Centre catholique d’information, organe de censure officieux ?
Ce n’est pas la première fois que le Centre catholique d’information demande aux autorités d’intervenir dans des cas où la morale de la religion semble touchée. En 2009 déjà, un communiqué demandait l’interdiction d’un festival de rock au motif que cela pourrait « constituer, par certains aspects, une occasion dangereuse de faire circuler la culture de la mort, le suicide, la drogue et l’hostilité ».
Dans l’affaire contre le jeune qui s’est moqué du Saint, c’est le père Abou Kassam, porte-parole du Centre catholique d’information, lui-même, qui a déposé plainte. Alors qu’il est possible, au nom de la liberté d’expression, de critiquer le jeune homme, il n’est pas permis de remettre en question la figure de Saint Charbel. Les interpellations, la censure, les actes d’intimidation et les restrictions semblent de plus en plus fréquents dans le pays.
Image : Saint Maroun Church, Saint Charbel Annaya, Lebanon by Paul Saad. Flickr CC BY-NC-ND 2.0